Une douzaine de volontaires du Royaume-Uni, de Grèce, de Palestine, d’Australie, d’Espagne et d’Irlande se sont dispersés en Grèce pour préparer deux bateaux qui navigueront jusqu’à Chypre.

Le port de Gaza attend

Là, ils prendront à bord trente autres volontaires avant d’appareiller pour Gaza. Nous sommes en train de peindre les bateaux, d’ajouter des couchettes, d’apprendre à utiliser la liaison sophistiquée par satellite et de faire un millier d’autres choses nécessaires au voyage.

Parmi mes compagnons volontaires, il y a une femme de 83 ans qui a survécu à l’holocauste et qui célébrera son anniversaire à bord, une religieuse catholique de 81 ans, un responsable israélien dans le domaine des droits humains dont la participation risque de lui valoir la prison, des Palestiniens coupés de leurs familles à Gaza, des journalistes qui rendront compte du voyage en direct depuis le bateau et beaucoup d’autres encore provenant de 17 pays au moins et représentant cinq religions.

Il y a quelques jours, nous avons tous couru aux machines ATM et à nos banques pour rassembler les 20.000 dollars nécessaires à la couverture d’un transfert télégraphique en retard. Nos amis grecs avaient déjà vidé leurs comptes en banque et nos amis aux Etats-Unis nous avaient avancé 100.000 dollars. La somme de 200.000 dollars que nous avons rassemblée en deux ans a été très rapidement engloutie par l’achat des embarcations et de l’équipement électronique.

L’idée est assez simple. Avec deux bateaux nous traverserons les eaux internationales jusqu’à la Bande de Gaza sans pénétrer sur le territoire israélien ou égyptien. Comme Israël prétend qu’il n’occupe plus Gaza, pourquoi aurait-il des objections ?

Les partisans des droits humains du Mouvement Libérez Gaza estiment que le million et demi de Palestiniens de Gaza subit un siège qui ressemble aux premiers jours de celui du ghetto de Varsovie pendant la Deuxième Guerre mondiale. Très peu de personnes et aucune marchandise ne peuvent sortir et seules les fournitures d’urgence de base peuvent entrer. D’après le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU, cela ne suffit pas pour empêcher les malades de mourir ni pour prévenir les maladies chez ceux qui sont en bonne santé .

D’après le groupe, Israël et l’Egypte ont le droit de défendre et de contrôler leurs frontières et territoire, mais ils n’ont pas d’autorité sur les eaux internationales et territoriales de Gaza. Pourquoi ne pas essayer une nouvelle tactique et ouvrir un accès libre à Gaza pour soulager la population de la pression qu’elle subit, population dont plus de la moitié sont des enfants.

Bien sûr que concrétiser cette idée n’a pas été simple du tout, raison pour laquelle nous faisons marcher nos cartes de crédit à fond. Néanmoins, notre optimisme est sans limites à mesure que nos plans improbables arrivent à maturité. On nous dit que sur le rivage de Gaza, 200.000 Palestiniens, voire plus, se réuniront pour accueillir les premiers bateaux arrivant librement à Gaza depuis 1967.

Est-ce qu’Israël nous arrêtera ? Nous pensons qu’il fera la demande en apparence raisonnable d’inspecter les bateaux. Toutefois, cela consisterait à reconnaître à Israël le droit de réglementer le trafic dans un territoire sur lequel il n’a pas de souveraineté. Le groupe fera inspecter les bateaux à Chypre pour s’assurer que personne ne sabote la mission, mais il ne se soumettra pas volontairement à l’autorité israélienne en dehors du territoire israélien, même si on l’arrête de force. Il espère que dans une telle rencontre, Israël ne jugera pas utile d’attaquer un groupe de civils inoffensifs embarqués dans une aventure donquichottesque qui ouvrira la porte à une vie plus normale pour la population civile de Gaza.

Maul Larudee

The Free Gaza Movement

Traduction : amg