Le dialogue est l’unique réponse, et il y a trois voies possibles
vendredi 1er août 2008 - 14h:13
Ahmad Yousef
Cet article a été publié avant les récents attentats dans Gaza dont le Hamas a attribué la responsabilité au Fatah. L’opinion d’Ahmed Yousef est donc à replacer dans son contexte - N.d.T.
Dans un article envoyé à Ma’an, Ahmad Yousef, conseiller au Ministère des Affaires Étrangères dans le gouvernement dirigé par le Hamas dans la bande de Gaza, déclare que « l’atmosphère aujourd’hui convient plus que jamais pour lancer une campagne en faveur du dialogue national ».
Yousef explique qu’il y avait plusieurs raisons à l’origine de la situation actuelle, mais il présente aussi « la perception du danger qui s’annonce pour notre projet national » comme étant la raison principale qui pourrait conduire le Fatah et le Hamas à se rapprocher.
L’appel au dialogue lancé par Abbas le mois dernier, indique Yousif, a été bien accueilli par Ismail Hanieyh, le premier ministre dans la bande de Gaza. Il ajoute que « tout le monde attendait un signal du secrétaire général de la Ligue Arabe pour organiser ce dialogue inter-palestinien au Caire... puisque l’Egypte est le centre du Monde Arabe et a une bonne compréhension de la situation palestinienne. » L’appel n’est cependant jamais venu d’Egypte, et les deux camps ont trop longtemps attendu.
Lorsque le président Abbas a visité Damas, les Palestiniens ont espéré en vain assister à une réunion entre Abbas et Khalid Masha’al, le responsable en exil du bureau politique du Hamas. Beaucoup ont cru [qu’à cette occasion] « la glace serait brisée » et que ce serait le début des entretiens.
« Quiconque lit les communiqués de presse publiés par des officiels, » dit Yousif, peut constater qu’il y a « un souhait de procéder à une réconciliation nationale et de renforcer le front interne palestinien. »
« En tant que Palestiniens, » poursuit-il, nous devons mener « la confrontation civile avec Israël. Sur nos épaules retombe le fardeau de faire cesser la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-est. » Pour réaliser cela, dit-il, nous devons « convenir d’un programme politique. »
« Il est clair que le président Mahmoud Abbas attend pour résoudre la question des négociations bloquées [avec Israël], mais les Palestiniens voient des tentatives désespérées se succéder... [et qui n’amèneront pas] la naissance d’un état palestinien. »
Il y a trois scénarios possibles, dit Yousif, et les « Palestiniens doivent décider lequel adopter » :
1- Une séparation qui perdure entre Gaza et la Cisjordanie, qui donnera une justification à Israël pour refuser des négociations pour une solution à deux-états. Tandis que de futiles négociations se poursuivront, Israël saisira plus de terres en Cisjordanie, terminera le mur de séparation (prenant de ce fait plus de terres) et travaillera « à lier les Palestiniens de Cisjordanie à la Jordanie dans le projet d’une ?patrie de remplacement’ ».
2- L’effondrement de l’Autorité palestinienne. Ce scénario, selon Yousif, n’est pas en dehors des possibilités, et il pense qu’« Israël cherche le bon moment pour le faire appliquer. » Il estime que c’est le motif qui se trouve derrière l’augmentation récente « des invasions, des destructions d’organisations éducatives, de santé, de charité et même des organismes municipaux en Cisjordanie sous le prétexte de cibler le Hamas. »
« L’incapacité de l’Autorité basée à Ramallah à défendre ces organismes a pour effet de diminuer son autorité et la fait paraître négligeable » explique-t-il encore. A quoi servent, demande-t-il, ce gouvernement et ses forces de sécurité si elles sont incapables de protéger les civils contre Israël ?
3- Le dialogue et la réconciliation nationale : « Personne n’est en droit de dresser des obstacles sur la voie du dialogue, » dit Yousif. Il appelle ce dialogue « un besoin politique et une nécessité nationale » si on ne veut pas que soient perdues au profit de la colonisation de grandes parts de la Cisjordanie. « Ce dialogue, » dit-il, « devrait débuter sans aucune condition » et insiste sur le fait que son résultat final ne soit pas « un gagnant et un perdant, » mais un rééquilibrage des forces dans le gouvernement.
Yousef conclut en disant que « dans l’ombre des problèmes de l’état palestinien il n’y a aucune justification à empêcher le dialogue. » Ce qui est attendu du président Abbas, ajoute-t-il, c’est « de donner le signal de départ ainsi que le lieu et la date pour que commence ce dialogue. »
Le Hamas, indique Yousef, a tracé un itinéraire à suivre pour assurer le succès du projet national palestinien, et il estime qu’il reflète la vision des responsables du Fatah. Il le présente comme suit :
1- Établir une unité conceptuelle entre la Cisjordanie et la bande de Gaza.
2- Établir un système politique unifié en Cisjordanie et dans la bande de Gaza avec une seule autorité et un seul gouvernement.
3- Assurer le respect du choix démocratique en établissant fermement les « règles du jeu démocratique » et en acceptant ses résultats.
4- Respecter la direction politique palestinienne et ses composantes.
5- Respecter la loi fondamentale palestinienne et ses engagements.
6- Reconstruire les services palestiniens de sécurité proportionnellement à la représentativité des organisations représentées dans le gouvernement ; s’assurer que la formation est faite d’un point de vue professionnel.
7- S’engager à appliquer les accords de la Mecque et du Caire et le document national de conciliation
8- Insister sur le droit à la résistance tant qu’il y a occupation.
9- Restructurer l’Organisation pour la Libération de la Palestine (OLP) et la faire fonctionner sur la base d’élections libres avec la participation de toutes les organisations palestiniennes et partis indépendants à l’intérieur et à l’extérieur de la Palestine.
Pour conclure, Yousef indique qu’il est de la responsabilité d’Abbas d’appeler les parties à dialoguer, et il l’encourage à chercher l’appui de tous les pays arabes où des discussions pourraient être organisées.
Au Qatar la Ligue Arabe a trouvé une solution pour la question libanaise, nous rappelle-t-il, en estimant que l’Egypte pourrait également être à l’origine d’un tel succès diplomatique, lequel renforcerait son image au Moyen-Orient.
Yousef termine son article en indiquant qu’il attendait l’appel d’Abbas et comptait les jours jusqu’à ce que ce dialogue commence.
Du même auteur :
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24 juillet 2008 - Ma’an News Agency - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.maannews.net/en/index.ph...
[Traduction : Info-Palestine.net]