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Shalit : la saga continue

mercredi 30 juillet 2008 - 06h:37

Khaled Amayreh

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Ismail Haniyeh a assuré que le Hamas ne reviendra pas sur ses premières exigences, à savoir la libération par Israël de 1000 prisonniers palestiniens dont 450 emprisonnés à vie.

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Lors de leur rassemblement hebdomadaire devant le siège du CICR dans la ville de Gaza, des femmes palestiniennes tiennent des portraits de leurs êtres chers incarcérés en Israël - Photo : Wissam Nassar/MaanImages

Le récent et « spectaculaire » accord pour un échange de prisonniers entre Israël et le Hizbullah, qui a plongé Israël dans un état de confusion à l’échelle nationale tandis qu’un sentiment de triomphe inondait le Liban et l’ensemble du monde arabe, produit déjà ses effets sur les efforts en cours pour résoudre l’affaire Shalit.

Le Hamas, comme toutes les autres organisations palestiniennes, a réservé un très bon accueil à cet échange de prisonniers, expliquant que cela démontrait qu’Israël pourrait être disposé à libérer des prisonniers « qui ont du sang sur leurs mains » en échange de la restitution de prisonniers israéliens, que ceux-ci soient morts ou vivants.

« S’ils sont disposés à libérer des prisonniers ?avec du sang sur leurs mains’ en échange d’Israéliens morts, alors ils devraient être bien plus disposés à libérer des prisonniers identiques en échange de Shalit qui est vivant et bien portant, » a déclaré Mushir al-Masri, un député du Hamas.

Al-Masri faisait référence à la libération par Israël la semaine dernière du libanais Samir Al-Kantar qui avait tué trois Israéliens pendant une opération de guérilla il y a presque trente ans.

Jusqu’à récemment les dirigeants israéliens rappelaient régulièrement que des prisonniers Arabes ayant tué des Israéliens, même s’il s’agit de soldats et de colons paramilitaires, ne seraient libérés en aucune circonstance des prisons israéliennes.

Mais la libération d’Al-Kantar semble avoir annulé cette affirmation. (Les juifs qui assassinent sciemment et délibérément des Palestiniens innocents ne purgent pas de longues peines de prison et sont habituellement amnistiés par décret présidentiel).

Il y a plus de 10 000 prisonniers palestiniens qui languissent dans les prisons et les camps de détention israéliens, bon nombre d’entre eux étant des militants, des hommes politiques, des députés et ministres incarcérés indéfiniment sans accusation ni jugement.

Il y a aussi des centaines d’autres prisonniers, qui subissent des peines d’emprisonnement à perpétuité pour avoir tué des soldats israéliens et des colons dans le cadre des actes de résistance face à l’occupation militaire israélienne [le droit à la résistance face à l’occupation est inscrit dans le droit international].
Pour eux, le seul espoir raisonnable de liberté est un accord « réussi » pour un échange de prisonnier entre Israël et le Hamas.

Le Hamas, un mouvement de résistance sunnite, est sous une énorme pression publique pour imiter le Hizbullah chiite en termes de constance, de patience et de détermination pour obtenir [la libération] des prisons israéliennes d’autant de prisonniers palestiniens que possible en échange de Gilad Shalit, un soldat israélien capturé il y a deux ans.

Cette semaine, Ismail Haniyeh, le premier ministre du gouvernement basé à Gaza, a assuré au peuple palestinien — particulièrement aux familles et aux parents des prisonniers — que le Hamas ne reviendra pas sur ses premières exigences, à savoir la libération par Israël de 1000 prisonniers palestiniens dont 450 emprisonnés à vie.
Les dirigeants du Hamas ont tenus des propos semblables, que ce soit de l’intérieur de la Palestine ou à partir de la Diaspora, tous promettants « un accord d’échange honorable » avec Israël.

Mais le Hamas reconnait les différences fondamentales entre les situations libanaises et palestiniennes. Après tout, Israël occupe les Territoires Palestiniens et peut arrêter autant de Palestiniens qu’il veut. En effet, pas un jour ne se passe sans que les troupes israéliennes d’occupation ne pillent les villes et les villages palestiniens et n’arrêtent des militants et des personnes publiques suspectés.

Cette semaine, l’armée israélienne a pillé la ville de Naplouse pour la quatrième fois en moins de quatre semaines. Les envahisseurs ont arrêté plusieurs dirigeants municipaux et hommes politiques dont Mona Mansur, une députée islamique.

Le mari de Mansur, Jamal Mansur, un homme politique qui n’avait entretenu aucune relation avec la résistance armée contre Israël, avait été brutalement assassiné par un escadron de la mort israélien alors qu’il se trouvait dans son bureau au centre-ville il y a quelques années.

Le Hamas sait par ailleurs qu’Israël peut toujours dénoncer n’importe quel accord d’échange de prisonniers en arrêtant à nouveau une partie ou la totalité des prisonniers que le gouvernement israélien pourrait être obligé de relâcher afin d’obtenir du Hamas la libération de Shalit.

Par conséquent le Hamas se rend compte de ses limites dans sa capacité à imiter le Hizbullah. C’est pourquoi le Hamas est susceptible d’insister sur l’implication d’une tierce partie — probablement l’Egypte — pour se garantir de la déloyauté d’Israël.

Pour sa part, et en dépit de sa position de force vis-à-vis des Palestiniens, autant par l’occupation elle-même que par le grand nombre de prisonniers palestiniens qu’il détient, Israël fait face aussi à un dilemme dans ses tentatives d’obtenir la restitution de Shalit.

Israël a épuisé tous ses moyens en espionnage pour trouver le lieu d’incarcération de Shalit dans l’espoir de le libérer, probablement par une opération de commando. Presque tous les officiels israéliens de l’armée et des services de renseignement ont tiré la conclusion que si l’endroit où se trouve Shalit était découvert, n’importe quelle opération de sauvetage capoterait certainement car celui-ci serait alors tué.

Mais en dépit de la certitude que Shalit est vivant (à la différence des deux soldats rendus par le Hizbullah), Israël sait que le précédent consistant à libérer Al-Kantar en échange de « deux cercueils noirs » affaiblit sa position dans les négociations avec le Hamas.

Ajoutons à cela que la pression publique se fait de plus en plus sentir sur le faible gouvernement d’Ehud Olmert pour que soit obtenue la libération de Shalit aussitôt que possible et indépendamment du prix. Les partisans [d’un accord] justifient leur point de vue par le fait qu’Israël devrait être disposé à payer un bien plus grand prix pour récupérer un soldat israélien vivant par rapport au prix déjà payé pour les restes des deux soldats capturés par le Hizbullah.

De plus le gouvernement israélien et ses services de sécurité, et en particulier le Shin Bet, s’inquiètent du fait que la libération de tant de dirigeants palestiniens renforcerait de façon significative le Hamas et affaiblirait Mahmoud Abbas, le président [soutenu par les Etats-Unis] de l’Autorité palestinienne.

Dimanche, le cabinet israélien a consacré sa session hebdomadaire à discuter la meilleure approche pour reprendre des négociations indirectes avec le Hamas au sujet de Shalit. Après de longues discussions, le cabinet a décidé d’envoyer au Caire Ofer Dekel, le responsable du dossier de Shalit, pour de nouveaux entretiens avec Omar Suleiman, le général responsable des services égyptiens de renseignement.

Le journal israélien Haaretz a cité des ministres ayant participé à la session comme réclamant une « plus grande flexibilité dans les négociations avec le Hamas » afin de libérer Shalit. Le journal a également cité « des sources sécuritaires et politiques » comme disant que « les critères pour le choix des prisonniers devant être libérés devaient être assouplis afin de réaliser des progrès lors des entretiens. »

En attendant, on rapporte que l’ancien Président des États-Unis Jimmy Carter essayait de favoriser une avancée dans un échange possible de prisonniers entre le Hamas et Israël. Carter est censé avoir invité Israël à libérer les dizaines d’hommes politiques et députés du Hamas kidnapppés par l’armée israélienne il y a deux ans dans le but de pousser le Hamas à libérer Shalit.

La semaine dernière, Robert pastor, un des premiers conseillers de l’ancien Président des États-Unis, a visité la région et a rencontré des officiels israéliens, égyptiens et syriens afin de favoriser « un accord équilibré » entre les parties impliquées.

A son initiative, Israël libérerait plusieurs dizaienes d’otages politiques palestiniens, dont les députés du Hamas et d’anciens ministres du cabinet. En échange Shalit serait emmené en Egypte où sa famille pourrait lui rendre visite. Les négociations pour la libération pour plus de Palestiniens prisonniers pourraient ensuite se poursuivre.

Un dirigeant de haut rang du Hamas dans Gaza a déclaré à Al-Ahram Weekly que le mouvement n’accepterait jamais une telle combine, qu’il a qualifiée « de piège israélien évident ».

Du même auteur :

- Seule réponse : le silence
- Le Fatah et sa 5e colonne
- Frontière de Rafah : Abbas avocat d’Israël ?
- Et que fait-on maintenant, Abbas ?

25 juillet 2008 - Al Ahram weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2008/907...
Traduction de l’anglais : APR


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