La Bande de Gaza polluée par les eaux usées
vendredi 11 juillet 2008 - 05h:55
Diaa Hadid - AP
- En mars 2007, les eaux polluées ont inondé le village d’Um al-Nasr et ont tué six Palestiniens après la rupture d’un système d’égouts au nord de la bande de Gaza - Photo : Gallo/Getty
CAMP DE REFUGIES DE SHATI, Bande de Gaza - Conséquence du blocus imposé par Israël, les eaux usées de la ville de Gaza se déversent directement dans la Méditerranée, polluant le littoral de l’étroite bande côtière, en pleine saison de baignade estivale, et constituant une menace potentielle pour la santé des habitants.
Un an après le début du blocus imposé par Israël après la prise de contrôle du Hamas dans le territoire, le système de traitement des eaux usées est dans un état de délabrement avancé. Les rejets d’eaux usées non traitées pourraient devenir rapidement une menace grave pour la santé publique : l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déjà recommandé aux habitants d’éviter les bains de mer.
"Si les eaux usées continuent à être rejetées dans la mer à ce rythme, nous serons confrontés à un avenir sombre pour l’eau de mer à Gaza", avertit Mahmoud Daher, responsable de l’OMS. Sans compter les multiples nuisances dues au problème : une odeur pestilentielle envahit ainsi le camp de réfugiés de Shati et ses environs.
A cause du blocus, le petit territoire surpeuplé n’a pas assez de carburant pour faire fonctionner ses stations d’épuration, déjà à la peine en temps normal. Et les attaques lancées contre Israël par des activistes depuis Gaza ont également empêché les donateurs occidentaux de construire de nouveaux équipements.
Fin juin, Israël et le Hamas ont convenu d’un cessez-le-feu de six mois qui pourrait conduire à un retour à la normale des fournitures de carburant. Mais la trêve se révèle fragile et jusqu’ici pas grand-chose n’a changé sur le terrain. Reste que des chantiers critiques pourraient être rapidement menés à bien si l’accalmie s’installe véritablement.
Le rejet d’eaux usées dans la Méditerranée n’est pas nouveau dans le territoire, mais le problème s’est aggravé depuis un an. Faute de carburant, les stations d’épuration ne fonctionnent que par intermittence, et depuis janvier 40 millions de litres supplémentaires d’eaux usées partiellement traitées ont été déversés dans la mer. Une partie du littoral est fortement polluée par les déchets humains, souligne M. Daher, citant des études de l’OMS.
Dans le quartier de Cheikh Ajline, au bord du rivage, une canalisation crache son eau trouble directement dans la mer. Des enfants nagent à proximité. Selon l’OMS, la baignade dans les zones polluées pourrait provoquer diarrhées, dysenterie et hépatites, même si aucun cas n’a été signalé jusqu’à présent, précise M. Daher.
En mars 2007, un réservoir d’eaux usées surchargé s’était rompu, inondant le village d’Umm Naser et provoquant la mort par noyade de cinq personnes. Après l’accident, Israël, les Palestiniens et les donateurs internationaux avaient promis de reprendre la construction d’une autre installation pour les eaux usées. Un chantier interrompu après la victoire du Hamas aux législatives de 2006.
Après l’annonce de la récente trêve, Israël a livré 30.000 litres de carburant pour ces travaux, souligne Saadi Aly, ingénieur en chef du projet. "Il est trop tôt pour juger, mais il y a des signes positifs", reconnaît-il.
Les autorités espèrent terminer le projet avant les pluies de l’hiver, car les parois d’un grand réservoir retenant des eaux usées au-dessus de la ville densément peuplée de Jabaliya se fissurent.
En revanche, le projet de construction d’une station d’épuration de 120 millions de dollars pour la ville de Gaza est en attente. Les entreprises privées internationales refusent de s’impliquer dans ce chantier pour raisons de sécurité et par crainte de difficultés d’approvisionnement, selon la Banque mondiale.
Mais Matthias Schlund, de la banque de développement KfW, contrôlée par l’Etat allemand, souligne que son établissement est prêt à financer un projet plus modeste : agrandir l’actuelle station d’épuration de la ville, qui rejette aujourd’hui 10 millions de litres d’eaux usées non traitées chaque jour, ses équipements vétustes étant dépassés.
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10 juillet 2008 - Vous pouvez consulter cet article à :
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