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Interdiction de rentrer chez soi, même en touriste

jeudi 10 juillet 2008 - 05h:59

Juan Miguel Muñoz

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Israël interdit aux Palestiniens qui partent vivre ailleurs de revenir à Jérusalem.

Habituellement les émigrants rencontrent des problèmes dans le pays d’accueil, et on leur propose un pont d’or pour rentrer chez eux. Israël casse les habitudes. Zeina Emile Saman Ashrawi, 26 ans, palestinienne chrétienne et résidant aux Etats-Unis, le sait. A 17 ans elle a émigré en Pennsylvanie pour terminer ses études secondaires. Elle s’est mariée et vit en Virginie. Elle retournait chaque année dans sa ville natale de Jérusalem pour aller voir sa famille. Elle déteste la violence, comme sa mère, la députée Hanan Ashwari, vieille connaissance de la politique palestinienne qui s’est fait connaître à la Conférence de paix de Madrid (1991).

Cette année, sauf miracle, Zeina ne verra pas ses parents. Elle ne peut pas rentrer chez elle. Le gouvernement israélien l’a interdit. « Je ne suis pas une criminelle, ni une menace. J’ai été expulsée de chez moi. Je suis un exemple parmi d’autres », affirme Zeina.

Les arabes de Jérusalem ont uniquement une carte d’identité bleue et un document de voyage envoyés par le Ministère de l’Intérieur israélien. Zeina Ashrawi renouvelle chaque année ce papier bleu. Elle fait la queue avec son père depuis 4h30 du matin. Et elle va aussi chaque année, comme elle l’a fait en août 2007, renouveler son document de voyage à l’Ambassade d’Israël à Washington. Il n’y a pas d’autre alternative. Elle est habituée à ce « Revenez demain », mais cette fois il n’y a pas de demain, et à l’arbitraire.

Première surprise. La fonctionnaire de l’Ambassade lui a expliqué : « Je ne sais pas si nous pourrons prolonger votre document de voyage », dans lequel on spécifiait sa condition de « résident » de Jérusalem. Après quelques formalités, Zeina a reçu un appel. On lui accordait un visa. Mais un visa touristique. Avec 3 mois de validité. Cela ne lui servait à rien il y a 10 mois, car elle pensait venir en juillet 2008. Zeina a accepté son changement de statut. Au début de ce mois, elle s’est de nouveau présentée à l’Ambassade, pour obtenir le visa de touriste.

Deuxième surprise. On lui a demandé la date d’expiration de son passeport jordanien et de la carte verte américaine, document inutile pour voyager en dehors des Etats-Unis. Elle a communiqué les données par téléphone, puis les a envoyé par fax. Je leur ai fourni les documents à plusieurs reprises et j’ai pensé qu’ils voulaient gagner du temps pour que je ne puisse pas obtenir le visa à temps » a expliqué Zeina. Il ne s’agit pas de cela.

La troisième surprise était plus nette. Quelques heures après la remise des données et documents, Zeina a reçu un appel. Elle a écouté la fonctionnaire : « Votre visa a été refusé et vos pièces d’identité et de voyage ne sont plus valides. Je regrette, mais cette décision ne vient pas de moi, elle vient d’Israël ».

La mesure affecte tous les palestiniens, mais Yusef Daher, secrétaire général du Conseil mondial des églises, décrit un sombre panorama pour la communauté chrétienne de la villa sainte. « Aujourd’hui nous sommes 9000 personnes, mais cette politique israélienne provoquera une baisse de 15% de la population chrétienne », affirme t-il. « Pendant que les juifs peuvent immigrer en vertu de la Loi du Retour, y compris les convertis, les natifs de Jérusalem sont considérés comme résidents temporaires », précise Daher, alarmé par le durcissement progressif des règles. « A l’origine, être absent pendant 7 ans de Jérusalem signifiait la perte du droit de vivre dans ta propre ville. Maintenant, une preuve de résidence dans un autre pays suffit à Israël pour laminer ce droit. ».

Le déni de documents est la pointe de l’iceberg d’une politique que Hamoked (ONG israélienne dédiée à la protection des droits individuels) qualifie ouvertement de « nettoyage ethnique » et « raciste ». Le mur de béton de neuf mètres de haut qui entoure Jérusalem a transformé en supplice la vie quotidienne de dizaines de milliers de palestiniens, évincés peu à peu de la ville ; l’interdiction de regroupement familial pour des citoyens arabes-israéliens mariés à des palestiniens, et le refus de permis de construire aux voisins arabes ajoute au déracinement.

Du même auteur :

- Terroriste en free-lance
- Attaque palestinienne au c ?ur de Jérusalem
- Olmert a réussi à sauver son gouvernement au dernier moment
- Suspense à Ben Gourion : un policier israélien se suicide au passage de Sarkozy

30 juin 2008 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elpais.com/articulo/inte...
Traduction de l’espagnol : Charlotte


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