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Le blocus aggrave la malnutrition dans Gaza

vendredi 20 juin 2008 - 06h:33

Rami Almeghari - Ma’an News

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« Peux-tu imaginer que quand un de mes enfants me demande un Shekel (0,3 dollars US), je ne peux pas me permettre de le lui donner ? C’est pour cela que je me cache de mes enfants, de l’aube jusqu’à tard le soir. »

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Photo : MaanImages/Wissam Nassar

Naser Al-Batran est un père de 41 ans qui a cinq enfants et qui réside dans le centre de la Bande de Gaza. Avant, il travaillait pour une usine locale de tissage mais il s’est retrouvé sans emploi après la fermeture par Israël des déplacements et des carrefour commerciaux de Gaza, en Juin 2007.

 »La vie est devenue exécrable, vraiement exécrable, » dit-il.

Malnutrition et anémie en hausse

Le blocus économique paralysant de la Bande de Gaza a affecté les divers aspects de la vie publique dans la région côtière. Selon le Ministère de la Santé palestinien (Hamas), 70% des 1,5 millions de résidents de Gaza souffrent d’anémie, dont 44% de femmes enceintes.

La malnutrition chez les enfants palestiniens a elle aussi augmenté ces 11 derniers mois, touchant plus de 10% des enfants de Gaza de moins de 18 ans.

Une récente enquête sur la malnutrition, menée par l’organisation de santé Ard Al-Insan à Gaza City, a montré qu’environ 10,4% des foyers de Gaza City, du nord et du sud de la Bande de Gaza souffrent de malnutrition chronique avec, pour beaucoup d’entre eux, des problèmes de développement, en terme de poids et de croissance.

« L’incapacité de la majorité des foyers palestiniens à acheter les aliments de base a amplifié les problèmes de santé, » explique Dr. Adnan Abdel Aziz Al-Wahadi, le directeur du service de soins médicaux de l’organisation Ard Al-Insan à Gaza City.

« Par rapport aux fois précédentes, la demande de soins de santé et de nutrition a augmenté ces 11 derniers mois. Pour preuve, une enquête menée en 2003 indiquait que seuls 3,4% des foyers souffraient de malnutrition cette année-là, » explique Al-Wahadi.

Un grand nombre de foyers à Gaza sont actuellement incapables de s’acheter les aliments essentiels, le siège israélien de la Bande de Gaza se poursuivant avec des restrictions sur la nourriture et le fuel ; restrictions renforcées le mois dernier par le gouvernement israélien.

Cela est plus évident dans les marchés publics, tout le long de la côte, là où le poisson est considéré comme la principale source de nutrition par la population de Gaza.

Mohammd Mohareb, un marchand de poissons du marché du camp de réfugiés de Nusierat, au centre de la Bande de Gaza, se plaint de l’incapacité des habitants à acheter du poisson.

« Avant ces circonstances, j’aurais apporté cent cageots de poissons, maintenant je n’en apporte que 20 et je ne parvient toujours pas à tout vendre. Maintenant, je perd plus que je ne gagne » dit-il.

Nour Eldin Abu-Saqer, un marchand de fruits, répète la même plainte, se tenant oisif à la mi-journée sous son stand de fruits, au marché du camp de réfugiés de Maghazi, dans le centre de la Bande de Gaza.

"Ces deux derniers mois, les gens achètent encore moins de fruits, alors que déjà, les 11 derniers mois nous avons vendu moins de fruits que nous avions l’habitude d’en vendre," se plaint Abu-Saqer.

« Nous ne vendons des fruits que la première semaine de chaque mois, quand les fonctionnaires reçoivent leurs salaires, mais le reste du mois, beaucoup de nos denrées périssent à mesure que les ventes chutent. Les prix sont au-dessus du pouvoir d’achat des gens, surtout pour ceux qui n’ont pas de travail, » explique-t-il.

Pas de ressources naturelles

Le Programme Mondial Alimentaire dit que 80% des foyers de la Bande de Gaza dépendent de l’aide alimentaire internationale, le taux de chômage ayant atteint plus de 80%.

Plus de 95% du secteur industriel de Gaza, dont le textile, les fabriques de conserves, les usines de tissage et les ferronneries, ont déjà arrêté de travailler, laissant 320 000 travailleurs sans emploi.

Le mois dernier, Israël a encore réduit les livraisons de diesel, de gaz de ville et de nourriture dans la Bande de Gaza, ceci aggravant encore les conditions de vie à tel point que de nombreux automobilistes doivent prendre de l’huile de friture à la place du diesel pour continuer d’utiliser leur véhicule.

En Juin 2007, Israël a imposé la stricte fermeture des frontières de la Bande de Gaza, suite à la mainmise du Hamas islamiste sur la région et, à la même période, aux combats avec le Fatah, le parti du président palestinien Mahmoud Abbas.

« Nous sommes une société sans ressource naturelle ; la seule ressource que nous ayons est la ressource humaine, et sans nourriture ni la santé, comment sommes-nous supposés développer une nation ? » se demande Al-Wahadi.

Pour l’instant, il semble que cette question restera sans réponse.

* Rami Munir Almeghari est actuellement le collaborateur de plusieurs agences d’informations, dont Palestine Chronicle, IMEMC, The Electronic Intifada et Free Speech Radio News. Il est aussi l’ancien traducteur anglais et l’éditeur en chef de l’international press center du Service d’Information Palestinien basé à Gaza. Vous pouvez le contacter à : rami_almeghari@hotmail.com.

Du même auteur :

- S’abriter du blocus
- Gaza devient « verte » par nécessité
- Pas de vacances pour le secteur du travail à Gaza
- Un martyr vivant

4 juin 2008 - Ma’an News Agency - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.maannews.net/en/index.ph...
Traduction de l’anglais : Laura


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