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Génocide des Arméniens : entre juifs de pouvoir et juifs de vérité

lundi 2 juin 2008 - 06h:30

Larry Derfner

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Combien de temps encore Israël et son lobby à Washington vont-ils continuer avec ce mensonge ridicule et et cousu de fil blanc ? Combien de temps encore vont-ils culpabiliser le monde entier avec l’Holocauste tout en jouant le rôle de complice numéro deux de la Turquie dans la négation du génocide arménien, le numéro un étant la Maison Blanche ? Encore une fois, le Congrès a montré qu’il ne reconnaîtrait pas que l’Empire ottoman, le prédécesseur de l’État turc, a délibérément exterminé 1.5 million d’Arméniens entre 1915 et 1917. De nouveau, le président des États-Unis a effrayé le Congrès avec l’aide importante de la Ligue Anti Diffamation et d’autres organisations juives américaines de "défense". (Historiquement, c’est le Comité Juif Américain qui a dirigé les efforts du lobby d’Israël afin de faire taire le Congrès sur le génocide et sur la culpabilité de l’Empire ottoman.)

Cette fois, la raison principale invoquée est la présence des troupes américaines en Irak et en Afghanistan. Sans la coopération et la bonne volonté de la Turquie, a-t-on avancé comme argument, les USA ne seront pas capables d’acheminer armes et équipement à leurs soldats en guerre. C’est bien évidemment un motif de préoccupation sérieux - mais la Maison Blanche, Israël et le lobby israélien empêchent qu’on parle du génocide arménien depuis des décennies, alors même qu’il n’y avait aucune troupe américaine ni en Irak ni en Afghanistan. Ceci n’est pas la véritable raison.

La véritable raison est qu’en temps de guerre ou de paix, la Turquie est un allié stratégique important et un partenaire économique des USA et d’Israël, et que les USA et Israël ne veulent pas prendre le risque d’énerver cet allié, et donc, avec l’aide de l’ADL, de l’AJC et d’autres, ils imposent au Congrès le mensonge qu’il n’y a pas eu de génocide arménien. Ou s’il y a eu génocide, on ne peut pas dire clairement qui était responsable. Ou s’il est clair que c’était l’Empire ottoman le responsable, on ne sait pas clairement si la Turquie doit hériter de cette culpabilité.

"C’est aux historiens d’en décider," est la ligne institutionnelle des Israéliens et des juifs américains.

Les historiens, cependant, en ont décidé il y a longtemps. Plus de 125 historiens de la Shoah - y compris Elie Wiesel, feu Raul Hilberg, Deborah Lipstadt, Daniel Goldhagen et Yehuda Bauer - ont signé une annonce dans le New York Times demandant qu’on reconnaisse que les Turcs ottomans avait perpétré un génocide envers les Arméniens. Wiesel a témoigné au Congrès en faveur d’une telle résolution. L’association Internationale des Historiens des Génocides - qui est truffée de noms juifs - a le même point de vue sur la question, bien entendu.

ENVIRON trois historiens réputés ne sont pas d’accord. Ils sont dirigés par Bernard Lewis, qui est peut-être le premier historien de l’Islam mondialement connu, mais qui, dans le monde des historiens, est certainement le premier admirateur de la Turquie.

Il existe probablement moins d’historiens qui doutent du génocide arménien qu’il n’y a de scientifiques qui doute de l’évolution. Peut-être que nous ne devrions pas prendre de décision sur l’évolution non plus.

Un argument clé juif pour continuer cette politique du déni, est que dans le cas contraire cela pourrait mettre en danger la vie des quelque 20 000 juifs de Turquie, les dirigeants de la communauté ayant prévenu de ne pas contrarier leur gouvernement. Mais si Israël et son lobby à Washington croient réellement cela, cela revient à dire qu’ils ont condamné à mort les quelque 25 000 juifs d’Iran, n’est-ce pas ? Y a-t-il quelqu’un au gouvernement israélien, ou à l’AIPAC, qui suggère qu’on baisse le ton avec l’Iran pour préserver la sécurité des juifs d’Iran ? Donc la communauté juive de Turquie n’est pas la vraie raison du déni du génocide arménien, c’est encore une excuse.

Le seul et unique argument sincère moral de ce déni juif du génocide arménien est la dette historique du peuple juif envers la Turquie. Pendant 500 ans, jusqu’à l’époque des Nazis, la Turquie a offert un abri aux juifs fuyant les persécutions, et elle l’a fait dans un esprit accueillant.

La vérité historique ne peut être reniée, non plus. Et les juifs d’aujourd’hui sont confrontés à un lourd dilemme moral. Que les juifs reconnaissent le génocide arménien est un acte indéniable de déloyauté envers la Turquie, envers laquelle nous avons une dette non remboursable de gratitude.

Mais je ne pense pas que ce soit une déloyauté finale, je ne pense pas que ce soit une déloyauté impardonnable. Avec le temps, ce n’est pas quelque chose qui ne pourra pas être compensé par d’autres actions de gratitude des juifs ou d’Israël. Nier le génocide arménien, d’un autre côté, est une trahison impardonnable extrême, pas uniquement des Arméniens, mais de la vérité, de la décence, de l’héritage de l’Holocauste, de nous-mêmes en tant que juifs, de nous-mêmes en tant que peuple.

Qui plus est, la dette morale juive envers la Turquie, est un motif secondaire dans la campagne du déni du génocide menée par Israël et le lobby israélien. Le souci principal concerne la sécurité Israël et son économie.

Ce qui, bien sûr, est un souci légitime à 100%. La sécurité et l’économie sont les soucis principaux de toute nation, et Israël fait partie de la famille des nations. Mais la question est celle-ci : si Israël et le lobby israélien veulent défendre leurs intérêts propres, ils ne peuvent insister auprès du reste du monde pour que celui-ci agisse comme des Gentils justes. Ils ne peuvent continuer à psalmodier que "le monde est resté silencieux" pendant l’Holocauste, lorsqu’ils - les leaders du monde juifs - sont les premiers à imposer le silence sur le génocide arménien.

C’est ou l’un ou l’autre : moralité ou realpolitik. En tant que nation du monde, Israël, ainsi que son lobby à Washington, a toujours choisi la realpolitik. Ce qu’ils ne savent peut-être pas cependant, c’est que le monde à présent voit clair dans leur jeu.

Le monde ne prend pas au sérieux ce qu’un dirigeant israélien ou une haute personnalité juive américaine déclare au sujet des Six Millions, quand il voit ce même leader israélien et cette même personnalité américaine faire taire tout le monde sur les 1.5 million d’autres victimes innocentes.

Heureusement, ces politiciens ne sont pas les seules voix juives sur le génocide arménien ou sur l’Holocauste. Il y a aussi Wiesel, Lipstadt, Goldhagen, Bauer, le député Adam Schiff, Yossi Sarid et beaucoup, beaucoup d’autres. C’est soit la vérité, soit le pouvoir qui compte pour vous avant tout. Chaque juif, chaque individu fait son choix.

©Traduction C.Gardon pour le Collectif VAN - 05 novembre 2007 - [->http://www.collectifvan.org

31 octobre 2007 - Jerusalem Post - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.armenews.com/article.php...


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