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Saleh Bakri, acteur dans "Le Sel de la Mer", d’Annemarie Jacir

dimanche 25 mai 2008 - 13h:40

Juliette Bénabent - Telerama

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Comédien de théâtre palestinien, remarqué pour un second rôle dans La Visite de la fanfare, Saleh Bakri 31 ans, joue dans Le Sel de la Mer, d’Annemarie Jacir. Il y interprète Emad, un jeune Palestinien de Ramallah, qui part clandestinement avec son amie sur les traces de leurs ancêtres, privés de leurs terres à la création de l’Etat d’Israël, en 1948.

Que représente ce film pour vous ?

C’est mon premier film palestinien. Il représente la liberté, et la justice. J’ai le droit de vivre normalement, comme tout homme. Si je tombe amoureux d’une réfugiée, je devrais pouvoir facilement vivre avec elle, vivre notre amour et notre vie, fonder une famille. En faisant ce film j’ai le sentiment de reprendre une partie de mon histoire, ce qui m’a été enlevé brutalement en 1948 en étant enlevé à mes ancêtres.

Ce film est ma voix personnelle, intime, celle de ma famille, de mon village, de mon peuple. C’est la voix de tout réfugié qui veut retrouver ses droits. Je suis né à Jaffa (comme Soraya, dans le film, NDLR), qu’on appelait avant 1948 la "fiancée de la mer"... 80% en ont été détruits et le reste est occupé par des Israéliens. Aujourd’hui je vis à Haïfa.

En sortant de la projection j’ai appelé mon père (Mohamad Bakri, acteur et réalisateur, notamment de Jénine, Jénine, NDLR). Son ombre a été très lourde mais aussi très motivante pour moi, je le respecte et l’admire énormément et j’espère que Le Sel de la Mer sera à la hauteur de ses espérances et qu’i en sera aussi fier que moi.

Qu’est-ce qui vous excite le plus, et vous pèse le plus, dans votre métier d’acteur ?

J’aime les rencontres : un film rassemble les gens autour d’un projet. C’est comme à Cannes, on rencontre des gens du monde entier qui se retrouvent pour la même chose. Au théâtre j’aime le face-à-face avec le public, mais au cinéma j’aime le jeu avec la caméra, l’image, la lumière, la technologie. C’est très ludique ! Je m’amuse beaucoup. En même temps c’est aussi cet aspect que je n’aime pas : pour des raisons techniques, il faut s’asseoir de telle façon, avec ton bras dans une position absurde, juste pour la caméra. Parfois c’est très faux, très fabriqué.

De quoi vivez-vous lorsque vous ne tournez pas ?

Difficilement ! D’autant que je viens de quitter un projet de théâtre expérimental à tel Aviv, sur Mc Beth, pour divergence de vues avec le metteur en scène. Et puis je suis très sélectif, je ne tourne que dans des projets qui m’intéressent vraiment. J’ai adoré La Visite... mais sinon je ne fais pas de films israéliens.

Donc j’essaie de trouver d’autres activités, notamment l’enseignement auprès de jeunes adultes de mon village ou de Jérusalem, car il n’existe aucune formation pour les apprentis comédiens en Palestine. Et je ressens chez ces jeunes une soif incroyable pour le cinéma et la comédie...

Quel regard portez-vous sur le cinéma de votre pays ?

Il n’y a pas de production en Palestine, pas d’école de comédie, pas d’institut de cinéma. Ce qui est logique puisqu’il n’y a même pas d’Etat mais une occupation étrangère. C’est très difficile pour les cinéastes palestiniens de travailler.

Ce film-ci est très politique, il est très fort et très honnête : il montre une réalité, il parle de gens qui existent, tout ce qu’on y voit est vrai. Je suis sûr que les gens en Palestine iront voir Le Sel de la Mer, et qu’ils s’y retrouveront.

Malgré la situation, le cinéma est important partout en Palestine, dans les camps de réfugiés, en Israël, à l’étranger, comme une évasion, un rêve, une ouverture, et un espoir.

Propos recueillis par Juliette Bénabent

18 mai 2008 - Telerama - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.telerama.fr/cinema/saleh...


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