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Les exilés de Palestine commémorent, dispersés, les 60 ans de leur expulsion

lundi 19 mai 2008 - 05h:47

Juan Miguel Muñoz - El Païs

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Des dizaines de manifestations ont lieu en Cisjordanie, à Gaza, en Syrie, en Jordanie et au Liban.

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Les forces israéliennes d’occupation tirent à balles réelles sur une manifestation de jeunes Palestiniens, lesquels tentent de se mettre à couvert - Photo : Reuters

« Comment allons-nous oublier si Israël nous rappelle chaque jour notre histoire avec de nouveaux assassinats ? » Omar Suleiman Turk, 62 ans, né à Haifa et expulsé au Liban en 1948 lorsqu’il était encore bébé, avec ses parents et une soeur, donne un regard sommaire sur leur existence misérable dans le camp de réfugiés de Chatila, à Beyrouth.

« Je n’ai jamais vu un certain nombre de mes frères aînés. Je crois qu’il y en a un en Egypte. Je sais qu’un autre est mort en luttant avec l’armée jordanienne. Des autres je ne sais rien. » dit-il.

Ce n’est pas une histoire exceptionnelle. C’est courant d’entendre des histoires dramatiques dans les pays arabes qui entourent Israël, où hier les Palestiniens ont commémoré la Nabka, la catastrophe : l’exil massif de plus de 700 000 personnes de leur terre de l’ancienne Palestine puis du nouvel Etat d’Israël.

Aujourd’hui 4,5 millions de réfugiés, dispersés comme toujours, sont descendus dans la rue en dizaines de manifestations en Cisjordanie, à Gaza, dans plusieurs villes de Syrie, de Jordanie et du Liban. Des clés symbolisant les maisons dont ils ont été expulsés, des milliers de ballons noirs (1 pour chaque jour passé depuis le 15 mai 1948), des sirènes et des discours modérés comme incendiaires ont marqué cet événement en mémoire de leur tragédie, pendant que le Président des Etats-Unis, Georges W. Bush, faisait un discours au Parlement israélien sur « le terrorisme et le mal ».

« 60 ans ont passé, il est temps de mettre fin au désastre que vit le peuple palestinien », a déclaré le président palestinien Mahmud Habbas qui négocie un accord de paix, qui patauge, avec le gouvernement israélien. Les dirigeants du Hamas ont une autre opinion. « Nous ne reconnaîtrons pas Israël, nous ne reconnaîtrons pas Israël » a répété deux fois Mahmud Zahar, un des chefs islamistes de Gaza.

60 ans plus tard, le million et demi d’habitants de Gaza (occupé par l’Egypte jusqu’en 1967) vit aujourd’hui le siège brutal d’Israël, condamné par l’ensemble des organisations de Droits de l’Homme. La Cisjordanie subit une occupation militaire qui a transformé ses villes et ses villages en prisons soumises à un régime de camps. La radicalisation des jeunes générations est palpable. « Je suis de l’OLP » précise Omar Suleiman, le réfugié de Chatila, « mais la majorité des jeunes suivent le Hamas ou le Jihad Islamique ».

Si les camps de réfugiés sont sordides en Cisjordanie et à Gaza, ceux du Liban sont encore pires. Chatila, scène du massacre qui horrifia le monde en 1982, est une horreur. Ain el Helwe, près de Sidon, ville du sud Liban, est aussi un lieu insalubre.

Ce sont probablement les réfugiés palestiniens dans ce pays qui souffrent le plus. 73 professions leur sont interdites, et comme dans beaucoup de pays arabes, ils ne peuvent pas non plus obtenir la nationalité du pays qui les héberge. Pour beaucoup d’entre eux, de leur propre volonté, pour résister à la tentation d’assimilation. Quelques milliers, qui ont fui après la guerre de 1967, ne peuvent même pas sortir des camps parce qu’ils n’ont aucun papier.

On peut difficilement grandir dans la modération dans un tel contexte : un tas d’ordures nauséabondes, des bâtiments séparés par des rues d’un mètre de large et un chômage écrasant.

Du même auteur :

- Liban : l’exode continue
- Le shekel cause des ravages
- Gaza n’a plus d’essence
- Les Nations Unies ont suspendu la distribution de nourriture dans Gaza

16 mai 2008 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article à : http://www.elpais.com/articulo/inte...
Traduction de l’espagnol : Charlotte


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