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Kurdistan irakien : lourd bilan après 3 jours d’intervention turque

lundi 25 février 2008 - 07h:20

Delphine Nerbollier - Le Temps

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Trois jours après le lancement de l’opération terrestre par l’armée turque dans le nord de l’Irak contre les activistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), les informations restent confuses.

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L’armée turque a poursuivi et amplifié dimanche sa vaste opération terrestre contre les positions des séparatistes turcs du Parti des travailleurs kurdes dans les montagnes du Kurdistan irakien - Photo REUTERS/Fatih Saribas

Les zones de combat sont inaccessibles à la presse, les zones frontalières de l’Irak bouclées et la frontière actuellement fermée. Quant aux bilans, très lourds, fournis par les diverses parties, ils dressent deux tableaux très différents de la situation.

L’armée turque, tout d’abord, affirme avoir tué depuis jeudi soir 112 membres du PKK et perdu 15 de ses hommes, dont 8 dimanche. Elle a confirmé dimanche la perte d’un hélicoptère abattu par le PKK et assure avoir découvert de nombreuses caches d’armes et d’explosifs. Quant au nombre de troupes déployées dans le nord de l’Irak, aucune information officielle n’a été diffusée. Ankara a uniquement démenti les chiffres fournis par les médias, vendredi, évoquant la présence en Irak de 10000 soldats dont 3000 d’élite. Les autorités irakiennes évoquent un petit millier d’hommes.

Quelle durée ?

Hier, le journal Hürriyet évoquait une « débandade » du PKK et félicitait l’armée pour avoir pris le contrôle du camp de Cemco dans lequel ont été séquestrés en octobre dernier, durant trois semaines, huit soldats turcs. Les clichés de ces militaires posant devant le portrait du leader kurde Abdullah Öcalan avaient ébranlé la Turquie. Cette fois, c’est au tour de l’état-major de publier ses propres clichés, révélant la présence de ses soldats en haute montagne.

Si l’on en croit en revanche le PKK, organisation qualifiée de terroriste par Ankara, Bruxelles et Washington, c’est l’armée turque qui serait en difficulté avec au moins 47 soldats tués contre trois morts parmi les activistes kurdes. Selon le chef militaire, Bahoz Erdal, les combats seraient violents mais la « résistance intense ». Ce responsable kurde a menacé la Turquie de représailles urbaines et appelé « nos jeunes gens » à « rendre les villes (de Turquie) inhabitables ». Un autre chef du PKK souhaitait hier que les villes turques deviennent « l’enfer ».

Le flou règne également quant à la durée de cette opération. L’état-major affirme vouloir rester en Irak le temps « d’atteindre ses cibles » et souhaite rentrer au pays « dans les plus brefs délais ». La presse évoque une opération de quinze jours, peu crédible selon Bahoz Erdal. Celui-ci affirme que la Turquie tente « d’envahir » le Kurdistan irakien et pourrait rester plusieurs mois voire un an. Les autorités kurdes d’Irak assurent ne pas vouloir intervenir dans ces combats entre le PKK et l’armée turque mais donneront l’ordre d’intervenir en cas de pertes civiles.

Au niveau intérieur, cette opération terrestre fait quasiment l’unanimité en Turquie, notamment au sein de l’opposition. Le parti laïc kémaliste du CHP évoque une « étape importante ». « Dans une opération chirurgicale, on ne doit rien laisser à l’intérieur », a déclaré son leader, Deniz Baykal. Même jusqu’au-boutisme du côté des nationalistes du MHP, qui appellent l’armée à se déployer et à établir une zone tampon dans le nord de l’Irak. Seuls les 20 députés d’origine kurde du DTP exigent un arrêt de cette opération qui risque, selon eux, de créer le chaos dans la région.

Appel à la modération

Les médias turcs se satisfont par ailleurs du soutien implicite obtenu par Ankara de la part de la communauté internationale. L’Union européenne, bien qu’inquiète, a appelé la Turquie à la modération.

Les Etats-Unis, coincés entre deux alliés stratégiques, les Kurdes et les Turcs, ont fait part de leur « entier soutien » dans la lutte contre le terrorisme kurde, par la voix de la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice, même si, hier, son homologue de la Défense, Robert Gates, a jugé l’option militaire insuffisante. « Les mesures économiques et politiques sont réellement importantes car, passé un certain seuil, les gens deviennent insensibles aux attaques militaires », a-t-il déclaré. Le gouvernement irakien a, de son côté, haussé le ton hier, exigeant le « retrait » des troupes turques « le plus tôt possible ».

25 septembre 2008 - Le Temps - Vous pouvez consulter cet article à :
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