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Alimenter le désastre

samedi 23 février 2008 - 23h:59

Rami Almeghari - The Electronic Intifada

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À l’arrêt d’autobus de la place Palestine, au coeur si actif de la ville de Gaza, Ramadan, âgé de 25 ans, implorait les passants, « du carburant, du carburant, du carburant ! Venez et achetez-en ! »

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Récipients de carburant que Ramadan a apportés à Gaza depuis Al-Arish - Photo : Rami Almeghari

La semaine dernière Ramadan a tiré profit du percement du mur frontalier entre la bande de Gaza et l’Egypte et du bref allégement de plusieurs mois de siège, pour aller jusqu’à la ville égyptienne voisine d’Al-Arish et stocker du carburant.

« Israël a empêché l’entrée de carburant dans le territoire, aussi j’ai pris des risques et j’en ai apporté quelques volumes d’Al-Arish pour aider et être aidé, » explique Ramadan.

Mais Ramadan comme d’autres qui ont eu la même idée la semaine dernière savent à présent que les prix ne correspondent pas au pouvoir d’achat des gens, car chaque litre de combustible coûte plus d’un dollar.

Ahmad Aqel, qui vend également du carburant à Gaza, raconte : « j’avais l’habitude de travailler comme chauffeur de taxi, mais j’ai décidé de saisir l’occasion de l’ouverture de la frontière pour apporter quelques gallons de carburant et le vendre ici. »

L’activité informelle et maintenant courante d’Aqel et de Ramadan dans Gaza est une régression vers le passé, lorsque les marchands ambulants vendant du kérosène fournissaient le carburant servant dans les lampes des réfugiés à une époque où les stations service étaient peu nombreuses et très espacées les unes des autres.

Cette scène pas vraiment nostalgique dans Gaza est le résultat des coupures de carburant par Israël, une partie de la série de mesures de punition collective imposées aux plus d’1,5 million d’habitants de Gaza depuis qu’Israël a déclaré le territoire « entité ennemie » en septembre passé, prétendument en réaction aux tirs de fusées artisanales par les combattants palestiniens vers le sud d’Israël.

Les endurants chauffeurs de taxi expriment leur mécontentement par rapport au coût encore élevé du carburant amené depuis l’Egypte.

Le chauffeur de taxi Darabaih Nidal explique qu’un réservoir de 19 litres est utilisé pour l’équivalent de 90 nouveaux shekels israéliens (NIS) (soit 25 dollars US) tandis que le prix pratiqué par ces fournisseurs est à 85 NIS, ce qui signifie que le carburant venu d’Egypte ne représente pas nécessairement un avantage économique pour ces chauffeurs de taxi.

« Je suis vraiment préoccupé par le manque d’essence ; d’une part je voudrais garder une certaine quantité de carburant pour gagner ma vie mais de l’autre je ne peux pas me le permettre. Les quantités de carburant qu’Israël à récemment autorisées à l’importation sont allées aux hôpitaux ou aux groupes électrogènes dans divers services, » a noté Darabaih.

Depuis le début de cette semaine plus aucun carburant n’entre dans Gaza depuis l’Egypte, les autorités égyptiennes ayant refermé la frontière avec Gaza pour empêcher le déplacement de Gazaouites sur son territoire.

Mercredi dernier la cour suprême israélienne a ordonné que les coupures de carburant vers la bande de Gaza restent en vigueur. Le ministère israélien de la défense a décrit devant le tribunal la politique du gouvernement israélien vis-à-vis de Gaza de « guerre économique » .

Les trois juges ont déclaré que « les besoins humanitaires essentiels » seraient assurés mais ont rejeté une requête déposée par les groupes israéliens et palestiniens de défense des droits de l’homme, lesquels argumentaient en expliquant qu’il s’agissait d’une punition collective donc en opposition avec la quatrième convention de Genève.

Selon la société palestinienne basée à gaza et gérant les stations service, l’essentiel du carburant qu’Israël a laissé entrer dans Gaza la semaine dernière est allé aux opérations de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA.

Le verdict de la cour israélienne est tombé juste après l’échec du Conseil de sécurité des Nations Unies à adopter une résolution non contraignante condamnant les actions israéliennes contre Gaza en les qualifiant de mesures de punition collective.

Un projet de résolution a été saboté par les Etats-Unis, l’allié dévoué d’Israël, qui ont considéré les actions israéliennes comme relevant de l’autodéfense plutôt que de mesures punitives.

Reflétant le sentiment populaire, le professeur As’ad Abu Sharekh, un analyste politique dans la ville de Gaza, a déclaré que cela ne fera que « perpétuer la violence dans cette partie du monde, » ajoutant que cette politique « n’est pas acceptée par le peuple palestinien, les peuples arabes, le monde ou par le droit international et je pense qu’Israël doit être puni pour avoir pris une décision si stupide à l’encontre du peuple palestinien. »

Du même auteur :

- La Croix-Rouge forme les combattants dans Gaza au respect de la loi humanitaire
- Les Palestiniens manifestent contre la réunion d’Annapolis
- Planter les graines de l’indépendance
- Etre handicapée à Gaza et se donner les moyens de son autonomie

5 février 2008 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
[Traduction : AIO - Info-Palestine.net]


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