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Gaza au quotidien : après l’anniversaire

dimanche 17 février 2008 - 06h:18

Omar - Al Jazeera.net

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Mes deux filles ont eu sept ans aujourd’hui. J’avais économisé pendant des mois de sorte que leur fête d’anniversaire soit marquante.

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Les enseignants palestiniens ont noté une forte augmentation du nombre d’enfants en échec scolaire - Photo : Gallo/Getty

Les enfants très petits peuvent être dans une grande attente de ces jours de fête, donc c’est important pour mes filles - et pour moi.

J’ai invité autant de familles et amis que possible à leur fête. Mais finalement seuls quelques uns sont venus. Certains d’entre eux ne m’ont pas dit pourquoi, peut-être parce qu’ils n’ont pas voulu admettre la vérité triste - ils ne pouvaient pas se permettre de venir assister à cet événement de famille ou même d’acheter des cadeaux.

Le transport est difficile donné le coût du carburant qui est autorisé d’entrer dans Gaza à l’heure actuelle. Ceci signifie que les frais de voyage ont augmenté et beaucoup de familles, y compris la mienne, n’ont pas de carburant pour leurs voitures ou d’argent pour payer un taxi.

Néanmoins, nous avonsvécu un agréable moment. J’étais content car il y avait longtemps que nous n’avions eu un événement si heureux - il y a tant de problèmes autour de nous et si peu à célébrer.

Mes enfants étaient contents et étonnés de recevoir les bonbons et les chocolats que j’ai finalement réussi à trouver. J’ai même acheté un gâteau pour chacun d’eux. J’étais heureux, car e n’étais pas sûr que ce soit possible. J’ai essayé de trouver du jus de pomme - leur boisson préférée - mais les magasins n’en ont plus du tout à proposer.

Gateaux de Gaza

Le magasin au coin de notre maison est connu à Gaza pour ses gâteaux. Chaque fois que je rentrais dans ce magasin, il déborde de choses douces et est rempli de personnes affairés.

Quand j’y suis allé aujourd’hui, les étagères étaient presque vides et j’étais le seul client - un autre rappel de ce que le blocussignifie pour les gens ici. J’ai demandé au commerçant pourquoi il y avait si peu de monde.

Il a répondu : « J’ai eu des coupures électriques dans mon magasin qui font qu’il est difficile de faire marcher le four. De toute façon, il n’y a aucun besoin de faire trop de gâteaux, les gens ne peuvent pas se permettre de les acheter et si j’en fais un trop grand nombre, ce sera du gaspillage et je perdrai de l’argent. »

J’ai recherché des bougies d’anniversaire mais iil n’y en avait nulle part ; je suis cependant parvenu à trouver une certaine poudre, qui placée dans un tube brille pendant que vous l’allumez. Les visages de mes enfants se sont épanouis quand ils ont vu cela - leurs sourires n’avaient pas de prix.

Vêtements recyclés

Habituellement, j’achète des vêtements pour mes enfants pour leur anniversaire mais il y en a peu en vente sur les marchés de Gaza, pas même des vêtements d’occasion. Il n’est pas étonnant que les gens réutilisent maintenant leurs propres vêtements sauf s’ils sont trop usagés.

En tant que père, je suis triste d’avouer qu’en définitive j’achète des vêtements pour ma famille fabriqués à partir de ce qui est utilisé pour faire des couvertures de canapé.

Des charpentiers n’ont plus le bois nécessaire pour faire des meubles parce que le blocus a empêché l’arrivée de la plupart des matières premières. Ainsi les textiles qui étaient censés être employés dans la fabrication de meubles sont maintenant employés pour faire des vêtements.

La fête commence

Après que chacun soit arrivé, je mets de la musique choisie dans la petite collection que nous avons. La plupart d’entre nous a fait des rondes avec les enfants, riant et souriant comme aimons tant le faire. J’ai fait attention à ne pas mettre la musique trop fort.

Je n’ai pas voulu déranger les voisins. J’ai eu peur de paraître à leurs yeux peu sensible, en ayant une fête dans unepériode de tristesse et de désespoir.

Il faisait cependant beau, dans cette soirée faite pour oublier toute la misère qui nous entoure. Si je m’arrête pour compter les jours de bonheur que nous avons eu en tant que famille cette dernière année, je peux les compter sur une main. Il était important, donc, que nous nous soyons amusés et nous l’avons fait.

Echec scolaire

Le jour suivant nous nous sommes réveillés préparés pour célébrer avec les enfants les appréciations qu’ils ont reçus lors de la dernière période scolaire.

J’ai appelé le professeur de mes enfants pour savoir comment ce jour serait organisé ; habituellement les parents se réunissent à l’école et se réjouissent des succès de leurs enfants.

Il m’a alors répondu : « Cette année nous n’avons rien à fêter, les résultats sont mauvais et les enfants n’ont presque rien à célébrer. Comme on pouvait s’y attendre, étant donné qu’ils ont peu de nourriture, de chaleur et de sécurité. Il y a à peine tous les livres pour le prochain trimestre dans nos écoles, et les enfants et leurs professeurs sonttrès stressés par les effets du blocus et les attaques contre notre peuple. »

Heureusement, mes enfants avaient bien travaillé et quand ils se sont réveillés ce matin ils ont demandé d’autres bonbons.

Il n’y en avait aucun dans les trois magasins situés près de la maison et je ne trouvais pas les mots pour leur dire que la plupart de leurs amis avaient échoués à l’école. En tant que Palestiniens, nous sommes fiers de notre niveau d’éducation. A présent même ceci nous est refusé.

Des personnes sont tuées

Plus tard, sur le chemin de mon travail, j’ai entendu les dernières nouvelles disant que des gens avaient été tués près de ma maison alors qu’ils priaient. J’ai immédiatement appelé mon épouse pour m’assurer qu’elle et les enfants allaient bien et pour les avertir d’éviter de sortir.

J’ai été inquiet de leur sécurité. Nos fenêtres sont faites de verre et elles vibrent toutes les fois qu’il y a des incursions [militaires israéliennes] ; nous craignons toujours qu’elles puissent se briser et nous blesser.

Un autre dilemme s’est posé à moi. Est-ce que je maintiens les fenêtres ouvertes de façonque le verre ne leur tombe pas dessus ? Ou, est-ce qu’il faut les maintenir fermées pour tenter de conserver autant de chaleur que possible alors que nous n’avons pas d’électricité ?

J’ai dû prendre la décision qui nous causerait le moindre mal - et c’est le genre de décisions que vous devez prendre quotidiennement à Gaza.

Du même auteur :

- Gaza au quotidien : fêter un anniversaire sous le blocus
- Gaza au quotidien : ce n’est pas une vie pour des enfants !

14 février 2008 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/NR/exe...
Traduction : Claude Zurbach


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