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Gaza au quotidien : fêter un anniversaire sous le blocus

mardi 12 février 2008 - 08h:26

Omar - Al Jazeera.net

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C’est une nouvelle nuit claire et étoilée à Gaza, et froide... aussi froide qu’il est possible à cette époque.

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Un jeune garçon ramasse ses jouets dans sa maison touché par un bombardement israélien visant un atelier à proximité - Photo : Gallo/Getty

Je me suis réveillé en grelottant ce matin. Hier, ma famille et moi avons passé la soirée dans l’obscurité et sans aucun chauffage en raison d’une autre coupure d’électricité.

Sur mon chemin pour aller au travail j’ai difficilement rencontré quelqu’un dans les rues. Il fait terriblement froid et il y a des vents forts qui font mal aux mains et au visage. La plupart des gens sont ceux eux, essayant de rester à la chaleur, pour si peu qu’il y en ait.

Voyez-vous, il est maintenant bien plus difficile de trouver des couvertures dans les commerces parce que le gouvernement israélien ne permet qu’à très peu de marchandises de rentrer dans Gaza.

Pour être honnêtes, même si des couvertures étaient disponibles, la plupart des personnes ne pourraient plus se permettre de les acheter. Le blocus a fait que beaucoup de personnes ont perdu leurs salaires et que presque tous les prix ont augmenté, même un aliment de base comme le pain. Hier, j’ai acheté un pain pour sept shekels (1,90 dollar) ; aujourd’hui il en vaut huit (2,20 dollar).

L’école reprend la semaine prochaine et mes enfants sont donc à la maison. Ils n’ont pas eu beaucoup de vacances. Ils m’ont imploré plus tôt aujourd’hui de les laisser sortir et d’aller jouer dehors mais il fait si froid... Je ne veux pas qu’ils prennent le risque de tomber malades, et j’ai dû leur dire non. Il y a très peu de médicaments à l’heure actuelle et s’ils tombeaient malades nous aurions peu d’espoir de pouvoir faire quoi que ce soit.

Visiteurs inattendus

Je vis dans le même immeuble que mon frère et souvent après le dîner je descends pour le voir lui et sa famille.

Cette soir-là, lorsque j’ai frappé à sa porte je pouvais entendre qu’il avait une visite ; mais je ne pouvais pas tout à fait identifier les voix.

À ma très grande surprise, lorsqu’il a ouvert la porte j’ai trouvé mon oncle et sa fille - ma cousine - qui étaient venus du Qatar. C’était un grand choc parce que cela faisait 15 ans que nous les avions vus pour la dernière fois.

La frontière entre Gaza et l’Egypte par Rafah avait été forcée par les habitants de Gaza qui cherchaient désespérement à sortir pour acheter les choses essentielles dont ils ont été privés en raison du blocus.

Ainsi, après que toutes ces années ma famille avait pu traverser [la frontière] pour venir nous voir.

J’ai passé une demi-heure avec eux avant qu’ils ne soient partis voir plus de famille et d’amis, leur disant au revoir juste après qu’ils soient venus nous saluer parce qu’ils craignaient de rester coincés dans Gaza s’ils ne s’en retournaient pas rapidement, et d’être emprisonnés ici avec nous.

Choix cruel

Le choix difficile qu’ils ont eu à faire m’a ramené presque sept ans en arrière lorsque mon épouse était sur le point de donner la vie à nos deux filles jumelles.

A cette époque-là, j’étais étudiant en Hollande. J’espère qu’aucun autre père ne sera confronté au choix que j’ai eu alors à faire : est-ce que je retourne pour soutenir mon épouse lorsqu’elle mettra au monde nos deux enfants et voir le moment où mes enfants ouvriront leurs yeux pour la première fois ? Ou est-ce que je reste aux Pays Bas pour continuer mes études et pour éviter de ne pouvoir ressortir de Gaza ?

J’ai choisi de rester, car en poursuivant mes études je pourrai garantir un avenir meilleur pour mes enfants. C’était un choix déchirant qui a fait que mes enfants ne m’ont pas vu pendant les neuf premiers mois de leur existence. Un temps précieux de perdu mais maintenant, j’ai un revenu fixe pour ma famille et un travail stable. C’est quelque chose que beaucoup de pères peuvent attendre longtemps à Gaza.

De tels choix font partie de la cruelle réalité de la vie sous occupation.

Demain mes deux filles célébreront leur septième anniversaire. Comme la plupart des enfants du monde leur idée pour un anniversaire est qu’il y ait des gâteaux, des bonbons et des cadeaux. Cela me brise le coeur de les entendre dire : « Papa, tu iras au magasin demain et tu nous achèteras les choses douces que nous aimons pour notre anniversaire ? »

Bien que cela me dérange, j’ai dû leur dire la vérité - que peut-être je ne serais pas en mesure de le faire. Que tout dépend de la quantité de farine, de sucre et de chocolat autorisée à entrer dans Gaza. Si les magasins n’ont pas dû fermer en raison du manque d’électricité ou d’articles à vendre...

En fait de nos jours toutes les fois qu’ils demandent quelque chose, je n’ai jamais de réponse positive, aussi je réponds toujours « si, si, si ».

Que ce blocus se termine !....

Du même auteur :

- Gaza au quotidien : après l’anniversaire sous le blocus
- Gaza au quotidien : ce n’est pas une vie pour des enfants !

11 février 2008 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/NR/exe...
Tradction : Claude Zurbach


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