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Gaza au quotidien : ce n’est pas une vie pour des enfants !

vendredi 8 février 2008 - 19h:56

Omar - Al Jazeera.net

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« Pourquoi nous ? Pourquoi avons-nous froid ? Qu’est-ce qui se passe ? » me demandent mes enfants à chaque heure.

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Fillette palestinienne blessée dans une attaque israélienne - Photo : Gallo/Getty

Ils ont six et deux ans. Quand ils me demandent du chocolat et que je ne peux pas leur en offrir, ils me demandent pourquoi. Je leur explique que c’est en raison du blocus mais ceci ne représente pas une explication pour eux, et ils continuent à demander « Pourquoi ? Pourquoi nous ? »

Ce qu’ils comprennent le moins c’est pourquoi leurs vies sont affectées par quelque chose dont ils ne sont pas responsables.

Il m’est difficile de le leur expliquer. J’ai 37 ans et j’ai passé toute mon existence sous l’occupation. Mon père était un réfugié de Barbara, mon village d’origine. Il m’a dit l’autre jour, « Mon fils, nous n’avons jamais vécu une situation comme celle d’aujourd’hui. J’espère que ce sera la dernière fois que nous vivrons ainsi, pour toujours ».

Mais les gens vivent avec de l’espoir. Ils croient même qu’après tout ce temps la paix nous reviendra.

Cela fait cinq jours maintenant que j’ai pu prendre une douche. C’est dû à un manque d’électricité pour alimenter le circuit d’eau et aux temps tourmentés qui nous affligent.

C’est l’hiver et nous commençons tous à avoir très froid. Sans électricité, toute ma famille et moi-même ne pouvons pour rester au chaud, quenous blottir autour d’une lampe de gaz. Nous nous couvrons de journaux.

Parfois, je chauffent un peu d’eau pour que mes enfants trempent leurs mains ou leurs pieds dedans. Mais il y a très peu de choses que nous pouvons faire si ce n’est espérer que ce sera la dernière fois que nous vivons dans ces conditions.

Le froid fait que nous dormons difficilement mais même si nous y parvenons, les explosions des fusées palestiniennes et israéliennes nous réveillent tout le long de la nuit. Les tremblements et les explosions effrayent tellement mes enfants qu’ils dorment maintenant avec mon épouse et moi.

Ils sont si vulnérables et si fragiles. Ils rentrent à la maison en parlant du Hamas et du Fatah mais ils ne comprennent pas la situation.

Ce n’est pas une vie pour des enfants. C’est une vie pour personne.

Stress et inquiétude

J’essaye autant que possible de détourner leur attention de la crise qui continue à se dérouler sous leurs yeux - je les emmène à la mer ou dans la maison d’un parent.

Je ne peux pas allumer la télévision parce que nous n’avons pas d’électricité depuis cinq jours. Pour savoir ce qui se passe ou s’il y a ou non des opérations militaires je demande à mes collègues de Jérusalem de me tenir informé.

J’appelle également ma famille toutes les quelques heures pour savoir s’ils vont bien.

Mes enfants vivent dans un environnement violent et entendent tous les jours des gens en discuter, s’en plaindre et crier. Pour être honnête, ils ont besoin de l’assistance d’un professionnel pour faire face à leur stress et à leur anxiété, mais évidemment ce n’est pas dans nos possibilités.

Comme beaucoup d’autres enfants dans Gaza, ils peuvent rarement s’échapper d’une tel contexte, même durant leur sommeil.

Cette situation affecte beaucoup d’enfants. L’autre jour alors que j’allais à l’école où mon enfant est inscrit le professeur m’a expliqué que 70% des enfants échouaient à leurs examens.

Le stress de la situation, que les enfants la comprennnent ou pas, effectuera leur éducation. C’est mauvais pour leur travail scolaire et pour quoi que ce soit d’autre.

Le manque de nourriture de qualité, d’eau potable propre, de lait, de sommeil, ainsi que la peur et le froid sont juste queqlues unes des épreuves que subissent les enfants de Gaza.

Les adultes, eux aussi

Il y a déjà peu d’espoir d’un quelconque avenir pour les enfants de Gaza mais sans éducation, ils n’ont vraiment rien ; l’éducation est notre seul capital pour notre futur.

Mon troisième enfant est attendu pour le mois de mars. C’est à peine d’ici deux mois.

Comme père et époux je suis inquiet - vraiment inquiet pour mon épouse et mon enfant à venir. Comment mon épouse pourra-t-elle donner le monde à un enfant alors qu’il n’y a aucune électricité et peu de ce qui est nécessaire dans les hôpitaux ?

Et va-t-elle, ainsi que notre troisième enfant en souffrir les conséquences ? Ce sont certaines des questions qui me tiennent éveillé la nuit.

En parler me donne envie de pleurer, pas seulement pour ma famille mais aussi pour tous les habitants de Gaza.

Du même auteur :
- Gaza au quotidien : après l’anniversaire sous le blocus
- Gaza au quotidien : fêter un anniversaire sous le blocus

7 février 2008 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/NR/exe...
Traduction : Claude Zurbach


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