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Bush inonde le Proche-Orient avec ses armes

vendredi 25 janvier 2008 - 06h:56

Juan Miguel Muñoz - El Païs

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Les Etats-Unis vendront des bombes télécommandées à l’Arabie Saoudite et des missiles Patriot dans le Golfe - Washington veut renforcer la sécurité des pays sunnites face à Téhéran.

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Tir de missile Patriot - Image Wikimedia Commons

Avec l’attention tournée vers la prétendue menace atomique iranienne, le chef de la diplomatie américaine, Condoleezza Rice, a anticipé au mois de juillet la vente imminente d’armements modernes à l’Arabie Saoudite et à plusieurs monarchies du Golfe Persique pour une valeur de 20 milliards de dollars (13,4 milliards d’Euros).

Le moment paraît maintenant arrivé de mettre en pratique la transaction. Ainsi l’a assuré hier un officiel de la Maison Blanche peu avant l’arrivée du président Bush à Ryad, la capitale de l’Arabie Saoudite qui le plus important des alliés arabes des Etats-Unis et qui a supplanté l’Egypte comme puissance dominante au Proche Orient.
Les bombes guidées par satellite pour l’Arabie Saoudite feront l’objet d’une facture de 81 millions d’Euros et les missiles Patriot pour le Koweit et les Emirats Arabes Unis dépasseront les 7,8 milliards d’Euros, dans le cadre d’une opération qui inclut aussi des systèmes radar pour l’aviation saoudienne.

À son arrivée à Ryad, Bush a été reçu par le roi Abdallah qui l’a embrassé au pied de l’avion présidentiel américain Air Force One. Les deux mandataires se sont ensuite réunis dans le palais royal de la capitale saoudienne où le Département d’État [améraicain] a confirmé que le Congrès avait notifié la décision de la vente.

Renforcer la sécurité des pays sunnites du Golfe est un des buts de cette vente d’armes qui s’est heurtée à des obstacles jusqu’ici. Au Congrès américain, plusieurs représentants pro-israéliens à outrance se sont opposés à ce que des pays arabes disposent de ce type de missiles et de bombes intelligentes. Il ne s’agit cependant pas de technologie de dernière génération. Plusieurs ministres israéliens ont voyagé ces derniers mois à Washington pour obtenir des garanties selon lesquelles Israël continuerait à bénéficier d’avantages militaires indiscutables.

La vente des missiles guidés ou des bombes intelligentes et des Patriot restera cependant en attente d’une dernière approbation du Congrès américain qui disposera de 30 jours pour s’opposer à l’initiative de l’administration Bush.
L’objectif du président à Ryad est connu : isoler l’Iran. Bien que l’Arabie Saoudite et d’autres pays du Conseil de Coopération du Golfe (le Koweit, le Bahrein, les Emirats Arabes Unis, le Qatar et l’Oman) se méfient d’un Iran pouvant devenir puissance nucélaire, ils ne paraissent pas disposés à menacer le régime des ayatolas.

« Bush doit comprendre que la haine envers sa politique a des racines. Ses déclarations alarmistes reflètent son désespoir quant à l’échec de ses initiatives dans la région. Il essaye de détourner l’attention. Ses paroles n’ont aucune valeur », a répondu Mohamed Ali Hoseini, porte-parole iranien des affaires étrangères.

Le conflit entre Israeliens et Palestiniens occupera aussi le mandataire américain et le roi Abdallah. Bush demandera un rapprochement de l’Arabie Saoudite avec Israël. Mission difficile. Le président n’a pas dissimulé combien il était proche d’Israël, affirmant mercredi à Jérusalem que Israël devait être un état juif, et bien qu’il ait obtenu que le ministre des affaires étrangères saoudien, Saud al Faisal, se déplace à la conférence d’Annapolis en novembre, un petit détail a fait la preuve que les Saoudiens sont loin de satisfaire à cette demande : Saud al Faisal n’avait pas mis ses écouteurs au moment d’écouter Olmert. Et il ne parle pas hébreu.

Israël n’écarte pas une attaque contre l’Iran

« Israël ne peut pas se résigner à l’existence d’un Iran disposant d’armes nucléaires ». Avec ce point départ exprimé hier, Olmert a ajouté que son gouvernement « n’écartait à l’avance aucune option ». Tout comme la petite formule qu’emploie Bush - « toutes les options sont sur la table » - les paroles d’Olmert expriment la menace d’un possible bombardement destiné à détruire le programme atomique iranien.

Personne n’ose pronostiquer si l’éxécutif israélien donnera finalement son feu vert à une attaque de cette nature pour mettre un terme à des plans que le gouvernement iranien présente avec insistance comme destinés à la production d’énergie. Et si cela se produisait, l’opinion publique n’en aurait connaissance qu’une fois l’opération réalisée. C’est ce qui était arrivé en 1981 lorsque le cabinet de Menahem Begin a fait bombarder les installations nucléaires d’Osirak au sud de Bagdad.

Mais l’analyste israélien Meir Javendafar, d’origine persane, assure que ce que veut Olmert, c’est faire pression sur la communauté internationale pour qu’elle durcisse les sanctions économiques à l’égard du gouvernement iranien. « Toute mesure qui permet d’éviter la nucléarisation de l’Iran est légitime », a précisé le dirigeant hébreu.

Le rapport des services d’espionnage américains publié en décembre et annonçant que l’Iran avait stoppé son programme nucléaire [militaire] en 2003, a provoqué une forte déception en Israël. Olmert craint en effet que les pays européens qui sont en négociation [avec l’Iran] n’adoptent une attitude plus indulgente.

* Juan Miguel Muñoz est correspondant pour le quotidien espagnol El Païs.

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Juan Miguel Muñoz

Du même auteur :

- Guerre sale entre Palestiniens
- Le Hamas construit son état dans Gaza
- Les colonies, encore et toujours
- A Gaza, on fume de la sciure...

15 janvier 2008 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elpais.com/articulo/inte...
Traduction : Claude Zurbach


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