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Effacer l’ardoise et recommencer

vendredi 22 décembre 2006 - 08h:09

Joharah Baker

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Il est temps pour les voix courageuses qui n’ont pas peur de la critique de se faire entendre. Il est temps pour les plus audacieux d’entre nous d’exiger la fin de cette folie.

Nous sommes à la veille de l’année 2007, une nouvelle année qui aurait pu être un pas de plus dans la direction de ce qui est notre but à tous : un Etat Palestinien indépendant.

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Un partisan du président Abbas lors des affrontements du 19 décembre entre le Fatah et le Hamas - Photo : Mohammed Salem/Reuters

Mais au contraire nous sommes dans une situation où nous sommes enfermés, emmurés à l’intérieur, clôturé à l’extérieur, nous sautant à la gorge les uns les autres dans nos minuscules Bantoustans pareils à des prisons. Notre image dans le monde est dégradée, non seulement à cause des raisonnements déjantés du président américain Georges Bush qui divise le monde entre le bien et le mal, mais aussi à cause de notre propre absence de vision et de nos misérables querelles pour des positions qui sont de toute façon sans pouvoir.

Revenons un peu en arrière. Vingt ans auparavant, les Palestiniens étaient déjà opprimés, vivant sous occupation et confrontés à diverses mesures imposées par une puissance occupante féroce. La différence cependant est qu’en 1987 nous étions un peuple uni, tous essayant de secouer le joug colonial. D’où l’explosion de la première insurrection populaire : l’Intifada.

De plusieurs façons, ce qui est sorti de la première année de l’Intifada a marqué le début de la fin de la révolution palestinienne telle que nous l’avons connue. L’OLP [Organisation de Libération de la Palestine] encore en exil, gérait l’insurrection à partir de l’extérieur à travers ce qui était alors nommé la Direction Nationale Unifiée. Il n’était rien de plus saisissant que de voir comment les diverses organisations palestiniennes savaient joindre leurs forces pour toutes les formes de résistance.

Il y avait non seulement des manifestations de masse mais aussi une unité palestinienne pour l’éducation, le boycott des produits israéliens et les actes de désobéissance civile. Des comités de quartiers créés dans toute la Cisjordanie et la Bande de Gaza ont organisé des cours pour les élèves dont les établissements avaient été fermés par l’occupant israélien, ont distribué de la nourriture pour boycotter les produits israéliens et organisé les visites aux familles de ceux qui étaient tués, blessées et emprisonnées par les forces occupantes.

Peut-être que si notre direction avait choisi de poursuivre ce type de résistance, nous ne serions pas dans la situation où nous sommes dans aujourd’hui. Donc cela ne devait pas être le cas. Le 15 novembre 1988, l’ancien président Yasser Arafat décida qu’était arrivé le moment d’ouvrir une nouvelle ère et c’est alors que fut déclaré l’établissemnt d’un Etat Palestinien en Cisjordanie, dans la Bande de Gaza et dans Jérusalem-est. Puis la conférence de Madrid eut lieu, les accords d’Oslo ont été signés, l’Autorité Palestinienne a été créée et le reste appartient maintenant à l’Histoire.

Bien qu’il serait justifié de poursuivre l’examen de toute l’histoire de la Palestine jusqu’à aujourd’hui, il est déjà possible d’affirmer que le déplacement de notre révolution vers le champ de la diplomatie et des accords bilatéraux marque le début des nombreux maux dont nous souffrons aujourd’hui.

Certains diront que ces accords ont réussi à expulser l’armée israélienne des villes de Cisjordanie et permis de déployer les services de sécurité palestiniens à sa place, là où tous les autres moyens avaient échoué. Les Palestiniens disposaient maintenant de cartes d’identité et de passeports, et pour la première fois Arafat pouvait revenir en héros en Palestine après des amnnées d’exil, afin de diriger l’Autorité Palestinienne. Pour la première fois depuis des années, les Palestiniens se sont entendus dire qu’il y avait une lueur au bout du tunnel et que leur Etat Palestinien se trouvait juste « à un jet de pierre ».

Mais ces accords ont réussi à démembrer notre peuple comme l’occupation israélienne n’avait jamais pu le faire. Il y avait à présent des Palestiniens en Cisjordanie qui ne pouvaient aller dans la Bande de Gaza tandis que ceux de Jérusalem-est étaient progressivement coupés par des mesures israéliennes très strictes du reste des territoires palestiniens. La majorité de notre peuple, qui constitue la Diaspora, n’était pas incluse dans ces accords et n’avait par conséquent aucun mot à dire sur la façon dont l’Autorité Palestinienne [AP] agissait.

Plus important, la création de l’AP a propulsé la nouvelle direction - maintenant à mi-chemin entre révolutionnaires et hommes d’État - au niveau international, ou devrions-nous plutôt dire au niveau des normes occidentales, les différents groupes s’affrontant les uns les autres. Des mouvements datant de plusieurs décennies comme le Fatah se sont retrouvés face à des mouvements plus jeunes comme le Hamas, dans ce qui allait devenir une confrontation alirs qu’il aurait fallu former un front uni contre l’occupant.

Cette cassure n’a fait qu’empirer après les évènements du 11 septembre et la réaction de « cow-boy » de Bush qui s’en est suivie. Son simpliste, tout à fait dangereux, consistant à labelliser les « terroristes » a placé certains des mouvements de la résistance palestinienne tels le Hamas du mauvais côté de la barrière. Après la mort d’Arafat et la prise du pouvoir par Abbas, les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux ont continué à encourager cette scission en apportant leur soutien au Fatah tout en boycottant les autres formations.

Dans la même période, les disputes concernant les positions et les sièges sont entrées en jeu. Lentement mais sûrement, les révolutionnaires qui il y a quelques années encore vivaient cachés et disaient vouloir mourir pour la cause nationale, se disputaient maintenant aux yeux de tous des sièges qui ne leur étaient garantis que grâce aux énormes concessions faites vis-à-vis de nos intérêts nationaux, et qui pouvaient leur être retirés en aussi peu de temps qu’il faut à un missile israélien pour atteindre sa cible.

On peut affirmer sans risque de se tromper que le Fatah et le Hamas se sont égarés et qu’en conséquence, les citoyens ordinaires profondément fidèles à leurs chefs ont apparemment oublié que nous avons toujours un mur de séparation à abattre, des colonies juives à démanteler et des réfugiés à ramener à la maison. Au lieu de cela ils retournent leurs armes les uns contre les autres pendant que le président, le premier ministre et les divers autres responsables s’adressent à eux avec des mots plein d’ambiguité et en dissimulant leurs objectifs.

Il est temps d’effacer l’ardoise et de repartir de zéro. Notre programme politique dans sa totalité doit être réévalué, parce que de toute évidence celui auquel nous avons adhéré a provoqué encore plus de dommages et de mal.

Même si nous ne pouvons pas effacer ce qui a été fait, nous pouvons cependant apprendre de nos erreurs et nous remettre en mémoire une partie de notre gloire passée.

Il y a une vérité très simple que les Palestiniens - les responsables, les réfugiés, les citoyens ordinaires et les organisations - doivent garder à l’esprit. Aussi longtemps qu’un seul soldat israélien conservera « le droit » de poser un pied sur notre seul, d’emprisonner nos hommes et nos femmes et de démolir nos maisons, notre luttee sera loin d’avoir abouti. Nous n’avons pas besoin de titres dans un gouvernement qui n’est pas à même de diriger son peuple et son pays dans un cadre qui serait l’indépendance.

En bref, nous devons revenir aux bases. Nous sommes un seul peuple - en Cisjordanie, dans la Bande de Gaza, à Jérusalem, dans les camps de réfugiés et dans la Diaspora - qui a un seul but : mettre fin à l’occupation israélienne de notre terre et établir un Etat Palestinien souverain et indépendant sur notre sol. Tout ce qui retarderait cet objectif serait une injustice énorme faite à notre lutte et aux années de sacrifice endurées par notre peuple.

(Titre original : Wiping the Slate Clean)

20 décembre 2006 - MIFTAH - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.miftah.org/Display.cfm?D...
Traduction : C. Zurbach


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