Une simple vérité dans Gaza
samedi 12 janvier 2008 - 06h:18
Mike Hanna - Al Jazeera.net
Chacun des cercueils représente une personne décédée par manque de soins en raison du bouclage des frontières par Israël.
- Les Palestiniens ont porté 62 cercueils à travers les rues de la ville de Gaza pour représenter les personnes qui sont morts depuis que les frontières sont bouclées - Photo : EPA
Le jour qui a précédé l’arrivée du président américain dans la région, une foule de plusieurs milliers de personnes s’est réunie sous la pluie dans la ville de Gaza ; précédée d’un camion équipé de haut-parleurs la foule a lentement traversé la ville, transportant un total de 62 cercueils, tous vides.
Chacun des cercueils symbolisait une personne décédée parce qu’elle ne pouvait pas sortir de Gaza pour recevoir un traitement médical, en raison du bouclage israélien des frontières.
Chacun des cercueils était porté par des membres de la famille de la personne décédée.
Le blocus permanent du territoire par les israéliens n’est pas ici une abstraction, c’est un enfermement réel d’un million et demi d’individus dans ce qui est considéré comme une prison géante. Et des gens meurent en raison de cet enfermement.
La rue Salah el Din va du nord au sud du territoire, croisant la ville de Gaza. C’est une route piquée de nids de poule, par endroits inondée par les eaux des égouts qui débordent d’un système de canalisation insuffisant.
C’est dans cette rue que vit la famille Joah, leur maison de trois pièces est en ce moment remplie de monde parce que deux des filles déjà mariées de Mahmoud Joah y séjournent pour une période.
Mahmoud Joah a huit enfants, que des filles, et l’une d’entre elles est Amira qui a 15 ans.
Face à la mort
Cette adolescente jolie et qui s’exprime si bien risque littéralement la mort en raison du bouclage. Elle souffre d’une maladie du foie et de la rate en stade avancé.
Avant la fermeture des frontières elle allait régulièrement dans un hôpital égyptien pour suivre un traitement qui permettait de ralentir la progression de la maladie et de diminuer la douleur.
Avant le bouclage elle suivait un traitement de huit différents médicaments et vitamines chaque jour.
Ces derniers mois les médicaments qui luis ont prescrits sont épuisés dans Gaza, en particulier l’un d’entre eux (une marque nommée Ursogall) qui est absolument critique pour qu’Amira ne souffre pas d’un arrêt total de fonctionnement du foie.
Les besoins d’une jeune adolescente malade ne sont pas nécessairement une priorité pour les organismes d’aide qui se battent pour rendre la situation moins critique et qui tentent sans interruption de discuter avec les autorités israéliennes au sujet de ce qui peut être importé dans Gaza et à quel moment.
Amira est restée sans Ursogal pendant des semaines, et son état se détériore chaque jour, sa peau étant de plus en plus jaune au fur et à mesure que les cellules malades se multiplient à cause de son foie, la protection du médicament Ursogall n’étant plus là.
Amira pense que personne ne s’inquiéte à l’extérieur de Gaza.
« Si les gens s’inquiétaient, je ne serais pas dans cette terrible situation, » dit-elle.
Son père acquiesce. « C’est la réalité du siège israélien que le président Bush justement ignore, » nous dit-il.
La soeur aînée d’Amira la regarde et pleure ; sa soeur n’a rien fait de mal, dit-elle. « Elle souffre simplement parce qu’elle est une Palestinienne. »
Dans cette maison de la rue Salah el Din, cet avis n’est pas une position politique, mais une simple vérité.
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9 janvier 2008 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à :
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[Traduction : Info-Palestine.net]