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La guerre feutrée d’Israël

mardi 8 janvier 2008 - 07h:00

Fred Schlomka - YnetNews

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Les terres bédouines dans le sud d’Israël sont confisquées pour faire place à de nouvelles communautés juives. Mais la colère couve, elle pourrait bien éclater et Israël se trouver confronté à un soulèvement bédouin, une Intifada à l’intérieur de l’Etat.

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Les Bédouins dans le désert du Néguev ont des droits territoriaux bien établis
remontant à l’ère ottomane. (Photo A. Mseri)




Alors que Ehud Olmert et Mahmoud Abbas étaient en train de magouiller à Annapolis, plusieurs ministères du gouvernement israélien et des organismes de sécurité déployaient leurs moyens combinés pour une vaste opération sur le désert du Néguev, au sud d’Israël. Alors que les yeux du monde étaient fixés sur la Cisjordanie et la bande de Gaza, Israël était en pleine campagne pour achever le déplacement d’Arabes palestiniens, qui sont aussi des citoyens israéliens.

La cible, ce sont les Bédouins indigènes ; leurs terres sont requises par l’Etat afin de terminer la mise en ?uvre d’un plan d’ensemble sur le Néguev. Le plan relègue les Bédouins dans des enclaves/ghettos et attribue d’immenses étendues de territoires pour l’expansion de banlieues et de communautés agricoles juives. Le Néguev est la dernière frontière à l’intérieur d’Israël, la dernière parcelle de terrain, dans l’Etat, restant en grande partie non exploitée. Israël a pratiquement terminé le démembrement des terres palestiniennes dans le centre et le nord du pays, et maintenant, il consolide la « rédemption juive » dans le désert, au sud.

Ces terres bédouines sont convoitées par le Fonds national juif (FNJ) qui a conçu des projets pour installer un grand nombre de Juifs dans le Néguev. Pour faire place aux nouvelles communautés du FNJ, les villages « non reconnus » d’A-Tir, Um Al-Hiran et Twail Abu Jarwal ont été rasés en 2007, dans des opérations à caractère militaire impliquant d’importantes forces de la police et de l’armée, déplaçant des centaines de familles. Le ministre de l’Intérieur a également envoyé des avions à pulvérisateur de pesticides pour empoisonner les champs bédouins avec des herbicides à large spectre. La Green Patrol, une unité paramilitaire qui est crainte, dépendant du ministère de l’Agriculture, mène ces opérations.

Il y a plus de 150 000 Bédouins dans le désert du Néguev, avec des droits territoriaux bien établis remontant à l’ère ottomane. Pourtant, dès la fondation de l’Etat en 1948, le gouvernement a commencé à saisir les terres et à déplacer les Bédouins vers toujours de moins en moins de territoires, tout en attribuant les aides de l’Etat à l’expansion de nouvelles villes et implantations agricoles, exclusivement juives. Bien que les Bédouins aient obtenu, par la suite, la nationalité d’Israël, ils sont restés sous le régime de l’armée jusqu’en 1966.

Cela pourrait coûter très cher

Par voie législative et divers mécanismes juridiques, l’Etat a décrété que l’occupation par les Bédouins de leur propre terre était illégale et ainsi, les tribunaux ont pu rendre des décisions de démolitions de maisons et d’expulsions de leurs habitants. Le FNJ, dans son Projet pour le Néguev, vise à créer 25 nouvelles villes dans le Néguev durant les prochaines années et installer 250 000 nouveaux résidents juifs dans la région, d’après le site du FNJ. Il plante des forêts aussi sur le territoire bédouin, comme la Forêt de l’Ambassadeur, sur les terres de la tribu Elokbi, au nord de Be’er Sheva.

On ne prendrait jamais de telles mesures à l’encontre de citoyens juifs d’Israël, lesquels profitent du droit de vivre presque partout dans le pays, dans un luxe relatif, pendant que les Bédouins sont relégués sur des vestiges ridicules de leur patrimoine. Ce racisme institutionnel est alimenté par des dons, déductibles d’impôt, venant des USA.

Les Bédouins ont une longue et fière tradition en tant que peuple. Aux premières décennies de l’Etat, ils ont prêté serment d’allégeance à Israël, ils ont envoyé leurs fils à l’armée et s’attendaient au respect qu’ils méritaient. Il ne leur en a été témoigné aucun. Au lieu de cela, l’Etat a poursuivi sa mission au service des intérêts des seuls citoyens juifs avec, comme résultat, que, seuls, quelques rares Bédouins servent encore aujourd’hui dans les Forces de défense israéliennes. Le coût pourrait en être élevé. Les dirigeants bédouins ont lancé des avertissements, car la colère couve et pourrait bien éclater, et Israël pourrait alors se trouver confronté à un soulèvement bédouin, une Intifada à l’intérieur de l’Etat. Peut-être est-il temps, pour l’Etat d’Israël, de se transformer en une démocratie au profit de tous ses citoyens et ce, avant qu’il ne soit trop tard.


Fred Schlomka est un homme d’affaires israélien. Il est membre de l’ICAHD (le Comité israélien contre les démolitions de maisons, de Jeff Halper). Il a adhéré en 2003 à la Echoing Green Foundation et il est le fondateur des Mosaic Communities en Israël.

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L’une des trois destructions du village de Twail Abu Jarmal.
(Photo : P. Rekacewicz/Le Monde diplomatique)




Sur le même sujet :

- "Destruction du village de Twail Abu-Jarwal" - 7 décembre 2006 - Conseil Regional pour les Villages Non Reconnus du Naqab.

- "Aux portes du Neguev avec les Bédouins exilés" - 16 décembre 2006 - Dominique Vidal et Philippe Rekacewicz - Le Monde diplomatique.

- "Non à la destruction des villages bédouins dans le Neguev" - 6 juin 2007 - Dukium.

6 janvier 2008 - YnetNews - traduction : JPP


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