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Le Pakistan au bord du chaos

samedi 29 décembre 2007 - 08h:05

Nabila Amir

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Après l’effroyable attentat suicide qui vient de frapper l’ancienne Premier ministre Benazir Bhutto, le pays de Musharraf est plongé dans l’incertitude. Les législatives du 8 janvier 2008 sont fortement compromises.

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Benazir Bhutto, peu avant sa mort dans un attentat suicide, lors d’un meeting à Rawalpindi le 27 décembre 2007 - Photo : AFP

Le Pakistan est en deuil.

Benazir Bhutto, leader de l’opposition pakistanaise, la première dame qui a eu à diriger un pays musulman en 1988, a été assassinée jeudi dernier dans un attentat suicide.

Les auteurs de ce crime n’ont pas raté cette fois-ci leur cible. L’ex-Premier ministre qui a échappé, au lendemain de son retour de l’exil de huit ans, à un attentat similaire, a été tuée devant une foule nombreuse venue assister à son meeting électoral à Rawalpindi, grande ville qui jouxte la capitale pakistanaise.

Une vingtaine de personnes sont également mortes sur le coup et 56 autres ont été blessées. D’après les images retransmises par les chaînes de télévision étrangères et les déclarations du ministre de l’Intérieur pakistanais, le kamikaze a d’abord ouvert le feu, atteignant la défunte d’une balle au cou alors qu’elle saluait la foule depuis le toit ouvrant de sa voiture blindée.

Accomplissant sa mission jusqu’au bout, le kamikaze déclenche par la suite la bombe qu’il portait sur lui. Evacuée en urgence vers l’hôpital, Benazir Bhutto succombe à ses blessures. La dépouille a été transportée par la suite vers une base militaire avant de quitter Islamabad dans la nuit de jeudi à bord d’un avion militaire pour le Sind, sa province natale située au sud du Pakistan.

L’époux de Benazir Bhutto, Asif Zardari, et leurs trois enfants sont arrivés de Dubai pour, malheureusement, accompagner la défunte à sa dernière demeure. Ce drame est le dernier d’une série record d’attentats suicide dans l’histoire du Pakistan, qui ont fait près de 800 morts en 2007. Le plus meurtrier avait déjà visé une manifestation du parti de Benazir Bhutto en date du 18 octobre lorsque deux kamikazes avaient tué 139 personnes dans un gigantesque défilé de sympathisants qui célébraient à Karachi, la grande ville du Sud, le retour de l’ex-Premier ministre.

Benazir Bhutto avait échappé au double attentat parce qu’elle se trouvait à l’intérieur d’un camion blindé. Depuis, les autorités avaient multiplié les avertissements, assurant que des informations précises laissaient redouter que des terroristes islamistes ne tentent de la tuer. Mme Bhutto, selon des sources proches des Etats-Unis d’Amérique, avait accusé le président pakistanais de lui refuser une protection adéquate ces derniers mois. L’ex-chef de file de l’opposition, 54 ans, a été inhumée hier dans le mausolée familial, en présence d’une foule de plusieurs centaines de milliers de partisans en deuil.

Entre chagrin et colère, ces milliers de personnes s’étaient massées pour rendre un hommage à la femme qui avait promis d’éliminer la menace islamiste du pays. Le cortège a mis plus de deux heures à se frayer un chemin à travers la foule, pour parcourir les cinq kilomètres séparant le village familial du mausolée. Enveloppé du drapeau noir, vert et rouge du Parti du peuple pakistanais (PPP), le cercueil de la défunte a été déposé peu après 11h GMT dans le mausolée de Garhi Khuda Bakhsh, dans le village de Naudero, aux côtés de son père, Zulfikar Ali Bhutto, premier chef du gouvernement élu du pays, renversé par l’armée en 1977 puis pendu.

A l’annonce de son assassinat, des violences et des affrontements entre policiers et partisans de Bhutto ont éclaté dans plusieurs villes du Pakistan, faisant au moins 32 morts. Des véhicules et des bâtiments publics ont été incendiés et quelque 16 000 hommes dans la province du Sind, dont 10 000 pour sa seule capitale, Karachi, ont été déployés par le pouvoir. Après l’enterrement, la colère a rapidement pris le pas sur la douleur. Des slogans hostiles à Musharraf ont fusé tout le long du parcours. Hier, les forces de l’ordre ont reçu la consigne de tirer à vue dans la province du Sind après des violences sporadiques dans tout le pays.

23 personnes ont été tuées dans le bastion de Benazir Bhutto, 8 autres ont péri dans l’explosion d’une bombe dans la province de la frontière du Nord-Ouest, dont un membre du parti de Pervez Musharraf. Quatre personnes, dont un membre du parti au pouvoir du président pakistanais, ont par ailleurs été tuées dans un attentat à la bombe dans la vallée de Swat (Nord-Ouest).

La défunte dirigeait le principal parti de l’opposition, le Parti du peuple pakistanais (PPP), depuis qu’elle avait tourné le dos, début novembre, à un accord de partage du pouvoir qui lui avait permis de rentrer d’exil grâce à une amnistie mettant un terme à des poursuites pour corruption du temps où elle dirigeait le pays (1988-1990 et 1993-1996).

Dans ce pays en pleine crise politique, aucune décision n’est prise concernant le report des élections législatives prévues pour le 8 janvier 2008. Il faut dire que la mort de Bhutto a réveillé les craintes de voir ce pays, de 160 millions d’habitants et doté de l’arme nucléaire, sombrer dans le chaos.

29 décembre 2007 - El Watan - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elwatan.com/spip.php?pag...


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