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Iran : Bush contredit par ses services secrets

jeudi 6 décembre 2007 - 05h:21

Peter Baker et Robin Wright - Washington Post

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Selon la direction nationale du renseignement, l’Iran a gelé son programme nucléaire militaire depuis 2003. Une analyse qui n’empêche pas le président américain d’adopter un ton alarmiste, constate le Washington Post.

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Le président américain lors d’une conférence de presse, le 4 décembre (AFP)

En mettant en garde, cet automne, contre le risque de troisième guerre mondiale que représenterait un Iran doté d’armes nucléaires, le président Bush a alarmé le monde entier. Mais il a lancé ce sévère avertissement au moins un mois, voire deux, après qu’il eut pris connaissance de l’existence d’indices d’une suspension effective du programme nucléaire militaire iranien. Le nouveau rapport de la direction nationale du renseignement - qui regroupe les seize agences d’espionnage américaines -, rendu public le 3 décembre, non seulement dément le discours alarmiste du gouvernement sur les ambitions nucléaires de Téhéran, mais pourrait saper les efforts de Bush visant à obtenir la prise de nouvelles sanctions internationales contre l’Iran. Enfin, le nouveau rapport pourrait bien rendre impossible toute action militaire préventive avant le départ de Bush de la Maison-Blanche.

L’Iran est devenu le sujet central de la politique étrangère américaine de la fin de mandat de Bush et de la campagne électorale pour désigner son successeur. Dirigeants américains et étrangers doivent maintenant revoir ce qu’ils pensaient savoir des intentions et des capacités de Téhéran. A Washington, certains se sont emparés du rapport pour fustiger ce que le candidat démocrate à la présidence John Edwards a appelé "l’empressement de George Bush et de Dick Cheney à entrer en guerre avec l’Iran".

Mais la Maison-Blanche, de son côté, a affirmé que le rapport venait étayer ses craintes en confirmant que l’Iran avait effectivement entamé un programme d’armes nucléaires avant d’y mettre un terme en 2003 sous la pression diplomatique exercée par les Etats-Unis. "Tout compte fait, le rapport apporte une bonne nouvelle", a déclaré le conseiller à la sécurité nationale Stephen Hadley. "D’un côté, il nous donne raison, pour nous être inquiétés de la volonté de Téhéran de mettre au point des armes nucléaires. De l’autre, il nous conforte dans nos efforts pour empêcher cette éventualité, puisque, grâce à nous, des progrès ont été effectué dans ce sens".

Le rapport emploie un langage qui permet au gouvernement américain de crier victoire, notent certains analystes. L’information sur l’arrêt du programme d’armement nucléaire iranien est "sensationnelle", estime Paul Pillar, un ancien haut responsable de la CIA, qui s’est montré critique envers Bush durant la période précédant la guerre avec l’Irak, mais "le président peut prétendre que l’Iran s’y est résolu durant son mandat et que cela représente un succès pour lui. Et il a de bonnes raisons de le faire".

Il n’empêche, le gouvernement avait compris à quel point les nouvelles conclusions du rapport pouvaient se révéler explosives, et il s’est évertué à les garder secrètes. Selon Stephen Hadley, Bush a été informé pour la première fois au mois d’août ou au mois de septembre que les agences de renseignement estimaient que l’Iran avait suspendu son programme nucléaire militaire, mais il a également été informé qu’il fallait encore un peu de temps pour analyser la situation. Le vice-président Dick Cheney, Stephen Hadley et d’autres hauts responsables ont quant à eux été mis au courant il y a deux semaines. Les services de renseignement ont finalement formalisé leurs conclusions le 3 décembre avant de les soumettre au président.

A Washington, des modérés craignent que le nouveau rapport, comme d’autres avant lui, ne fasse l’objet d’une interprétation biaisée. Pour le député démocrate de Californie Brad Sherman, président du sous-comité sur la non-prolifération nucléaire de la Commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, le fait que l’Iran continue d’enrichir de l’uranium reste préoccupant, et n’a rien à voir avec les services de renseignement américains, parce que Téhéran ne s’en est jamais caché. Le vrai enseignement à tirer du rapport, selon lui, est la nécessité de rééquilibrer la politique américaine en recourant davantage aux leviers diplomatiques et économiques. "C’est la validation de la voie du milieu, entre aller se coucher... et la stratégie du ’bombardons-les tout de suite’."

Du même auteur :

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Peter Baker et Robin Wright - Washington Post, le 4 décembre 2007 : A Blow to Bush’s Tehran Policy
Via le Courrier international


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