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Annapolis : Une presse palestinienne sans illusions

mercredi 28 novembre 2007 - 06h:33

Le Courrier international

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Même chez les journalistes palestiniens qui approuvent le principe de ce sommet, le scepticisme est de mise.

“Les Palestiniens veulent que la conférence d’Annapolis aboutisse à des résultats pour un règlement définitif. Ils souhaitent donc aborder les questions fondamentales : les frontières de leur futur Etat, Jérusalem, la question des réfugiés, l’avenir des colonies, l’accès à l’eau, la sécurité. Ils veulent également des garanties internationales pour une application effective des décisions selon un calendrier précis. Du côté des Israéliens, c’est tout le contraire. Ils se contenteraient bien d’une déclaration de grands principes dont chacun pourra faire la lecture qu’il voudra”, estime l’ancien ministre et universitaire Ahmad Majdalani sur le site palestinien AMIN.

“Si la conférence est une simple opération de relations publiques de l’administration Bush, ses maigres résultats ne convaincront personne. La participation des Palestiniens et des Arabes nuira à la crédibilité des modérés. Nous ne verserons donc pas de larmes si elle devait être annulée.” Mais Israël s’ingénie à “fermer toutes les portes à un règlement politique. Le gouvernement a repris les fouilles sous l’esplanade des Mosquées, a confisqué des terrains autour de Jérusalem et a annoncé la construction de milliers de nouveaux logements dans les colonies. Le vice-Premier ministre Elie Yishaï refuse absolument toute négociation sur Jérusalem-Est.

Le ministre de la Défense Ehoud Barak érige la sécurité nationale en priorité des priorités et multiplie les incursions, tueries, arrestations et barrages, désormais sous-traités à des entreprises de sécurité privées à caractère fasciste. Et le Premier ministre Olmert dit que les négociations pourraient durer pendant vingt à trente années. Quant à Condoleezza Rice, elle fait sienne l’explication israélienne concernant la route entre Jérusalem et la colonie de Maaleh Adoumim, censée ?améliorer la circulation des Palestiniens’, alors qu’en réalité elle coupe la Cisjordanie en deux et rend la vie impossible à de nombreux Palestiniens”, s’indigne Miftah, le site de l’ancienne députée Hanane Achrawi. “Faut-il accepter le cadre israélo-américain de cette conférence ? La réponse est non, sans aucun doute. Mais refuser ce cadre-là ne veut pas dire boycotter Annapolis. Car les Palestiniens seront une fois de plus accusés d’avoir raté une occasion.”

Dans les colonnes d’ Al-Ayyam, le principal quotidien de Ramallah, Mohammad Abdelhamid s’en prend à ceux qui “refusent la négociation et rejettent les accords déjà signés”. Il vise notamment la Syrie, qui a convoqué un contre-sommet dans le but de “faire échec au complot” d’Annapolis, d’“affirmer le droit du retour des réfugiés et [de] justifier la lutte armée comme principale forme de résistance. Qu’ils nous disent donc comment construire le rapport de force susceptible de traduire leurs exigences dans la réalité. S’ils ne cherchent qu’à préserver la pureté de la cause, cela se respecte, mais cela ne relève pas de l’action politique.

S’ils ne cherchent qu’à lancer des slogans à tort et à travers dans un état d’esprit d’opposition primaire, ils font un cadeau généreux à l’occupant, qui ne cherche qu’à nous diviser. Ils disent compter sur l’acquisition de la bombe nucléaire par l’Iran, dont le président, Mahmoud Ahmadinejad, a promis de ?libérer toute la Palestine’ et d’ assurer la défaite totale des Américains en Irak. Or, si la résistance irakienne a remporté des victoires, elle a plongé le pays dans une guerre civile destructrice. Ce n’est pas un Etat irakien en lambeaux qui va faire pression sur Israël.” “Cette conférence relève du surréalisme postmoderne”, tranche pour sa part l’intellectuel palestinien Khaled Hroub dans le quotidien panarabe Al-Hayat.

“Israël dit ouvertement qu’il ne discutera d’aucun des points essentiels, et les Palestiniens y vont quand même. Israël affirme que sa sécurité est plus importante que l’Etat palestinien, et les Palestiniens y vont quand même. Israël veut que tous les pays arabes soient présents à la conférence pour donner l’impression que les seuls à poser problème sont les Palestiniens et que leur cause n’est qu’une bricole sur le vaste agenda du Moyen-Orient. Et les Palestiniens y vont quand même. Pour sortir de ce nihilisme postmoderne, il ne faut pas participer à une conférence vide de sens qui ne fait que malmener davantage nos droits.”

Le Courrier international, le 22 novembre 2007


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