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A quelles compromissions Abbas est-il prêt ?

mardi 6 novembre 2007 - 07h:48

Khalid Amayreh

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Checkpoint d’Howara, l’apartheid au quotidien pour la population palestinienne - Photo : AP

Il y a de véritables craintes que Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité Palestinienne [AP], tout en recherchant la paix avec Israël puisse mettre en danger les droits fondamentaux des Palestiniens.

Selon des proches d’Abbas, le président serait disposé à faire des concessions de grande ampleur vis-à-vis de l’état ségrégationniste israélien sur trois questions essentielles :

1. La première concession concerne le droit primordial au retour pour presque cinq millions de réfugiés, déracinés de leurs maisons et villages par l’entité terroriste israélienne en 1948, puis ensuite refoulés et dispersés partout dans le monde.

Abbas paraîtrait disposé à accepter le point de vue israélo-américain, devenu également le point de vue français, selon lequel en aucune manière les réfugiés ne pourront retourner dans leurs maisons, la plupart du temps détruites et rasées ou aujourd’hui occupées par les immigrés juifs importés de partout dans le monde afin de réaliser le projet sioniste.

Selon les médias israéliens, Abbas a suggéré à plusieurs occasions aux dirigeants israéliens qu’il n’insisterait jamais sur le retour des réfugiés vers Israël proprement dit et qu’un retour symbolique de quelques dizaines de milliers d’entre eux, voir moins, suffirait.

Le 28 octobre, Sari Nusseiba, un protégé d’Abbas, a été cité par le journal colonialiste The Jerusalem Post, comme ayant déclaré que les Palestiniens seraient disposés à marchander le droit au retour contre un retrait israélien sur les frontières de 1967.

2. La deuxième concession majeure d’Abbas à l’égard d’Israël consisterait à céder de grandes parts de Jérusale-est, en particulier les zones de colonies juives établies après 1967. Celles-ci incluent les principales implantations coloniales telles que Ma’ale Adummim, Har Homa, et autres colonies.

Le président de l’OLP [Organisation de Libération de la Palestine], qui a agit et s’est comporté comme un dictateur en usant de décrets, est apparemment disposé à l’échange de ces zones colonisées pour des territoires palestiniens occupés en 1948, probablement dans le désert du Negev. Inutile de dire que ce serait comme abandonner une perle contre un morceau de charbon.

3. La troisième et autant scandaleuse concession qu’Abbas considère pourtant comme inoffensive est la reconnaissance qu’Israël est le pays des juifs, pour les juifs et par les juifs.

Si c’est exact, et on ne peut donner à Abbas le bénéfice du doute, alors le Président de l’AP commettrait la pire des folies et la pire de toutes les trahisons.

Tout d’abord, Abbas n’a aucun droit de triturer cette question qui est la plus primordiale et qui touche un nerf sensible chez chaque homme, femme et enfant palestiniens.

Abbas et ses porte-parole bien mis mais crédules peuvent arguer du fait qu’en tant que président élu, il a le droit d’être en pourparlers avec Israël et même de parvenir à un accord de paix avec cet état.

Mais c’est un faux argument facilement refutable. Abbas n’a jamais fait savoir dans sa campagne électorale en 2005 qu’il marchanderait le droit au retour. Eut-il dit quoi que ce soit de pareil, non seulement il n’aurait pas été élu, mais il aurait même pu se faire liquider par son propre parti le Fatah.

De plus, Abbas a été élu par un faible pourcentage des 10 millions de Palestiniens estimés. En effet, le nombre d’électeurs ayant voté pour lui n’a pas excédé 5% des Palestiniens.

En conséquence, risible et folle est sa prétention de disposer d’un mandat donné par les Palestiniens pour sacrifier des droits palestiniens au profit d’une paix qui marquerait une reddition pure et simple à l’hégémonie sioniste.

En effet, le droit au retour est sanctionné par le droit international et par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui déclare que chaque personne ayant quitté sa maison pour quelque raison que ce soit a un droit inhérent à retourner chez elle.

En outre, si les réfugiés n’ont aucun droit de retourner dans les territoires occupés en 1948, dans Israël proprement dit, alors en utilisant la même logique ils n’auront aucun droit de retourner dans les territoires occupés en 1967, alors que dans les deux cas le rapatriement est sanctionné par des résolutions spécifiques des Nations Unies.

Quant à Jérusalem, on se demanderait ce qui adviendrait de la capitale de la Palestine lorsque l’essentiel sera usurpé par les sous-produits de 1948, à savoir les colons juifs.

Et quelle genre de paix ce serait si le nettoyage ethnique et l’expansion coloniale devaient être gagnants ? Ce ne serait pas la paix, ce serait la legitimisation et la perpétuation d’un acte de viol ; et si Abbas acceptait cela pour prouver sa bonne volonté face à George Bush et Ehud Olmert, les masses palestiniennes ne l’accepteront certainement pas.

Troisièmement, les dirigeants israéliens ont déjà indiqué qu’Abbas était prêt à reconnaître Israël comme état juif.

C’est probablement la gaffe politique la plus scandaleuse et la plus stupide que n’importe quel politicien palestinien pourrait commettre. La raison en est très simple : reconnaître Israêl comme un état juif implique qu’Israël, probablement à un certain moment dans le futur, aurait le droit d’expulser ses citoyens palestiniens pour la raison qu’Israël est un état juif et que ceux-ci ne sont pas juifs. En fait, le parlement [la Knesset ] israélien débat déjà des lois racistes qui dépouilleraient les non-juifs de la citoyenneté israélienne s’ils refusaient de reconnaître la suprématie juive à l’égard des citoyens non-juifs.

Mahmoud Abbas, ses sbires et ses petites-mains peuvent reprendre l’absurde incantation israélienne selon laquelle Israël est démocratique et juif, ne comprenant pas ou peut-être comprenant trop bien, ce qui serait bien plus effroyable, que toutes les fois qu’il y a n’importe quelle parcelle d’incompatibilité entre le terme « juif » et le terme « démocratique » dans cette formule fallacieuse, le premier prendra le pas sur le second. Est-ce que cela ne s’est pas déjà produit ?

En outre, on pourrait vraiment se demander de quel droit politique ou moral Abbas penserait devoir parler au nom de presque 1,5 million de Palestiniens qui sont des citoyens israéliens. Sont-ils orphelins, ou mineurs, ou dépourvus de dirigeants, qu’Abbas doive s’exprimer en leur nom sur une question de ce type qui est une question de vie ou de mort ?

C’est un question stratégique de première importance pour tous les Palestiniens, particulièrement de l’autre côté de la ligne verte, qui rend impératif pour les dirigeants arabes en Israël --- le cheik Ra’ed Salah, Ahmed Teibi, Muhammed Barake, Taleb Sani et d’autres --- de prendre la parole et d’avertir Abbas qu’il se taise et cesse de mettre en danger leur futur et leur survie.

Je termine par un mot destinés aux dirigeants israéliens et à leurs subalternes américains : vous devriez vous rendre compte que les Palestiniens sont différents des autres peuples Arabes. Nous ne suivons pas timidement nos représentants ; ce sont eux qui doivent nous suivre, et s’ils ne le font pas, nous nous débarasserons d’eux.

Du même auteur :

- Une paix supposée
- Ramper sur les mains et les genoux
- Echanger des perles contre des queues de cerises

29 octobre 2007 - Ma’an News Agency - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.maannews.net/en/index.ph...
[Traduction : AIO - Info-Palestine.net]


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