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Une OLP parallèle ?

samedi 3 novembre 2007 - 20h:20

Khaled Amayreh - Al Ahram Weekly

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La conférence de Damas pourrait bien opter pour « des organismes alternatifs » pour représenter la cause palestinienne.

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Juillet 2006, manifestation à Qalqilya contre les incursions israéliennes dans Gaza - Photo : MaanImages/Khaleel Reash

L’Autorité Palestinienne (AP) basée à Ramallah a déployé des efforts effrénés pour bloquer « la conférence nationale » que l’opposition dirigée par le Hamas projette d’organiser à Damas pour marquer leur rejet de la prochaine conférence convoquée par les Etats-Unis à Annapolis dans le Maryland et programmée pour novembre ou début décembre. La conférence dans la capitale syrienne devait avoir lieu le 7 novembre mais elle a été remise à plus tard, afin de pouvoir coïncider avec la conférence d’Annapolis.

Le président de l’AP, Mahmoud Abbas a demandé la Syrie d’annuler la réunion qui doit se tenir sur deux jours, expliquant qu’elle ne fera qu’aggraver les divisions internes palestiniennes et affaiblir sérieusement la position palestinienne à Annapolis. Il a expédié plus tôt cette semaine trois de ses conseillers dans la capitale syrienne afin de tenter de convaincre le président syrien Bashar Al-Assad d’interdire la réunion. Les officiels syriens ont clairement fait savoir que la Syrie ne participera pas à la conférence d’Annapolis à moins que l’occupation des hauteurs du Golan par Israël ne soit à l’ordre du jour.

En plus du Hamas, plusieurs organisations palestiniennes projettent de participer à la conférence de Damas dont le Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP), la deuxième composante de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) après le Fatah. La participation du FPLP est significative parce qu’elle indique la fin à l’unité qui prévalait dans l’OLP contre le Hamas depuis la prise de contrôle de ce dernier sur la bande de Gaza à la mi-juin. Abbas ne peut plus revendiquer le plein support des organisations de l’OLP dans sa longue épreuve de force avec le Hamas.

Il y aura aussi parmi les participants le FPLP-Commandement-Général basé à Damas et dirigé par Ahmed Jibril, et l’organisation du Jihad islamique dirigée par Ramadan Abdullah Shallah. Farouk Al-Qaddumi et Hani Al-Hassan, deux des principaux responsables du Fatah, ont annoncé leur participation en signe de protestation contre ce qu’ils nomment « la ligne d’Abbas » et « sa dépendance envers l’Amérique et Israël ».

En plus des factions organisées, près de 700 Palestiniens et divers intellectuels Arabes pourraient suivre la conférence, donnant à la réunion une crédibilité encore plus forte comme moyen de s ?exprimer sur les questions nationales.

Selon ses organisateurs, la conférence cherchera à réaffirmer des principes nationaux palestiniens et l’opposition à « la tentative de liquidation de la cause palestinienne », en particulier du droit au retour des cinq millions de réfugiés palestiniens.

« La conférence mettra les responsables palestiniens et arabes, les intellectuels et les politiciens face à leur responsabilité historique et nationale qui est de ne de ne pas donner de couverture politique aux projets américano-israéliens de liquider la cause palestinienne à Annapolis, » a déclaré Mohamed Nazzal, membre du bureau politique du Hamas. [Cette conférence] vise également à mettre au premier plan l’unité nationale comme pierre angulaire de la lutte pour la libération, et c’est pourquoi, selon Nazzal, le Fatah prétend que la réunion approfondira les divisions et devrait être annulée car « hypocrite » et « manquant de sincérité ».

« Abbas et ses sbires craignent que la conférence de Damas n’offre une alternative à l’OLP, ce qui explique leur acharnement à vouloir faire annuler la réunion. »

Les organisateurs affirment que les pressions américaines exercées sur Abbas pour qu’il fasse des compromissions sur des questions telles que le statut de Jérusalem et le droit au retour font de la conférence de Damas « une urgence nationale ».

« La direction de l’OLP dans Ramallah ne représente plus les Palestiniens pour deux raisons : d’abord, cette direction est prisonnière de l’occupation israélienne et a perdu tout semblant d’indépendance et de liberté de décision qu’elle a pu avoir dans le passé, et en second lieu, la direction de l’OLP est non élue, antidémocratique et anachronique, comptant pour faire valoir sa légitimité sur des structures périmées et la plupart du temps désignées, » explique à « Al Ahram » Hassan Khreisha, un député du Conseil législatif palestinien.

Khreisha a fait savoir qu’il sera possible de suivre la conférence de Damas par le biais de deux réunions, une dans Gaza et une en Cisjordanie, pour mettre davantage en lumière ce qu’il décrit comme étant « une farce » — c’est-à-dire les efforts déployés par les Etats-Unis pour pousser à un accord entre Israël et Abbas dans lequel le droit au retour pour les réfugiés palestiniens — entre autres questions — serait effacé.

Le 28 octobre, le « Jerusalem Post » citait Sari Nusseibeh, un protégé d’Abbas, disant : « nous marchanderons le droit au retour contre le retrait israélien aux frontières de 1967. »

La conférence de Damas, d’après des sources proches des organisateurs, pourrait bien opter pour « des organismes nationaux alternatif et parallèles » s’il s’avérait clairement que le courant dans l’OLP soutenu par les Etats-Unis et basé à Ramallah persistait à éviter « le consensus national palestinien ». Les institutions parallèles pourraient comprendre un nouveau Conseil National et un nouveau Comité Exécutif, offrant une alternative à l’actuel courant de l’OLP basé à Ramallah et dirigé par Abbas.

Le quotidien israélien « Yediot Aharonot » cite une « principale personnalité palestinienne », sans donner son nom, comme ayant déclaré qu’il est maintenant essentiel qu’un nouveau président soit choisi pour l’OLP. Abbas, explique-t-il, n’a jamais été formellement élu après la mort de Yasser Arafat il y a maintenant trois ans, et la conférence pourrait par conséquent désigner une personnalité indépendante comme président alternatif de l’OLP.

Défendant sa position face aux critiques de plus en plus fortes, Abbas continue à insister sur le fait que l’OLP a le droit d’engager des pourparlers avec Israël. Il nie vouloir faire des concessions importantes vis-à-vis d’Israël à Annapolis et affirme que n’importe quel accord de paix qu’il pourrait conclure devrait être ensuite ratifié par une majorité de Palestiniens.

« Tout accord sera appliqué seulement après qu’il ait été ratifié, que ce soit par un référendum où chacun y compris le Hamas pourra exprimer son point de vue, ou par un vote favorable du Conseil National Palestinien (CNP) qui représente les Palestiniens, » a déclaré Abbas.

Mais Khreisha estime que sous sa forme actuelle le CNP est loin de représenter les Palestiniens et est « incompétent » pour décider de questions qui déterminent le futur. « C’est un conseil sénile non élu et nommé par Yasser Arafat. Il est amorphe, et nous ne savons même pas de combien de membres il dispose réellement. Le CNP est à peine plus qu’une plaisanterie. »

Du même auteur :

- Echanger des perles contre des queues de cerises
- Une paix supposée
- Ramper sur les mains et les genoux

2 novembre 2007 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2007/869...
Traduction : Claude Zurbach


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