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Les déclarations d’ElBaradei sur CNN provoquent l’ire de Washington

mercredi 31 octobre 2007 - 06h:09

Maurin Picard - Le Temps

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Le chef de l’AIEA appelle à la modération avec Téhéran.

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Mohamed ElBaradei

Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Mohamed ElBaradei, a déclenché une nouvelle polémique en affirmant dimanche soir sur CNN que rien ne permettait d’accuser l’Iran de chercher à se doter de l’arme nucléaire.

« Je n’ai reçu aucune information sur un programme nucléaire militaire concret et en activité à ce jour, a déclaré le chef de l’agence en charge de la lutte anti-prolifération nucléaire, établie à Vienne. [...] Il y a toujours beaucoup de points d’interrogation. Mais avons-nous vu en Iran les éléments nucléaires qui peuvent être rapidement transformés en arme ? Non. Avons-nous vu un programme actif de militarisation du nucléaire ? Non. »

Avouant son inquiétude à propos des préparatifs militaires américains autour du golfe Persique, le chef de l’AIEA a averti du « désastre » que représenterait une confrontation, réitérant sa conviction que « la seule solution durable réside dans la négociation et les inspections ». « Nous ne pouvons continuer à verser de l’huile sur le feu », a-t-il ajouté, faisant allusion à la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, qui a accusé ce mois-ci l’Iran de « mentir » sur le but véritable de son programme nucléaire et d’avoir « trompé l’AIEA » sur ses intentions.

Les Etats-Unis ont par ailleurs inscrit le corps des Pasdaran (Gardiens de la révolution islamique) sur la liste des organisations soutenant le terrorisme, et annoncé qu’ils envisageaient de promulguer des « sanctions unilatérales » contre Téhéran. La Grande-Bretagne et la France pourraient leur emboîter le pas, l’impasse se prolongeant au Conseil de sécurité des Nations unies, où Chine et Russie s’opposent à un troisième volet de sanctions contre l’Iran, malgré le refus du régime islamique de suspendre l’enrichissement d’uranium.

Tour d’ivoire

Les propos de Mohamed ElBaradei ont suscité le courroux des chancelleries occidentales, favorables à une intervention militaire contre l’Iran, tandis que le ministre israélien des Affaires stratégiques, Avigdor Lieberman, prédisait sombrement : « La preuve qu’ElBaradei cherche est probablement le champignon atomique que chacun sera en mesure de voir dans le ciel. »

Le torchon brûle depuis des années entre le chef de l’AIEA et l’administration Bush, qui avait tenté d’empêcher par tous les moyens sa réélection à la tête de l’agence en janvier 2005, en vain. Deux ans plus tôt, Mohamed ElBaradei avait affirmé devant le Conseil de sécurité qu’il n’existait « aucune preuve de l’existence d’armes de destruction massive en Irak ». Cette intervention avait été vécue comme un camouflet impardonnable par la Maison-Blanche. Lassé de ces escarmouches, le haut fonctionnaire d’origine égyptienne a fini par se renfermer dans ses bureaux surplombant le Danube comme dans une tour d’ivoire, se coupant même de ses propres services, fermement convaincus, eux, que l’Iran cherche à se doter de la bombe.

Mohamed ElBaradei doit remettre le 12 novembre son dernier rapport sur l’état du programme nucléaire iranien, avant la réunion du Conseil des gouverneurs, l’organe exécutif de l’agence, prévue pour le 22 novembre. Le numéro deux de l’AIEA, Olli Heinonen, est de son côté arrivé hier à Téhéran, dans le but de faire toute la lumière sur les « questions [encore] en suspens » : le devenir des 3000 centrifugeuses P1 de Natanz, destinées à enrichir l’uranium, et le mystère entourant le modèle P2, plus performant, que l’Iran nie avoir jamais cherché à fabriquer, malgré les plans détaillés découverts par l’AIEA lors de ses investigations


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Maurin Picard - Le Temps, le 30 octobre 2007


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