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Irak : descente aux enfers

vendredi 26 octobre 2007 - 06h:50

Nermeen Al-Mufti - Al Ahram Weekly

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L’administration kurde dans le nord s’est félicitée du vote du sénat américain en faveur de la division de l’Irak, estimant ce vote conforme à la constitution irakienne.

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L’Irak est encore et toujours sous la botte de l’occupant américain.

Des foules d’Irakiens se pressaient à la porte de l’ambassade syrienne dans le quartier d’Al Mansour, autrefois élégant, à Bagdad, continuant malgré tout à espérer. L’ONU a demandé à la Syrie de lever les restrictions à l’attribution des visas pour les Irakiens, mais elle n’a pas demandé aux forces américaines d’occupation d’améliorer les conditions de vie en Irak ou de respecter le droit international ; elle n’a pas demandé non plus au gouvernement irakien de cesser de trouver des excuses pour la constante détérioration des conditions de vie dans le pays.

Des centaines d’Irakiens se rassemblent chaque jour devant l’ambassade, espérant trouver un refuge pour leurs familles. La Syrie recevait environ 30 000 réfugiés Irakiens chaque mois jusqu’à ce que des restrictions sur les visas aient été décidées début octobre. Beaucoup d’Irakiens affirment que le premier ministre Nuri Al-Maliki a demandé aux Syriens d’imposer des restrictions sur l’attribution des visas lors de sa visite à Damas en août dernier. Le gouvernement ne répond pas à cette accusation. Il est trop occupé à se dégager des accusations faites par le juriste Radi Al-Radi, le président du Comité Irakien pour la Probité [Iraqi Probity Committee].

Al-Radi a été élu à la tête du Comité pour la Probité en 2004, mais il s’est réfugié aux USA il y a deux mois après avoir reçu des menaces de mort, semble-t-il en provenance d’officiels irakiens. Il a déclaré devant des membres du congrès des Etats-Unis qu’Al-Maliki protégeait ses alliés contre les poursuites dans des cas avérés de corruption. « Al-Maliki a protégé d’une enquête des parents à lui et a permis à des ministres de protéger des employés suspectés d’être impliqués dans des cas de corruption, » a déclaré Al-Radi. Il a également affirmé devant des membres du Congrès que l’Irak avait dilapidé 18 milliards de dollars en raison de la corruption.

Le bureau d’Al-Maliki’s a repoussé les accusations comme étant autant « d’accusations fausses faites pour favoriser les intérêts d’individus bien connus impliqués dans une campagne de presse menée contre le premier ministre. » Le communiqué du bureau du premier ministre est encore allé plus loin, alléguant que « le Président du Comité de Probité a été invité à assister à une réunion du cabinet oùil lui a été demandé de s’attaquer avec force à la corruption, mais [Al-Radi] s’est concentré sur des cas mineurs de corruption et des questions administratives en dehors de sa juridiction, tout en refusant de voir les principaux cas d’irrégularités financières, ceci en faveur de quelques cercles et figures politiques. »

Le communiqué poursuit : « les critiques formulées par le président du Comité pour la Probité constituent seulement une petite partie de la campagne de presse dans laquelle il s’est engagé. La campagne est financée par certaines figures politiques qui louent les services de compagnies de relations publiques pour salir la réputation d’Al-Maliki. » Il y a quelques semaines, la pression irakienne locale a publié un rapport, d’abord édité par le Washington Post selon lequel l’ancien premier ministre Iyad Allawi avait loué les services d’une des principales agences américaines de relations publiques avec comme objectif de discréditer Al-Maliki.

Alors qu’un rapport publié par l’Office américain de Responsabilité Gouvernementale [US Government Accountability Office] explique que la capacité des ministères irakiens à se construire connait des difficultés liées au manque de personnel compétent et à l’infiltration des milices dans les principaux ministères, Al-Radi a indiqué au congrès que 31 employés de son comité avaient été assassinés. Le représentant californien Henry Waxman qui présidait la session s’est demandé si le gouvernement de Maliki n’était pas trop corrompu pour réussir. Waxman a estimé que les efforts des Etats-Unis pour résoudre la crise étaient inefficaces, suggérant que le gouvernement américain pouvait vouloir dissimuler les actes de Maliki.

Les différents entre Al-Radi et Maliki ont fait surface après qu’Al-Radi ait accusé Qais Al-Saidi, un allié de Moqtada Al-Sadr et président du Comité Parlementaire de Probité, de participation dans des marches pétroliers douteux. Al-Saidi a exercé des représailles, accusant Al-Radi de corruption et exigeant sa parution devant le parlement pour être interrogé. Bien qu’Al-Radi ait fait savoir que parmi les 31 enquêteurs assassinés au sein de son comité 21 étaient de ses parents, la police n’a pris aucune mesure pour enquêter sur les meurtres.

En attendant, une crise s’est déclenchée suite à l’arrestation par les forces américaines, à Al-Suleimaniya début septembre, de Mahmoud Ferhadi présenté par Téhéran comme un homme d’affaires iranien. L’Iran a exercé des représailles en fermant ses passages frontaliers avec l’Irak du nord, un geste qui a n’a fait qu’empirer les pénuries alimentaires en Irak.

Le parlementaire irakien Mohamed Al-Deini a expliqué à Al-Ahram Weekly que l’homme arrêté par les forces américaines en Irak le 3 septembre était un général important dans la garde révolutionnaire iranienne. « Son nom est Mahmoud Farhadi et il est le commandant du camp de Zafar utilisé par les brigades iraniennes Al Quds. Il a été arrêté dans son bureau privé de Darbandakhan à Al-Suleimaniya, un bureau qu’il a mis en place il y a quatre ans. Le bureau est situé à proximité du service des valeurs mobilières de l’Union Patriotique du Kurdistan, l’organisation de Talabani. » Al-Deini a indiqué que Farhadi a été arrêté après que les Américains aient conclu un accord avec les Kurdes qui leur ont promis « plus d’appui dans leurs secteurs ».

David Petraeus, le commandant des forces américaines en Irak, a accusé l’ambassadeur iranien en Irak, Hassan Kazemi-Qomi, d’être un membre des brigades Al Quds. Parlant à partir d’une base américaine à la frontière iranienne, Petraeus a indiqué que l’immunité diplomatique de Kazemi-Qomi ne permettait pas qu’il soit interrogé par les Américains. Kazemi-Qomi, qui a été nommé ambassadeur en Irak en mai 2006, est le premier à représenter l’Iran en Irak depuis 1980.

En attendant, l’armée des Etats-Unis affirme avoir tué 25 membres de la garde révolutionnaire iranienne lors d’une incursion dans le village de Jizan dans Diyala à la frontière iranienne la semaine dernière. La police irakienne a révélé de son côté qu’il y avait des civils parmi les victimes.

Alors que les Etats-Unis continuent d’accuser l’Iran de fournir les milices irakiennes en armes et en explosifs, Mowaffaq Al-Robeie, conseiller national de sécurité en Irak, estime que les Américains devraient cesser de provoquer l’Iran car ces tensions rendaient la vie plus difficile aux Irakiens.

Un jour après que les Américains aient affirmé que Moqtada Al-Sadr était rentré d’Iran (les partisans d’Al-Sadr nient le fait qu’il ait jamais quitté l’Irak), Sadr a signé un accord avec Abdul- Aziz Al-Hakim, chef du Conseil Suprême pour la Révolution Islamique en Irak (SCIRI). L’accord appelle « à épargner » le sang irakien et à préserver les intérêts nationaux.

Signé le 23e jour du Ramadan, le communiqué indiquait que « en accord avec la tradition sacrée du Ramadan, afin de renforcer nos relations, sauvegarder les intérêts islamiques et nationaux plus élevés, et ramener le pays vers des rivages plus sûrs, nous avons convenus d’épargner le sang irakien et de nous abstenir de le verser en n’importe quelle circonstance, et indépendamment de la foi, parce que les carnages violent tous les codes religieux et moraux. » Toujours selon le communiqué, un comité de niveau plus élevé et ayant des représentants dans tous les gouvernorats sera formé « afin d’éviter la sedition et pouvoir contrôler n’importe quel trouble possible ».

Cheik Hamid Al-Saeidi du SCIRI a déclaré que l’accord intervenait après « une escalade significative » dans diverses régions d’Irak et particulièrement dans le sud. Cheik Salah Al-Obeidi du groupe de Sadr a dit de son côté que l’accord apportait la preuve de la « sagesse de Moqtada Al-Sadr et de son désir d’éviter des différents avec d’autres groupes. »

Parmi d’autres nouvelles, l’administration kurde dans le nord s’est félicitée du vote du sénat américain en faveur de la division de l’Irak, disant que ce vote était en accord avec la constitution irakienne. Les Kurdes réclament maintenant une conférence dans Irbil pour discuter du fédéralisme tout en accusant ceux qui se sont opposés au vote du sénat d’être chauvins et mal inspirés. Les partis Arabes et Turkmènes ont appelé au boycott de ladite conférence.

Des sources proches du Front Irakien de Kirkuk, une alliance de partis et de personnalités opposés à l’annexation de Kirkuk par les Kurdes, déclarent que « les discussions à propos du partitionnement sont une étape vers la division du pays. » Anwar Biraqdar, président du Parti Turkmène de la Justice, a mis en garde contre « tout accord reprenant un plan de partitionnement ».

Après la publication de rapports faisant état de tortures et de viols dans les prisons, Tareq Al-Hashemi, vice-président et responsable du Parti Islamique d’Irak a entamé un tour des centres de détention dans le pays. Il a visité la prison des femmes à Bagdad où il a fait part du choc qu’il a éprouvé en constatant le manque de service médical approprié.

« La visite a révélé une situation complexe, épineuse et tragique, en commençant par le type appliqué de détention et en finissant avec les conditions qui se dégradent dans la prison en ce qui concerne la santé et les autres services, » dit un communiqué publié par le bureau d’Al-Hashemi.

Deux femmes sont mortes en prison suite à l’absence de service de santé, ajoute le rapport. Quelques détenus sont retenus comme otages afin que des pressions soient exercées sur leurs conjoints pour qu’ils se livrent aux autorités. Une prisonnière a dit avoir été condamnée à mort sans même avoir été interrogée. Une autre qui est directrice d’école a dit avoir été arrêtée alors qu’elle recherchait son fils qui a disparu depuis un an.

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11 octobre 2007 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2007/866...
[Traduction : AIO - Info-Palestine.net]


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