Yigal Amir

« Un héros désintéressé au service de son peuple. » C’est en ces termes qu’un film produit par un mystérieux Comité pour la démocratie présente Ygal Amir, l’assassin d’Yitzhak Rabin en novembre 1995, quelques mois après que ce dernier eut conclu les accords de paix d’Oslo avec Yasser Arafat. Objectif ? Obtenir un raccourcissement de la peine du condamné à la perpétuité puis, à moyen terme, sa libération anticipée.

Selon le calendrier civil, le 12e anniversaire de l’assassinat du premier ministre défunt tombera le 4 novembre prochain. Mais selon le calendrier religieux juif, la commémoration se déroulait mardi. C’est cette date qu’a choisie le Comité pour la démocratie pour lancer une campagne en Israël ainsi que dans certains cercles américains et européens. Au programme : la diffusion à 150000 exemplaires d’un DVD, la création d’un site internet, des mailings de récolte de fonds, ainsi que la location de panneaux publicitaires et d’encarts dans les journaux.

Figures de l’extrême droite

Selon le Shabak (la Sûreté générale israélienne), le comité organisateur de la campagne n’est qu’un paravent derrière lequel se cachent une série de figures connues de l’extrême droite radicale. On y retrouve aussi bien Ariel Zilber (un grand nom de la chanson israélienne qui a milité contre le démantèlement des colonies juives de Gaza) que Noam Federman, un colon de Hébron arrêté à plusieurs reprises pour sa participation à des attentats anti-palestiniens.

Deux sondages publiés la semaine dernière montrent cependant que 30% des Israéliens sont favorables à la libération anticipée de l’assassin alors qu’ils n’étaient que 10% en 1996. En réaction, la police de l’Etat hébreu a rendu publique la bande-vidéo de l’interrogatoire d’Ygal Amir dans lequel celui-ci passe aux aveux. « Regrettez-vous votre geste ? », demande un enquêteur. « Dieu m’en préserve, je voulais mettre fin à la politique néfaste d’Yitzhak Rabin », répond le tueur.

Sollicité par Kol Israël (la radio publique), le ministre de la Sécurité intérieure, Avi Dichter, a en tout cas promis « de se battre pour qu’Ygal Amir finisse ses jours en prison ». Quant à la Fédération générale des étudiants et aux mouvements de jeunesse, ils préparent des manifestations dans les principales villes du pays « pour défendre la démocratie contre la violence politique ».

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Serge Dumont - Le Temps, le 24 octobre 2007