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USA : contestations à vos risques et périls

dimanche 7 octobre 2007 - 07h:12

Cecilie Surasky - Muzzlewatch

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Certains se servent de leur identité juive comme d’un bouclier et d’un gourdin. Ils travaillent avec diligence à faire taire ceux qui mettent en doute la politique inconsidérée des gouvernements israéliens et américains.










Une campagne sans précédent d’intimidation et de censure


L’an dernier, j’avais accepté de parler de mon organisation, « Une voix juive pour la paix », et de notre opposition à l’occupation israélienne, à un groupe de jeunes juifs. Notre entretien devait faire suite à un autre qui avait lieu avec l’un des membres de l’ « American Israel Public Affairs Commitee » (AIPAC), qui se nomme lui-même le « lobby pro-israélien d’Amérique ».

Une semaine plus tôt, un directeur de programme, bouleversé, m’avait déclaré qu’un responsable de l’AIPAC menaçait d’obtenir l’annulation du financement de l’ensemble du programme des jeunes si j’étais autorisée à y participer. La menace a eu son effet, dégoûté, il a décommandé la rencontre.

Les experts se querelleront certainement pendant des années à propos du nouveau livre explosif des professeurs Stephen Walt et John Mearscheimer, « Le Lobby pro-israélien », qui s’en prend à la désastreuse politique US au Moyen-Orient conduite par un réseau flou d’individus et de groupes pro-israéliens. Mais le livre, et les réactions qu’il a provoquées, ouvrent une autre controverse : étouffer tout débat sur le soutien inconditionnel US à la politique israélienne.

Pourquoi l’occupation de plus en plus agressive de la terre palestinienne par Israël, une occupation de 40 années, est-elle régulièrement en débat dans les principaux médias à l’étranger, y compris en Israël, et pas ici ? Et pourquoi y a-t-il un silence presque total dans les interventions des candidats aux présidentielles sur les dollars qui subventionnent cette occupation et le soutien diplomatique étasunien qui la rend possible ?

Dans une société construite sur la libre confrontation des idées, comme l’on fait remarquer Walt et Mearsheimer, on peut trouver la réponse du côté de tous ceux qui se sont autoproclamés vigiles, tels qu’Abraham Foxman de la « Ligue anti-diffamation », ou le professeur de droit de Harward, Alan Dershowitz, qui se servent de leur identité juive comme d’un bouclier et d’un gourdin. Ils travaillent avec diligence à faire taire ceux qui mettent en doute la politique inconsidérée des gouvernements israéliens et américains.

Les critiques non juifs, jusqu’à l’ancien président Carter, sont dénoncés comme antisémites. Une colère spéciale est réservée aux dissidents juifs qui sont stigmatisés comme « se haïssant eux-mêmes » ou comme des « marginaux », pendant que les Américains musulmans et arabes sont allègrement salis et même accusés de crimes pour soutien au terrorisme.

Stupéfiés par une telle asphyxie de la contestation, nous avons décidé de monter un site web, Muzzlewatch, pour suivre les incidents. Juste comme nous le lancions, le professeur Joel Beinin, des Etudes Stanford sur le Moyen-Orient, voyait son invitation à une rencontre avec un lycée annulée, 24 h avant.

Après une campagne sans précédent d’ingérence extérieure dans le fonctionnement interne d’une université, campagne animée par Dershowitz, le professeur Norman Finkelstein a vu sa candidature rejetée par l’université DePaul pour sa critique de la politique US/israélienne. L’anthropologue palestino-américaine Nadia Abu El-Haj est confrontée à une campagne politique qui s’oppose à sa candidature à la faculté Barnard.

Même Walt et Mearsheimer, qui bénéficient d’une grande audience, ne pouvaient avoir meilleure confirmation que le lobby agissait pour étouffer la contestation quand un dirigeant, embarrassé, du Conseil des Affaires mondiales de Chicago les a informés que leur intervention prévue était annulée. (Ils étaient intervenus devant le Conseil des Affaires mondiales de Dallas/Fort Worth le 17 septembre). Apparemment, parce qu’Abraham Foxman n’était pas disponible ce jour-là pour « équilibrer » le débat. (A l’origine, ils avaient été invités par le Conseil. Le débat n’a pas été reporté.)

De nombreux groupes qui avaient débuté par l’importante tâche de combattre le véritable antisémitisme comptent aujourd’hui sur l’antisémitisme pour démontrer qu’exprimer son amour des Juifs passe par un soutien sans critiques à Israël. Ils sont surtout mécontents de ces Juifs qui croient qu’il n’est bon pour personne de permettre les violations israéliennes des droits humains des Palestiniens.

A moins de s’affronter à ce climat d’intimidation, les Américains continueront à ne pas avoir accès à l’information et aux opinions indispensables à l’élaboration d’une politique efficace pour le Moyen-Orient, garantissant pratiquement qu’Israël et les Etats-Unis prôneront la guerre pendant de nombreuses années encore.


Cecilie Surasky est directrice de la communication de « Une voix juive pour la paix ».


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Dans une société construite sur la libre confrontation des idées,
certains se sont autoproclamés vigiles...




Du même auteur, sur le site Muzzlewatch :

- "Archbishop Tutu barred by U. of St Thomas because of criticism of Israel".

3 octobre 2007 - Muzzlewatch, traduction : JPP


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