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Levez le siège imposé au Hamas !

vendredi 28 septembre 2007 - 13h:01

Ahmed Yousef

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Bien que passant largement inaperçu dans le discours américain sur la question, beaucoup a été dit et écrit pour dénoncer le régime de sanctions imposé aux administrations du gouvernement du Hamas depuis sa victoire retentissante lors des élections au Conseil Législatif palestinien (PLC) en janvier 2006.

Ces appels et rapports prouvent avec une logique implacable que le régime de sanctions est erroné et mal inspiré et, aussi important, que ces rapports sont une réaction à la pression excessivement intense que l’administration des USA a exercée sur d’autres pays pour les pousser à boycotter et assiéger un gouvernement démocratiquement élu par le peuple et punir les Palestiniens pour leur choix démocratique.

Le Quartet a suivi cette campagne d’isolement contre le Hamas, et adopte dans ce processus les objectifs américano-israéliens dont le but est de délégitimiser le Hamas et de l’empêcher d’exercer son droit de diriger les Palestiniens alors que ces derniers l’aient élu dans le cadre d’un processus électoral transparent et internationalement contrôlé. Une large variété de méthodes sournoises, internes et externes, ont été employées pour miner le gouvernement conduit par le Hamas, y compris la déstabilisation du fragile système politique palestinien.

Le gouvernement des Etats-Unis s’attendait à ce que le premier gouvernement du Hamas tombe au bout de trois mois. Comme cela ne s’est pas produit, Washington à délégué à une faction à l’intérieur du Fatah la responsabilité de renverser le gouvernement d’Ismail Haniyeh dans le but de réinstaller au gouvernement le Fatah. La capacité du Hamas à gérer les affaires a été entravée, en fait paralysée, par les pressions occidentales qui ont été elles-mêmes renforcées par la collaboration des puissances régionales aussi bien que par des acteurs palestiniens locaux.

Dans chacun de ses rôles, comme gouvernement et comme mouvement politique, le Hamas a essayé d’éviter les haines et effusions de sang, parfois avec l’aide de la délégation égyptienne de sécurité qui était présente dans Gaza et d’autres fois en coordination avec d’autres groupes palestiniens. Pourtant toutes ces tentatives se sont brisées sur le mur de fer des sanctions internationales, des machinations et intrigues locales, et des jeux des diverses puissances.

Dans le Fatah, l’hostilité à l’égard du Hamas et de sa victoire n’est pas universelle. Quelques membres du Fatah reconnaissent la légitimité du gouvernement du Hamas et comprennent la nécessité d’accepter les résultats des élections, sachant combien cela ne peut que consolider et renforcer la démocratie palestinienne et faire avancer les objectifs du nationalisme palestinien et de l’unité nationale.

Aujourd’hui, beaucoup de tentatives sont en cours pour lever le siège qui a été imposé au Hamas, et pour intégrer l’organisation dans le processus politique. Ceux qui sont impliqués dans ces tentatives se rendent compte que le Hamas est un acteur politique principal qui ne peut pas être ignoré ou mis de côté.

Ils savent également qu’aucun progrès politique dans le sens d’un règlement politique ne peut être réalisé sans acceptation du Hamas. De nombreux officiels, organismes et groupes semi-officiels occidentaux et internationaux sont arrivés à cette conclusion, comme cela est largement mis en évidence dans leurs appels répétés pour un engagement actif et dans un sens positif avec le Hamas.

Le 13 août, le Comité des Affaires Etrangères (FAC) de la Chambre des Communes britannique a invité toutes les parties à réaliser des efforts maximum pour former un gouvernement national d’unité dans les territoires palestiniens occupés, incluant le mouvement Hamas. Le rapport recommande aussi que le gouvernement britannique contacte les éléments modérés dans le mouvement.

Le jour précédent, le premier ministre italien, Romano Prodi, a souligné « la nécessité de conduire un dialogue avec le Hamas afin d’aider ce mouvement à évoluer politiquement, en raison du fait que le Hamas est un fait sur le terrain. » Et le 2 août, le Groupe International de Crise [International Crisis Group] a publié un rapport remettant en cause la possibilité d’imposer la loi et l’ordre et de trouver un règlement politique basé sur une solution à deux états en l’absence d’unité nationale parmi les Palestiniens. Ce rapport émet aussi de sérieux doutes sur la capacité du Président palestinien Mahmoud Abbas à fixer un cessez-le-feu avec Israël et à parvenir à un règlement politique en l’absence du Hamas.

Ces tentatives et ces appels n’ont pas été lancés à partir de rien. Au contraire, cela a été précédé par beaucoup de réunions en coulisses dans différentes capitales européennes. Des participants occidentaux à ces réunions ont été mis en contact avec les principaux idéologues et responsables du mouvement Hamas. Si ces réunions démontrent quelque chose, c’est que beaucoup à l’ouest croient véritablement que la communauté internationale peut traiter avec le Hamas.

Le Hamas est une partie intégrale du paysage politique palestinien. C’est un mouvement islamique dominant dont les principes sont la démocratie et la participation politique légitime et pacifique sur un pied d’égalité pour tous les groupes palestiniens. Le mouvement a de profondes racines dans divers secteurs de la société palestinienne.

Isoler le Hamas n’est pas une option politique réaliste parce que le mouvement représente un segment très large de la société palestinienne, un fait qui s’est clairement manifesté dans les élections de janvier 2006. L’ancien secrétaire d’état des Etats-Unis Colin Powell a reconnu cela quand il a invoqué dans une entrevue récente avec la radio publique nationale [National Public Radio] la nécessité de trouver une manière de travailler avec le Hamas.

Le Hamas est un rempart face aux idées radicales. Les politiques dont le but est l’isolement ou la marginalization du Hamas non seulement échoueront mais favoriseront également la diffusion d’opinions extrémistes en Palestine occupée.

Permettre au Hamas de participer au processus politique palestinien encouragera la montée en force et le développement d’idées pragmatiques et d’instruments pour l’action politique. Cela permettra également à l’esprit de tolérance, au respect du pluralisme et de la diversité de mieux s’enraciner dans la culture politique palestinienne.

L’occident devrait se demander s’il préfère la modération et le réalisme du Hamas ou le dogmatisme de groupes radicaux qui souscrivent à la théorie de l’affrontement des civilisations.

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Ahmed Youssef

*Ahmed Yousef est conseiller politique du Premier ministre palestinien Ismaïl Haniyeh

Du même auteur :

- Gaza n’est pas l’Algérie
- Engagez-vous avec le Hamas !
- Ce que veut le Hamas

24 septembre 2007 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
[Traduction : IAO - Info-Palestine.net]


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