Un journaliste français en butte à la justice israélienne
mercredi 26 septembre 2007 - 06h:31
Gilles Paris - Le Monde
- Le journaliste de "Paris Match", Jacques-Marie Bourget, à Paris, le 7 avril 2003 (Ph. AP/F. Guillot)
Depuis bientôt sept ans, le journaliste Jacques-Marie Bourget attend réparation. Grièvement blessé au poumon et au bras gauches, le 21 octobre 2000 à Ramallah, en Cisjordanie, par une balle tirée, selon son intime conviction, par un soldat israélien, Jacques-Marie Bourget a porté plainte, en France, pour tentative d’homicide involontaire, soutenu par l’organisation Reporters sans frontières qui s’est constituée partie civile.
Venu en Israël, au début de la deuxième Intifada, pour le compte de l’hebdomadaire Paris Match, dont il était un collaborateur régulier, le journaliste avait été touché alors qu’il se trouvait en compagnie de confrères à proximité d’un carrefour, théâtre d’affrontements réguliers entre l’armée israélienne et de jeunes Palestiniens.
Selon les témoignages d’autres journalistes présents sur les lieux, Jacques-Marie Bourget, frappé aujourd’hui d’une invalidité de plus 40 %, aurait pu être victime d’un tir provenant d’un hôtel surplombant le carrefour et où avaient pris position des soldats israéliens.
L’expertise de la balle restée entre le poumon et l’omoplate et extraite ultérieurement tend à accréditer ces témoignages. Elle a montré qu’il s’agissait d’un projectile de fabrication israélienne pouvant être tiré par les fusils d’assaut M-16 ou Galil dont sont équipés les fantassins israéliens. Une commission rogatoire a été délivrée, le 27 avril 2005, par une juge du tribunal de grande instance de Paris. Les autorités israéliennes se sont gardées d’y donner suite, ainsi qu’à une demande de déplacement de la magistrate.
Le Quai d’Orsay, sollicité à de nombreuses reprises par l’avocat de la victime, maître William Bourdon, a conseillé une saisine directe de la justice israélienne qui, selon les diplomates chargés du dossier, donne "davantage de résultats", ce dont doute l’avocat de Jacques-Marie Bourget.
Le 29 août, William Bourdon a sollicité l’aide du président de la République, Nicolas Sarkozy, pour débloquer le dossier. Quelques jours plus tard, la justice israélienne a signifié officiellement à la juge française qu’elle ne collaborerait pas avec elle dans cette affaire.
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Gilles Paris - Le Monde, le 24 septembre 2007