L’UNRWA ne peut assurer le traitement complet des réfugiés diabétiques
jeudi 9 août 2007 - 15h:24
IRIN
AMMAN - Bien qu’un quart du budget consacré par l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) au matériel de santé soit dépensé en médicaments contre le diabète et les maladies cardiovasculaires, le coût de la statine, un médicament secondaire utilisé pour traiter les complications, est trop élevé.
- Jeune femme palestinienne recevant une injection dans le dispensaire de l’UNRWA installé dans le camp de réfugiés de Jebel Al Hussein, à Amman - Photo : Dana Hazeen/IRIN
Dès lors, les réfugiés qui ont besoin de ce médicament doivent tenter de se le procurer eux-mêmes.
« En Jordanie, quiconque demande à être traité dans un centre de santé dirigé par l’UNRWA pourrait bien risquer sa vie », a estimé Ahmed Abdullah, un réfugié palestinien de 53 ans, qui réside au camp de Baqaa, près d’Amman, la capitale jordanienne. M. Abdullah s’est rappelé qu’il avait failli mourir, faute d’avoir pu obtenir un traitement adéquat.
Quant à Abou Hamdi, diabétique, il se rend régulièrement au centre de santé de Baqaa depuis huit ans. Au cours de cette période, il a eu trois crises cardiaques ; l’une d’entre elles a même failli lui coûter la vie.
« Alors que j’avais suivi un traitement pendant huit ans, plusieurs médecins m’ont appris que les médicaments qu’on me donnait au centre UNRWA étaient insuffisants », a-t-il déclaré.
La statine
Lorsqu’Abou Hamdi, souffrant de douleurs thoraciques, a été emmené d’urgence à l’hôpital, les médecins lui ont dit qu’il aurait dû prendre un médicament du nom de statine - une molécule essentielle, prescrite en même temps que l’insuline pour réduire la quantité de corps gras dans le sang et éviter ainsi les complications graves, et notamment les crises cardiaques.
Quand Abou Hamdi a demandé aux médecins de l’UNRWA de lui donner ce médicament, on lui a répondu que le centre ne le fournissait pas et qu’il devait l’acheter dans une pharmacie privée.
« J’avais mis ma vie entre les mains de ces médecins, mais ils ne m’ont jamais dit que j’avais besoin de ce médicament, quand bien même ils ne l’avaient pas », s’est-il indigné.
Les patients qui souhaitent acheter ce médicament essentiel doivent débourser 56 dollars par mois ; une somme astronomique pour Abou Hamdi, qui lutte déjà pour nourrir ses sept enfants en vendant des légumes au marché du coin.
« Je n’ai pas les moyens d’acheter d’autres médicaments. Je vais devoir continuer à compter sur ce que l’UNRWA me donne. Je n’ai pas le choix », a-t-il déclaré.
Le programme sanitaire de l’UNWRA
Le programme de l’UNRWA en matière de services de santé est essentiellement axé sur la santé de la communauté et pourvoit aux besoins de près de 1,2 million de Palestiniens des camps de réfugiés et des villes des quatre coins du royaume.
Ce programme permet de fournir des services de santé primaire complets aux réfugiés qui y ont droit, et notamment des médicaments préventifs et curatifs, des services en matière de salubrité de l’environnement et un service de planification familiale.
Tous les mois, des dizaines de milliers de patients viennent en masse des camps de réfugiés des quatre coins du royaume pour obtenir des médicaments et des traitements gratuits dans les centres de santé de l’UNRWA.
Les traitements proposés dans le secteur privé sont hors de prix pour bon nombre de réfugiés pauvres, qui n’ont d’autre choix que de s’en remettre à ce que l’UNRWA leur offre.
Plusieurs responsables de l’UNRWA ont admis que l’agence ne fournissait pas de statine aux patients chroniques ni à ceux qui souffraient de maladies de c ?ur. Selon eux, le coût de ce médicament est trop élevé.
« Un quart des dépenses totales de l’UNRWA en matériel médical a été consacré aux médicaments contre le diabète et les maladies cardiovasculaires. Toutefois, il y a un agent de réduction des lipides [la statine], un médicament important utilisé à la prévention secondaire des complications provoquées par ces maladies, qui n’a pas encore été introduit pour des raisons financières », a expliqué Abdullah Qodsi, assistant chargé de communication à l’UNRWA.
’Moralement et juridiquement’ responsable
Selon M. Qodsi, la liste des médicaments à prescrire en priorité par l’UNRWA, mise à jour pour la dernière fois en 2005, est conforme aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Les Nations Unies versent environ 21 millions de dollars par an pour permettre à 24 centres de santé du royaume, situés à Amman, à Zarqa, à Irbid, à Jerash et à Aqaba de fournir des services de santé.
La plupart de ces centres de santé sont situés dans 13 camps de réfugiés palestiniens ; d’autres se trouvent dans des villes rurales ou des grandes villes urbaines du royaume.
Selon les statistiques, l’agence a dépensé plus de 1,2 million de dollars pour traiter les réfugiés dans les hôpitaux publics. L’UNRWA ne possédant pas d’hôpital, elle oriente les cas les plus graves vers les hôpitaux publics.
Selon le docteur Ousama Akeh, président de la Société de lutte contre l’athérosclérose et l’hypertension, qui fait partie de l’Association médicale de Jordanie, l’UNRWA est moralement et juridiquement tenue de fournir tous les médicaments nécessaires aux patients diabétiques et à ceux qui souffrent d’autres maladies chroniques.
D’après le docteur Akeh, tout patient souffrant de diabète doit recevoir de la statine afin de prévenir les caillots sanguins et les crises cardiaques.
« Nous appelons l’UNRWA à se montrer à la hauteur de sa responsabilité, en prodiguant aux patients les meilleurs soins possibles », a déclaré le docteur Akeh.
23 juillet 2007 - IRIN - Vous pouvez consulter cet article à :
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