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Le Palestinien Anass Fouar, réfugié de père en fils

dimanche 1er juillet 2007 - 06h:47

Zineb Dryef - Rue 89

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A l’occasion de la journée internationale des réfugiés, Rue89 a rencontré Anass Fouar, réfugié palestinien en France. Portrait.

Certaines dates sont de celles que l’on n’oublie jamais. Pour Anass Fouar, le 1er janvier 2004 restera associé à son arrivée en France. Ou plutôt à son départ définitif de Syrie. Son histoire familiale toute entière est marquée par l’exil.

Né d’un père palestinien, réfugié d’abord dans le plateau du Golan puis à Damas, et d’une mère syrienne, Anass a grandi dans un pays où on ne lui reconnaissait aucun droit. Pas même celui d’avoir des opinions. Victime de tortures dans les années 90, le jeune étudiant en géochimie a vécu dans la peur : "Je ne savais pas ce qu’était la liberté. Imaginez un monde dans lequel votre mère s’endort tous les soirs en se demandant si vous êtes chez vous ou en prison."

Ce monde existe. En Syrie, en Géorgie, en République démocratique du Congo, au Soudan et ailleurs. Partout, des hommes, des femmes, des enfants fuient leur pays d’origine parce qu’ils n’ont pas le choix : "En Syrie, je suis en danger. Je ne peux pas y retourner."

L’étudiant en philosophie politique, indispensable pour comprendre sa propre histoire dit-il mais aussi parce que son niveau de langue était trop faible pour poursuivre en géochimie, a obtenu son statut de réfugié le 15 février 2007, trois mois après avoir déposé sa demande. Ce statut le protège de son pays natal, où il ne peut être renvoyé, sa vie y étant menacée.

La situation d’Anass n’a rien d’évident. On le dit Syrien, Palestinien. Aucune de ces nationalités ne lui est reconnue. En Syrie, les enfants de mère syrienne et de père étranger ne sont pas considérés comme des enfants du pays. Quant à la nationalité palestinienne, on lui substitue souvent un "indeterminé" sur les papiers officiels...

Qu’importe, Anass se sent palestinien et veut rester en France, où il a fait son apprentissage de la liberté : "J’ai été bien accueilli. On m’a écouté. J’ai pu raconter mon histoire. On m’a accordé l’asile très rapidement." Alors évidemment, Anass est content. "Pour moi. Pas pour les autres, dont l’avenir est incertain en France et qui risquent d’être renvoyés dans des pays où ils n’ont aucun droit."

Trois ans et demi. Trois années que la peur ne fait plus partie de son quotidien. Autant de temps aussi qu’Anass est loin de sa famille. Ses parents, ses frères et soeurs vivent toujours à Damas. Vont-ils venir en France ? Anass se tait. Toute l’histoire des réfugiés est contenue dans son silence. On ne quitte pas sa famille, son pays sans douleur : "La benjamine de la famille avait 16 ans quand je suis parti. Elle doit en avoir près de 20 maintenant. Je ne sais même pas si elle est étudiante ou si elle travaille déjà..."

La terreur infligée à la population est telle que les Syriens, se sentant constamment sous surveillance, pèsent chacun de leurs mots. Ce qui limite considérablement les échanges téléphoniques. Et si rien ne se devine à travers un combiné, Anass parvient à se raccrocher à la voix de sa mère. Elle dort, désormais, sans inquiétude : son fils est chez lui. En France.

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Anass Fouar

Ecoutez l’interview d’Anass Fouar - Dailymotion

19 juin 2007 - Rue89 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://rue89.com/2007/06/19/anass-fouar


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