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Laissez Gaza vivre

lundi 25 juin 2007 - 06h:34

Gidéon Lévy - Ha’aretz

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Gidéon Lévy

Voici l’histoire d’une réussite : Israël et l’Occident ont imposé un boycott à l’Autorité Palestinienne avec l’objectif d’affaiblir le Hamas, et un an et demi plus tard cette brillante politique a donné ses fruits : le Hamas est devenu plus fort. S’il y a une leçon à tirer de ce fiasco, la voici : affamer, assécher et bloquer l’aide ne nuit pas à la conscience et n’affaiblit pas les mouvements politiques. Bien au contraire.

La réalité a réfuté le chorus des experts et des commentateurs qui prêchaient en faveur de la politique du boycott. Cette notion stupide qu’il est possible de renverser un gouvernement élu en appliquant une pression sur une population impuissante a subi un échec total. Le monde a boycotté le gouvernement d’union nationale qui aurait peut-être pu empêcher les scènes violentes à Gaza s’il avait été autorisé à gouverner, et par conséquent nous avons obtenu l’alternative : le contrôle total de Gaza par le Hamas dans un coup d’état, séparant Gaza de la Cisjordanie. Voici donc la mauvaise nouvelle.

Il est possible de faire une liste des erreurs fatales commises par Israël, les Etats Unis et le Fatah, qui ont conduit vers ce qui vient de se passer, mais la question à laquelle nous sommes confrontée maintenant est vers où aller à partir d’ici ?

Allons-nous continuer la politique de boycott jusqu’à ce qu’un gouvernement plus extrémiste et plus dangereux se forme à Gaza, comme le djihad ou Al-Qaïda ? Ou allons-nous prendre en compte le fait que la force ne pourra réussir, qu’il est impossible de revenir au statu quo précédent sur le dos de cette faible population et que nous devons changer de direction ?

Israël et les Etats-Unis sont en train d’embrasser Mahmoud Abbas. Il y a beaucoup d’hypocrisie et de caractère moralisateur dans tout cela. Il n’y pas longtemps il était considéré comme un chef « déplumé ». Toutes ses requêtes et demandes étaient rejetées, l’une après l’autre, et tout était fait pour saper son gouvernement.

Alors qu’est ce qui a changé maintenant ? Il n’y a pas de fondement à prétendre que le discours concernant le besoin de renforcer Abbas est conçu pour nuire au Hamas. Gaza est perdu. Le Fatah n’effectuera aucun retour prochainement à Gaza après que ces chefs aient fui à Ramallah, abandonnant son peuple à la merci de Hamas. C’est très mauvais que le Hamas ait pris le contrôle de Gaza et Abbas doit en effet être renforcé, mais les limites de cette approche doivent être reconnues : les choses ne seront jamais comme avant.

Nous avons maintenant deux Corées : la Cisjordanie comme Corée du Sud et Gaza comme Corée du Nord. Malgré la diabolisation du Hamas et la glorification du Fatah, les deux mouvements sont problématiques. Gaza est tombée comme un fruit mûre dans les mains du Hamas principalement à cause de la différence socioéconomique entre Gaza et la Cisjordanie.

Gaza est plus pauvre, et ainsi est devenue plus radicale. L’idée que la faim exacerbante supportée par ses leur fera changer d’avis et fera d’eux des amoureux de Sion et des Etats-Unis est erronée : cela les rendra de plus en plus radicaux. Il n’y a pas d’alternative à l’adoption d’une approche presque égale aux deux entités qui se sont formées : nous devons les aider toutes les deux. Avec ou sans le Hamas, seulement un Gaza prospère pourra changer sa direction.

Le Hamas essaie maintenant de stabiliser son règne après le coup brutal qu’il a conduit. Les journalistes étrangers qui ont visité Gaza récemment rapportaient qu’il y avait le calme dans les rues, très peu d’hommes armés et de points de contrôle ; et même une directive qui interdit aux hommes de se promener avec les visages masqués. Même les guerres des clans, qui ont divisé Gaza les derniers mois, se sont calmées un peu. Le nouveau commandant de police nommé par le Hamas à Jabaliya, Mohammed Abu Sisi, a déclaré en fin de semaine que ces forces étaient capables, plus que les autres, de mettre un terme à l’anarchie. Apparemment, c’est exact.

Maintenant nous devons aussi demander que la nouvelle direction mette une fin absolue au lancement des missiles Qassam sur Israël et réussisse à relâcher Alan Johnston et Gilad Shalit. S’ils font ceci, Israël et le monde devraient lever le boycott et commencer à permettre à Gaza de vivre.

En Cisjordanie, bien entendu, une série de larges pas en avant devraient être faits sans délai : un cessez-le-feu total, la suppression de tous les points de contrôle internes, et une libération massive des prisonniers. Peut-être rien d’agréable ne sortira de Gaza, mais tous les efforts devraient être déployés pour adoucir l’amère pilule. L’intérêt israélien est de laisser Gaza vivre, même si la direction n’est pas à notre goût.


Du même auteur :

- Tous coupables
- L’examen de fin d’études de Boushra

24 juin 2007 - Haaretz - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.haaretz.com/hasen/spages...
Traduction : IA


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