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La guerre en Irak fait à nouveau croître le nombre de réfugiés

samedi 23 juin 2007 - 09h:03

Frédéric Koller - Le Temps

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Selon le HCR, le nombre de réfugiés dans le monde a augmenté de 14% l’an dernier. L’organisme des Nations unies basé à Genève ouvre ses archives de la Guerre froide.

Triste palmarès que celui dressé par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) : le nombre de réfugiés relevant de son mandat a augmenté en 2006 de 14% pour atteindre presque 10 millions de personnes. Livré mercredi à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, ce chiffre s’explique « en grande partie à cause de la guerre en Irak », précise dans un communiqué l’organisation basée à Genève.

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Réfugiés irakiens fuyant la province de Diyalab

Après cinq ans de baisse, on assiste donc à une inversion de tendance. Le groupe le plus important de réfugiés demeure celui des Afghans (2,1 millions), suivis des Irakiens (1,5 million), des Soudanais (686000), des Somaliens (460000) et des réfugiés originaires de la République démocratique du Congo et du Burundi (environ 400000 chacun).

Hors mandat du HCR, les réfugiés palestiniens (4,3 millions de personnes réparties entre la Jordanie, le Liban, la Syrie et les territoires palestiniens occupés) sont toujours de loin la principale population déracinée. Ils sont sous mandat d’un organisme ad hoc, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa).

Il y a ceux qui doivent quitter leur pays en raison des conflits et ceux forcés de se déplacer à l’intérieur de leurs frontières nationales. Ces « déplacés internes » atteignaient, fin 2006, le nombre de 24,5 millions de personnes, dont 13 millions sont protégés ou assistés par le HCR, un nouveau record. Selon le haut-commissaire, Antonio Guterres, « le nombre de personnes forcées de se déplacer à cause de la violence et des persécutions, ainsi que pour d’autres raisons, devrait encore augmenter à l’avenir ».

Si l’Europe s’inquiète de plus en plus de l’afflux de réfugiés, le HCR rappelle que les principaux pays d’accueil sont au Sud, avec en tête le Pakistan (2,1 millions de réfugiés) et l’Iran, cumulant à eux deux 20% du total mondial. Ils sont suivis des Etats-Unis, de la Syrie et de la Jordanie.

Le HCR vient par ailleurs d’ouvrir son fond d’archives couvrant une partie de la Guerre froide (de 1971 à 1984), à l’initiative du professeur Jussi Hanhimäki, de l’Institut universitaire de hautes études internationales (IUHEI), en partenariat avec le HCR et le Centre de politique de sécurité de Genève (GCSP) avec un financement du Réseau universitaire international de Genève (RUIG). Premier constat : les principaux pays sources ont peu changé. Dès le tournant des années 70-80, l’Afghanistan, l’Irak et le Soudan étaient en tête de liste.

« L’idée est de faire de Genève une base de recherche dans le domaine humanitaire, explique Jussi Hanhimäki. Beaucoup d’organisations ont leur siège ici, mais leurs archives ont peu été utilisées. » Elles serviront aussi bien la recherche historique que le travail des juristes ou celui des décideurs politiques.

Créée au début des années1950 pour gérer la question des réfugiés issus de la Deuxième Guerre mondiale en Europe, la mission du HCR n’est devenue universelle qu’au début des années 1970 dans un contexte de confrontations idéologiques qui explique la politisation récurrente des grandes crises de réfugiés. La méfiance a prédominé dans les pays communistes à l’égard d’une organisation dont les Etats-Unis sont le principal bailleur de fonds. Le Vietnam s’est toutefois accommodé du HCR - et d’agents américains - pour permettre le départ de centaines de milliers de ses ressortissants par pont aérien plutôt qu’alimenter l’exode incertain des « boat people ».

« On est surpris par l’activité diplomatique du HCR, explique Jérôme Elie, le coordinateur de recherche du projet. Il devait souvent garder de bons contacts avec des Etats qui étaient à la fois producteurs de réfugiés et des pays d’accueil comme ce fut le cas de Cuba ou de l’Ouganda. L’équilibre entre critique et coopération était difficile. » Le HCR a également dû lutter pour préserver son indépendance face à Washington, qui refusait de reconnaître comme réfugiés les victimes des dictatures alliées d’extrême droite du continent sud-américain.

Frédéric Koller - Le Temps, le 21 juin 2007


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