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Israël ne veut pas de partenaire, mais tout simplement dominer

samedi 9 juin 2007 - 23h:24

Khaled Amayreh - Al-Ahram Weekly

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Elyahou a invité l’armée à lâcher de façon soutenue un tapis de bombes sur les centres de population de Gaza jusqu’à ce que les Palestiniens soient amenés à une reddition complète.

Avec arrogance, Israël a rejeté les propositions palestiniennes pour un cessez-le-feu réciproque dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, arguant du fait qu’il ne peut y avoir aucune « parité » entre l’armée israélienne d’occupation et les groupes de la résistance palestinienne.

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Manifestation de Palestiniens, face aux soudards israéliens au checkpoint d’Hawara près de Naplouse

Le Hamas, le Jihad islamique et le Fatah ainsi que d’autres groupes armés de moindre importance avaient informé les médiateurs égyptiens qu’ils étaient prêts à stopper toutes les opérations militaires contre Israël si l’état juif acceptait la réciproque en cessant d’assassiner les militants palestiniens.

L’Egypte, qui accueillait des représentants des principales factions palestiniennes, a censément proposé « un accord de cessez-le-feu » baptisé « Gaza d’abord » à la suite duquel un cessez-le-feu mutuel prendrait effet dans Gaza pour être ensuite étendu à la Cisjordanie. Les officiels israéliens ont répondu qu’un « cessez-le-feu » qui limiterait « les activités » militaires israéliennes en Cisjordanie était inacceptable parce que Israël a le droit de protéger ses citoyens contre la « terreur » palestinienne.

Mais ce que dit l’état israélien en réalité, c’est qu’il a le droit de tuer les civils palestiniens en toute impunité et le droit de lancer n’importe quelle opération militaire, indépendamment du fait que les Palestiniens maintiennent ou non un cessez-le-feu. Cette attitude qui s’appuie sur l’abus de puissance est répétée quotidiennement dans des communiqués faits par les politiciens israéliens et les militaires, alors que la brutale occupation, vieille de 40 ans, de la terre et des vies palestiniennes demeure inchangée. Ceci inclut la destruction des maisons et des zones résidentielles, en plus de la détention, sans charges ni procès, de milliers de militants dans des conditions inhumaines pendant de très longues périodes.

Cette semaine, la machine militaire israélienne a tué plus de 13 Palestiniens, y compris deux garçons de Gaza (âgés de 9 et 12 ans [présentés comme « deux jeunes gens » dans une dépêche AFP qui joue ici bien son rôle - N.d.T]) qui recherchaient des pièces de métal pour les vendre pour quelque argent afin d’aider leurs familles, plongées dans la misère par un dur blocus israélien et occidental à l’encontre des territoires occupés.

Comme il fallait s’y attendre, les meurtres n’ont fait sourciller personne en Israël. L’armée israélienne, fidèle à une longue tradition de mensonges et d’inventions pour justifier ses crimes, a prétendu que les deux garçons essayaient d’installer une bombe près de la frontière entre Gaza et Israël. En fait, une part importante de la société israélienne (plus de 40%) exige déjà « la réoccupation » de la bande de Gaza afin d’empêcher les Palestiniens de tirer des fusées Qassam vers Israêl à partir de Gaza. Cependant, Israël continue de facto à occuper Gaza, car l’armée israélienne garde la main sur son aéroport, son port maritime, son littoral et son espace aérien aussi bien que sur tous les passages frontaliers, y compris le point de passage de Rafah [vers l’Egypte]. En réalité, Gaza est littéralement la plus grande prison au monde.

Cherchant à créer une apparence de dissuasion qui découragerait Israël de poursuivre ses meurtres aveugles de Palestiniens, les groupes de la résistance tirent des fusées artisanales Qassam notoirement inefficaces vers des colonies juives à l’est de Gaza, en particulier en direction de la ville de Sderot. Après deux semaines de tirs de fusées Qassam, deux Israéliens ont été tués, alors que plus de 65 Palestiniens, la plupart du temps d’innocents civils, perdaient la vie lors des bombardement israéliens sur les zones d’habitations de Gaza.

L’échec du gouvernement israélien à imposer militairement la soumission des Palestiniens a été source de frustration pour le gouvernement et le public israéliens.
Shaul Mofaz,[criminel notoire et responsable direct du massacre de Jénine en avril 2002 - N.d.T], membre du cabinet d’Ehud Olmert, a réclamé l’assassinat des dirigeants politiques palestiniens et proposé de transformer les civils palestiniens « en prix à payer ».

Mofaz a déclaré à la télévision israélienne ce mardi [5 juin] que plus d’assassinats de politiciens palestiniens, dont le premier ministre Ismail Haniyeh, stopperaient la résistance palestinienne. Mofaz, ancien ministre de la défense, est largement considéré comme le criminel de guerre qui a ordonné le massacre de centaines de Palestiniens, dont de nombreux civils, alors qu’il était à son poste de ministre de 2003 à 2006.

Cette semaine, un appel particulièrement indigne recommandant l’assassinat des Palestiniens est venu de Mordechaï Elyahou, l’ancien rabbin en chef en Israël.
Dans la presse en hébraïque, Elyahou a invité l’armée à lâcher de façon soutenue un tapis de bombes sur les centres de population de Gaza jusqu’à ce que les Palestiniens soient amenés à une reddition complète.

« S’ils ne cèdent pas après que nous en ayons tué 100, alors nous devrons en tuer 1000, et s’ils ne cèdent pas après que nous en ayons tué 1000, alors nous devrons en tuer 10 000. S’ils ne s’arrêtent toujours pas après que nous en ayons tué 10 000, alors nous devrons en tuer 100 000, même un million, tout ce qu’il faudra pour qu’ils cessent. »

Le rabbin originaire d’Irak et qui a des centaines de milliers de disciples, a argumenté en disant que sauver les vies juives, y compris celles des soldats, avaient la priorité sur la survie des non-juifs même civils.
Les remarques d’Elyahou sont nullement marginales ou isolées : elles reflètent très bien le discours de plus en plus en vogue dans la société israélienne qui a glissé vers le chauvinisme Talmudic.

Dans le même temps, Amnesty International, groupe de défense des droits de l’homme basé à Londres, a réclamé le déploiement d’observateurs internationaux dans tous les Territoires Palestiniens Occupés, ce qui comprend aussi la Cisjordanie, afin de garantir le respect des droits de l’homme et le droit international. Dans un rapport prêt à être publié et rédigé à l’occasion des 40 ans écoulés depuis qu’Israël a occupé la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-est le 5 juin 1967, Israël est dénoncé par l’organisation londonienne pour sa persécution systématique à l’encontre des Palestiniens.

Le rapport, intitulé « Endurer l’occupation : Les Palestiniens sous état de siège en Cisjordanie » détaille les crimes israéliens et les violations des droits de l’homme, dont la construction du prétendu mur de séparation en Cisjordanie qui a pour effet de transformer de facto les centres de population palestinienne en camps de détention.

La plupart des Palestiniens voudraient voir des forces de maintien de la paix de l’ONU ou n’importe quelle force multinationale dans les territoires occupés, dans l’espoir qu’ils fourniraient un minimum de protection face à la terreur quotidienne et au harcèlement imposés par les militaires et les colons israéliens. Cependant, Israël et son protecteur les Etats-Unis ont de concert rejeté cette idée parce que les forces tierces « interféreraient avec la sécurité d’Israël ». En clair, Israël veut rester au-dessus du droit international, une position qui frustre et affaiblit les forces modérées au Moyen-Orient tout en encourageant et renforçant les forces extrémistes telles Al-Qaeda.

En effet, avec l’occupation israélienne vieille maintenant de 40 ans, et avec l’incapacité ou la réticence de la communauté internationale à exercer la moindre pression sur Israël pour mettre fin à l’occupation, beaucoup d’observateurs ici se demandent pourquoi des armées énormes sont mobilisées et des pays envahis afin de traiter des questions relativement mineures, alors qu’on permet au problème immensément grave de la Palestine de s’infecter depuis 40 ans ?

Du même auteur :

- Tentative de destruction du Hamas
- Alors que Gaza brûle...

8 juin 2007 - Al-Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2007/848...
Traduction : [APR - Info-palestine.net]


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