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Al Qods : un tramway pour l’Apartheid

mercredi 6 juin 2007 - 18h:57

Rob Winder - Al Jazeera.net

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Le projet de tramway à travers Al Qods (Jérusalem) renforcera la colonisation de la ville au détriment de sa population palestinienne. Deux compagnies françaises, Alstom et Veolia, sont partie prenante de ce projet ségrégationniste.

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Les travaux sont déjà largement entamés

Le travail de construction est en cours pour un système ferroviaire à travers la ville de Jérusalem (Al Qods), sous le prétexte de soulager les problèmes de circulation de la ville.

Cependant, le projet suscite la colère des Palestiniens, ceux-ci voyant ce tramway comme un élément de plus dans le système de ségrégation.

Selon eux le projet, illégal du point de vue du droit international, renforcera l’occupation de Jérusalem-est par Israêl et servira à légitimer les colonies juives qui seront desservies par ce tramway.

Le conflit, comme beaucoup d’autres dans la ville, a pris un aspect glocal, des militants organisant des poursuites judiciaires et un boycott contre les compagnies impliquées.

Profonde signification

Ce réseau prévu avec huit lignes, la première ligne devant s’ouvrir en 2009, établira une liaison entre les colonies dans Qalandia, à la périphérie de Ramallah, avec celles situées aux sud de Gilo près de Béthlehem.

Ce réseau reliera l’est et l’ouest de Jérusalem, en passant par son centre et en longeant la vieille ville historique, un arrêt devant être construit à la porte de Damas.

Le projet a été conçu, d’après les planificateurs, pour diminuer la circulation automobile au centre de Jérusalem, mais les Palestiniens esztiment qu’il a une signification bien plus profonde.

Ariel Sharon, l’ancien premier ministre, qui a signé le projet en 2005, avait déclaré : « Je crois que ceci doit être réalisé, et quoi qu’il arrive, tout ce qui peut être fait pour renforcer Jérusalem, pour la construire, l’étendre et pour la maintenir pour l’éternité comme capitale du peuple juif et comme capitale unifiée de l’état d’Israël [délire messianique - N.d.T], devrait être fait. »

Et le texte en ligne pour la promotion du projet contient également de nombreuses citations de Theodore Herzl, le fondateur du sionisme moderne, un point remarqué des Palestinians.

Aucune consultation

Shmuel Elgrabli, le coordinateur du projet, indique qu’il ne ne peut pas « répondre à des questions qui touchent la politique » mais affirme qu’il se coordonne avec des « Arabes » au sujet de l’extension du tramway à Jérusalem-est.

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Le réseau établira une liaison entre Qalandia et Béthlehem

Mais Samir Abu Eisheh, ministre palestinien de la planification, est en colère pour n’avoir jamais été consulté.

« Les autorités israéliennes n’ont jamais été en contact avec nous et elles ne sont pas censées procéder au moindre changement dans les territoires occupés, y compris Jérusalem-est. »

« Selon le droit international et les résolutions de l’ONU, procéder à ces changements leur est interdit.
Ce n’est pas à elles de décider ce qui devrait être fait dans des territoires palestiniens - c’est une question palestinienne. C’est notre responsabilité et nous devrions être ceux qui décident et ceux qui réalisent ».

Les terrains sur lequels les voies de chemin de fer seront construites à Jérusalem-est sont achetées en utilisant des ordres d’achat forcés et à une fraction de la valeur du marché, d’après les rapports.

Mais ces voies s’arrêtent aux secteur arabe de Jérusalem-est, comme à celui de Shu’fat, qui héberge le seul camp de réfugiés situé dans les limites de ville, le tramway risquant de représenter un lien potentiel vers le centre de la ville.

Accusation de discrimination

Nadav Meroz, directeur des transport à Jérusalem, rejette n’importe quelle accusation de discrimination dans le projet, disant que le tramway est pour « toutes les communautés de Jérusalem, juives, arabes et chrétiennes ».
Mais les Palestiniens demeurent sceptiques.

Suhail Khalilieh, de l’Institut de Recherche Appliqué de Jérusalem, indique que le tramway est un symbole de la discrimination inhérente à l’occupation depuis 40 ans de la terre palestinienne par Israêl.

« Nous ne savons pas s’ils vont permettre aux Jerusalemites Palestiniens d’utiliser le tramway. »

« Et même s’ils l’autorisent, à la moindre menace sécuritaire ils suspendraient immédiatement le service pour les Palestiniens. Il pourrait même y avoir des stations séparées pour les Arabes et pour les Juifs.
C’est une ségrégation et c’est ce que produit ce genre de système. »

Le droit international est clair sur la question : le projet est illégal

L’article 49 des Conventions de Genève interdit le transfert des populations d’une puissance occupante vers des territoires occupés, ce que le tramway facilitera.

Action

Les groupes pro-Palestiniens se battent contre le projet et une pression est exercée sur les deux compagnies françaises impliquées dans le projet, Alstom et Veoila, qui possèdent la compagnie de rails Connex.

Les deux sociétés font face à une ’action judiciaire de la part de l’association France Palestine Solidarité (AFPS) en vertu d’une loi civile qui indique que des contrats peuvent être annulés s’ils violent « des règles morales ».

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Alstom est mis sous pression par les organisations de solidarité avec la Palestine

Aucune des deux société n’a pu être contactée pour fournir un commentaire pour les besoins de cet article.

Une banque hollandaise, ASN, a déjà vendu sa part de 5% dans le capital de Veiola, disant que le tramway n’était « pas en conformité avec les demandes des Nations Unies de cesser tout soutien aux activités liées à l’occupation par Israël, » rapporte le journal Haaretz.

En Irlande, des projets à Dublin de formation des conducteurs pour le tramway sur un réseau semblable ont été annulés après des protestations de la part de groupes et de syndicats pro-Palestiniens.

Tandis qu’en Suisse les protestations ont pris la forme d’actions directes, avec 40 activistes bloquant l’essai d’un prototype lors d’une exposition commerciale à Genève,
les protestations et les actions judiciaires sont de plus en plus un problème pour les compagnies internationales qui se retrouvent impliquées dans le conflit israélo-palestinien.

Un combat des Palestiniens

Jamal Juma est coordinateur du groupe « Stop The Wall » basé en Cisjordanie et qui mène le combat contre le projet de tramway.

« Où qu’ils soient nous les pourchasserons, » dit-il.
Juma indique qu’une campagne d’action judiciaire lancée par des militants égyptiens a récemment persuadé le parlement égyptien d’annuler un contrat de 32 millions de dollars US avec Veoila dans le pays.

« Nous irons partout dans le monde, partout où ils sont, les pourchassant, » ajoute-t-il.

Le tramway accentue plusieurs des problèmes que les Palestiniens disent venir de l’occupation.
Leur terre a été confisquée pour la construction de colonies illégales et ils souffrent des permanentes restrictions dans leurs mouvements.

Mais le tramway met en évidence leur lutte pacifique contre ce qu’ils appellent un modèle d’oppression et de ségrégation ; il met en évidence également combien ces luttes se situent maintenant au niveau international dans un monde globalisé.

4 juin 2007 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/NR/exe...
Traduction : [APR - Info-palestine.net]

Sur le même sujet : Un tramway français nommé schizophrénie


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