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Au Liban, les civils palestiniens contraints à l’exode

jeudi 24 mai 2007 - 16h:42

D’après AFP

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Tripoli. Ils quittent par petits groupes, hagards, tremblants, le camp palestinien de Nahr al-Bared encerclé par l’armée libanaise. Profitant de la trêve, ils sont évacués vers le camp voisin de Baddaoui, pour s’y entasser dans des écoles et devenir doublement réfugiés. Pauvres parmi les pauvres, ils n’ont pu se presser, comme ceux sortis la veille, dans de vieilles berlines et marchent, les enfants serrés autour des femmes comme des oisillons, vers le barrage de police. Là, des fonctionnaires en civil mais armés de kalachnikovs et portant des gilets pare-balles vérifient les papiers d’identité de tous les hommes et fouillent les sacs.

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Photo Al Jazeera

« Nous avons des listes des membres de Fatah Al-Islam [...] Peut-être pas de tous », explique, sans vouloir révéler son identité, le lieutenant de l’armée qui commande, à l’ombre d’un bâtiment voisin, le détachement chargé de garder la route côtière qui mène au camp, près de Tripoli. « Ceux que nous ne connaissons pas, s’ils s’habillent en civil et prennent un enfant dans les bras, ils pourront peut-être passer entre les mailles du filet s’ils sont palestiniens, admet-il. Mais il y a parmi eux de nombreux étrangers : des Saoudiens, des Jordaniens, des Yéménites. Et ceux-là, pas question de les laisser sortir [...] Ils ne tenteront même pas, je suis sûr. »

Trêve. De dimanche à mardi, de violents combats ­ les pires depuis la fin de la guerre civile en 1990 ­ ont opposé, à Tripoli et à Nahr al-Bared, les militaires libanais au groupuscule islamiste Fatah Al-Islam, faisant 68 morts. Une trêve est entrée en vigueur mardi.

A 46 ans, Riad Ali Khaled, boiteux, édenté, brûlé par le soleil, en paraît vingt de plus. Il tend sa carte de réfugié au policier et ne trouve pas la force de sourire au jeune Palestinien venu, avec quelques autres, attendre sa famille et qui lui lance : « Bienvenue ! » « Nous avons passé trois jours couchés par terre, dans la ruelle entre deux maisons, parce que c’était plus sûr », raconte Riad. Autour de lui, des jeunes filles voilées aux yeux rougis tremblent comme des feuilles. « On espérait que ça allait se calmer, qu’une solution politique allait être trouvée. Lorsque tous les voisins sont partis, et comme cela ne tirait plus, on s’est décidé à se mettre en marche. »

Près de là, Khaled Sleiman, 43 ans, désespère de parvenir à convaincre les soldats de lui laisser faire le chemin inverse. « Mon fils Rami, 11 ans, est seul à la maison ! Quand les bombardements ont commencé, il est parti en courant. On ne l’a plus trouvé. » Ses six frères et soeurs sont à l’abri dans le camp de réfugiés de Baddaoui, à 12 km à l’est de celui de Nahr al-Bared, mais de lui, plus de nouvelles. « On espère que des voisins vont s’occuper de lui et le feront sortir. »

Rafales. De tous côtés, le camp ­ quelques kilomètres carrés coincés entre la Méditerranée et la route menant à la Syrie voisine ­ est dans la ligne de mire des soldats libanais. Des colonnes de transports de troupes blindées, cachées entre les roseaux, attendent les ordres. Sur les immeubles alentours, des tireurs isolés lâchent de temps en temps de courtes rafales, auxquelles rien ne répond.

Sur les toits et les terrasses de ce capharnaüm de béton brut, construit et agrandi dans une anarchie architecturale totale depuis plus de trois générations, nul tireur du Fatah Al-Islam n’est en vue. Parmi les dizaines de réfugiés interrogés mercredi par l’AFP, aucun n’a admis en avoir vu un. Ils font tous le même récit d’enfermement, de terreur et de colère envers l’armée libanaise, accusée d’avoir tiré à l’arme lourde sur une concentration de civils.

24 mai 2007 - Libération - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.liberation.fr/actualite/...


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