Bernie Sanders emporte les voix des arabo-américains et perd celles du lobby juif
dimanche 1er mai 2016 - 07h:56
Hasan Afif El-Hasan
Dans leur tentative de gagner le vote juif et par la même occasion d’obtenir le financement de leur campagne, les candidats à la présidence des principaux partis aux États-Unis affichent leur engagement et leur affection à l’État d’Israël.
- Bernie Sanders est la seule chance pour que les États-Unis sortent d’un face-à-face électoral entre deux composantes de l’extrême-droite
Alors qu’Israël est en train de démanteler la Palestine, de détruire les maisons des Palestiniens et de prendre leur vies, les politiciens prétendants à la présidence ne cessent d’affirmer que les Palestiniens sont voués à la destruction d’Israël.
Le gouvernement américain, les médias et les prétendants à la présidence maintiennent leur support unilatéral à la politique d’Israël, bien que celui-ci ne respecte pas les accords internationaux. Israël a pris la décision de d’étendre son territoire, de mettre en place un système d’apartheid mais également de ne jamais respecter les lois internationales lorsqu’elles s’appliquent aux Palestiniens.
La norme en Israël est de poursuivre la construction de colonies et d’infrastructures totalement illégales en Cisjordanie et à Jérusalem - intégrée à Israël - en refusant aux réfugiés leur droit de retour, en confinant les Palestiniens dans des communes invivables et en les soumettant à une répression sans égale.
À Gaza, la norme est d’imposer à ses habitants une vie misérable en assiégeant cruellement cette bande de terre, les laissant à peine de survivre. Le siège impitoyable et les attaques dévastatrices - à chaque fois suivies d’un accord de cessez-le-feu respecté par les Gazaouis mais dans lequel Israël maintient son blocus - sont ponctués de destructions de terres pour faciliter les tirs à vue sur les Palestiniens.
Israël et ses partisans clament au monde que leur « armée [est] la plus morale au monde », parce qu’elle informe les habitants de Gaza que leurs maisons seront bombardées dix minutes avant, juste avant que leurs vies se voient ruinées. La journaliste israélienne Amira Hass nous rapporte l’enregistrement des avertissements : elle nous décrit comme « un acte de sadisme » d’imposer à des centaines de milliers de civils de quitter leurs maisons devenues des cibles, pour une place tout aussi dangereuse que la leur environ 6 km plus loin.
Il n’y a donc aucun endroit à l’abri de la sauvagerie et du sadisme israélien. Quand les attaques à Gaza sont suspendues et que les Israéliens poursuivent leur politique de vol de terres en Cisjordanie et à Jérusalem, les Gazaouis qui ont survécu aux attaques sont alors libres de retourner dans leur grande prison contrôlée par Israël.
Lorsque les candidats démocrates et républicains ont débattu de la politique étrangère au Moyen-Orient, ils ont rarement fait mention des Palestiniens, sauf comme d’une menace pour Israël, et généralement ils soutiennent les politiques israéliennes les plus inflexibles et minimisent n’importe quel compromis qui puisse nuire à Israël.
Ironie du sort, le premier juif candidat à la présidentielle d’un des partis dominants, le sénateur Bernie Sanders, est le premier qui a osé exprimer sa sympathie envers les Palestiniens lors de ses discours et de son débat avec Hillary Clinton. Le journaliste Zack Beauchamp a écrit : « Bernie Sanders a anéantis un tabou américain à propos d’Israël ». Sanders « a fait quelque chose qui n’a jamais été vu auparavant hier soir, lors du débat sur CNN. Il s’est tenu debout en faveur de l’humanité des Palestiniens ». Il a confirmé que la politique des États-Unis était fausse en ce qui concerne les Palestiniens, et devrait être changée.
Il a également confirmé que les États-Unis devraient jouer un rôle plus important en faveur des droits des Palestiniens. Et il a osé dire que « nous ne pouvons plus être en faveur d’un seul parti (dans la gestion du conflit). Parce qu’il y a deux partis dans ce conflit ».
Sanders a également dit quelque chose qui n’a jamais été entendu auparavant lors des débats présidentiels, comme quoi « Sur le long terme, si nous voulons apporter la paix à cette région qui a été meurtrie par les guerres, nous devons traiter les Palestiniens avec respect et dignité ». Il a argumenté en disant que les attaques d’Israël sur Gaza étaient « disproportionnées et ont mené aux décès d’innocents qui n’étaient pas nécessaires ». Il a également rajouté : « à Gaza, il y a eu plus de 10 000 civils blessés et 1500 tués ». Le sénateur Sanders est un sioniste libéral mais il s’oppose à la rhétorique antimusulmane en faisant la relation avec ce que ses parents juifs ont subi en Europe lors du génocide des juifs.
Selon le journaliste et auteur américain Harry Jaffe, quand Sanders était plus jeune dans les années 80, « il aurait pris occasionnellement parti en faveur des Palestiniens pour qu’ils disposent de leur propre Etat, et que pour cela arrive il faut que les États-Unis ne livrent plus d’armes à Israël ». Qui est donc Bernie Sanders, le septuagénaire new-yorkais qui désire être Président et changer le cours de l’Histoire en mettant l’économie, la justice sociale et l’égalité raciale sous les feux des projecteurs ?
Les biographes de Sanders le présentent comme différent du typique politicien américain qui court à la présidence en donnant aux votant un aperçu rose-bonbon de son passé. Sanders a écrit un livre, Outsider in the White House qui décrit uniquement sa vie politique. Il était en faveur des politiques radicales avant de concourir pour un emploi public lorsqu’il étudiait à l’Université de Chicago et qu’il travaillait dans un kibboutz israélien.
Quand il fait campagne entre « brothuts and sistus » [brothers and sisters en anglais afro-américain], la majeur partie de sa jeune audience est ravie par son appel à « la révolution politique » qu’il imposera s’il est élu en tant que Président. Les deux mots qui décrivent le mieux Sanders dans son histoire personnelle et politique sont « la surprise » et le choc » selon Harry Jaffe. Son audience l’apprécie pour son message et le fait qu’il soit lui-même : juste un homme de Brooklyn en pleine croisade.
La ville de Dearborn, avec une population à 40% d’origine arabe a préféré voté pour Bernie Sanders, un juif, plutôt que pour Hillary Clinton lors des primaires démocrates du Michigan. La victoire de Sanders à Dearborn a été fortement médiatisée au niveau national. Brian Lehrer, Chuck Todd et Lawrence O’Donnell ont été fortement surpris de savoir qu’un groupe prédominant de personnes d’origine arabe et de confession musulmane aient pris le parti d’un candidat d’origine juive.
Le magazine News Week a écrit qu’il s’agissait « d’une autre nouvelle étrange lors d’une élection qui en regorge ». C’est faux ! S’il y’a bien une information étrange, c’est celle que diffusent si largement les médias américains racistes qui stigmatisent les personnes d’origine arabe, accusées d’une soi-disant haine envers les personnes de confession juive juste parce qu’elles sont de cette confession.
Les arabes américains veulent que justice soit rendue aux Palestiniens et ils supportent ainsi politiquement, socialement et économiquement les réformes préconisées par Sanders. Mais les médias les a traités comme un groupe dangereux pour la société plutôt que comme des citoyens civilisés essayant de remplir au mieux leur devoir civique. La prochaine question est : que diront les médias si Sanders perd les votes de Brooklyn ?
* Dr Hasan Afif El-Hasan est analyste politique. Son dernier livre, Is The Two-State Solution Already Dead ? (Algora Publishing, New York), est disponible sur Amazon.com et Barnes & Noble. Il a écrit cet article pour PalestineChronicle.com
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20 avril 2016 - The Palestine Chronicle - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.palestinechronicle.com/a...
Traduction : Info-Palestine.eu - Kanachiwa