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Palestine occupée : quel est le rôle du Jihad islamique dans le soulèvement en cours ?

samedi 21 novembre 2015 - 13h:27

Asmaa al-Ghoul

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Dans le dernier mois, le Jihad islamique a organisé plus de neuf rassemblements dans la bande de Gaza, en appui à l’Intifada qui a commencé au début octobre à Jérusalem-Est et en Cisjordanie.

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Une palestinienne qui soutient le mouvement du Jihad islamique, tient un exemplaire du Coran lors d’un rassemblement dans la ville de Gaza - Photo : Reuters/Mohammed Salem

Dans le passé, le mouvement organisait généralement des rassemblements avec d’autres factions palestiniennes, comme le Hamas et le Front Populaire pour la Libération de la Palestine.

En soutenant et activant à distance l’Intifada, les rassemblements actuels, organisés indépendamment, ne s’inscrivent pas dans le cadre d’une initiative militaire ou d’une confrontation à la frontière, mais en fait, vont au-delà de toute ligne de démarcation imposée par les forces israéliennes. Par exemple, un rassemblement a été nommé le Vendredi des Martyrs d’Hébron Martyrs, ce qui est aussi le reflet de la pratique adoptée par le groupe d’organiser chaque vendredi des marches baptisées de noms de détenus.

Khaled al-Batsh, un dirigeant du Jihad islamique, a déclaré à Al-Monitor : « Il n’y a pas de confrontation le long des lignes d’occupation dans la bande de Gaza, contrairement à la Cisjordanie, car il n’y a pas de barrages militaires tels qu’à Tulkarem et Tarqumia [où les affrontements prennent souvent place]. Nous considérons que notre initiative est politique, pas militaire ».

Le porte-parole du mouvement, Daoud Shihab, a déclaré depuis son bureau dans la ville de Gaza : « Il n’est pas de circonstance de parler de tirs de roquettes depuis la bande de Gaza aujourd’hui. Laissons l’Intifada suivre son cours, dans le cadre de la résistance populaire. » Il a ajouté, cependant : « Mais, en principe, nous n’avons pas exclu l’usage des armes, car nous sommes au cœur d’une action de résistance. Prendre les armes viendra au bon moment ».

Batsh a confirmé ce point de vue, en déclarant : « Ce serait une erreur de croire que Gaza a peur. La résistance ne fait que respecter l’étape actuelle et ses exigences. » Il a poursuivi : « Dans le mouvement du Jihad islamique, nous soutenons cette large forme de lutte qu’est l’Intifada dans Jérusalem et les villes de Cisjordanie. Nous appuyons également les moyens utilisés, dont l’usage des élingues et des pierres, brûler des pneus et utiliser des couteaux. Ce sont des formes de résistance populaire de masse, et nous les respectons et les appuyons car elles remplissent leur rôle ».

Batsh a souligné que toute modification de la forme actuelle de la résistance dépendra de ce que fera Israël. Par exemple, dans le cas d’un meurtre de masse, il y aura une réponse militaire.

Batsch a souligné aussi : « Si nous, le peuple, sommes invités à changer la forme actuelle de la résistance, alors nous sommes prêts à le faire. Mais nous pensons que l’Intifada joue largement son rôle, comme elle a réussi à démontrer la folie d’Israël, avec par exemple les remarques de [le Premier ministre Benjamin] Netanyahu sur l’Holocauste qui ont suscité la réprobation internationale. »

Shihab a ajouté que, à son avis, Israël pourrait tenter de sortir de la crise actuelle par une escalade militaire contre la bande de Gaza, mais le Jihad islamique ne veut fournir à Israël aucune excuse pour intensifier son agression. « Le monde verra alors comment les capacités militaires du Jihad islamique ne se limiteront pas à des roquettes », a déclaré Shihab.

« Si Israël recourt à une escalade, alors nous serons les premiers à répondre aux attaques. Dans ce cas, la trêve qu’Israël n’a pas respectée sera vraiment privée de toute valeur. Nous sommes cependant avant tout désireux que l’Intifada reste dans un cadre populaire. Les fusées sont un outil de la résistance, et la résistance sait quand les fusées doivent être utilisées. Nous, dans le mouvement du Jihad islamique, ne sommes pas des partisans de la guerre à tout prix. »

Les titres récents d’Alestqlal, journal bimensuel du Jihad islamique, ont mis l’accent sur la volonté du mouvement d’afficher clairement son soutien à l’Intifada. Par exemple, un titre daté du 15 octobre disait : « Intifada de Jérusalem : Résiste ! Tes mains sont aussi puissantes qu’un ouragan ! » Le même numéro comprenait une photo de deux jeunes hommes qui lançaient des pierres, et douze autres titres décrivaient et analysaient les événements connexes. Un titre daté du 5 novembre était intitulé : « La volonté du peuple. »

Le message du Jihad islamique a été à la fois clair et fort dans la presse, sur Internet et à la radio. Sa station de radio Al-Quds a diffusé plus de 33 émissions sur l’Intifada en l’espace de 40 jours. Ces actions complètent une série d’autres activités politiques et incitatives organisées par le mouvement.

Batsh a noté : « Il y a des événements quotidiens organisés par le mouvement du Jihad islamique, dont des marches de soutien à l’Intifada dans les districts de la bande de Gaza. Aussi, nous avons demandé aux participants de ne brandir que le drapeau de la Palestine et de porter le foulard palestinien. Nous avons également organisé des réunions conjointes avec d’autres organisations palestiniennes dont le Hamas et le Fatah, et nous avons mis en place un comité spécial composé des organisations nationales et islamiques pour assurer le suivi des activités de soutien à l’Intifada ».

Shihab et Batsh ont tous deux déclaré à Al-Monitor que les jeunes du mouvement sont au cœur de l’Intifada. C’est Muhannad al-Halabi, un membre du Jihad islamique, qui a déclenché l’Intifada avec un coup de poignard et des tirs le 3 octobre, a rappelé Shihab : « En une seule nuit [le 7 octobre], 21 jeunes des cadres du Jihad islamique ont été arrêtés, dont 17 jeunes de la ville d’Hébron. » Il a aussi souligné que l’Intifada n’appartient à aucune faction ou parti, les jeunes aux différentes affiliations politiques affichant une unité absolue.

Hassan Abdo, un analyste politique ayant des liens étroits avec le Djihad islamique, a déclaré que le mouvement rejette la militarisation de l’Intifada mais qu’il est néanmoins en faveur de l’armement des Palestiniens. Il a expliqué à Al-Monitor que porter des armes est une chose différente de la militarisation, car cela crée un environnement plus sécurisé qui empêche l’expansion des colonies et contrecarre le vol complet de la Cisjordanie et de Jérusalem par Israël.

Il a souligné que l’intervention militaire et les tirs de roquettes pourraient affaiblir l’Intifada, dont la principale force se trouve en Cisjordanie et à Jérusalem. Cela pourrait également conduire à une escalade et une guerre possible dans la bande de Gaza, ce qui aurait pour effet d’éloigner l’attention de la Cisjordanie.

« Le mouvement du Jihad islamique est fortement représenté dans l’Intifada et organise de nombreuses marches. En outre, ce sont des jeunes du mouvement qui ont commencé les opérations de coups de couteau, à savoir, Halabi et Moataz Hijazi. Le Jihad islamique a été le seul mouvement qui a utilisé le mot ’Intifada’ dès le début, au lieu de ’soulèvement populaire’ », dit Abdo.

* Asma al-Ghoul est journaliste et écrivain, du camp de réfugiés de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

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11 novembre 2015 - Al-Monitor - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.al-monitor.com/pulse/ori...
Traduction : Info-Palestine.eu - Lotfallah


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