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Un militant d’Hébron a fait voir au monde entier les crimes d’Israël

mercredi 28 octobre 2015 - 09h:28

Ryan Rodrick Beiler

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Le harcèlement et les brutalités de la part des colons sont permanents en Cijordanie occupée comme à Tel Rumeida, quartier d’Hébron où Hashem al-Azzeh est décédé faute de pouvoir accéder à l’hôpital à temps.

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Hashem al-Azzeh récolte les olives de la famille directement en contrebas de la colonie de Tel Rumeida dans la ville d’Hébron en Cisjordanie en octobre 2012 - Photo :
ActiveStills/Ryan Rodrick Beiler

Hashem al-Azzeh, résident d’Hébron et militant contre l’occupation est décédé mercredi après avoir inhalé du gaz lacrymogène tiré par les forces israéliennes.

Selon les médias palestiniens, Hashem al-Azzeh, qui était cardiaque, ressentit des douleurs dans la poitrine tandis qu’il était chez lui dans le quartier Tel Rumeida sous contrôle israélien de la ville d’Hébron en Cisjordanie occupée.

« Il n’y avait aucune chance de pouvoir y faire venir une ambulance, »a dit à The Electronic Intifada Hisham Sharabati, coordinateur du Hebron Defense Committe et travailleur social pour l’organisation des droits de l’homme palestinienne Al-Haq. Les forces israéliennes n’autorisent pas la circulation des véhicules palestiniens dans les rues près de chez lui, qui sont réservées aux automobilistes juifs.

Des voisins ont dû porter al-Azzeh jusqu’en bas de la colline, là où se trouve le poste de contrôle militaire le plus proche, et où se produisaient des affrontements entre forces israéliennes et jeunes Palestiniens.

« Il y avait du gaz lacrymogène dans l’air et l’armée les [al-Azzeh et ses voisins] a fait patienter 10 minutes, »nous a dit Sharabati. « Il avait déjà des problèmes cardiaques, mais son état s’est dégradé dû au gaz lacrymogène et à l’attente au poste de contrôle.

Quand finalement al-Azzeh parvint à un hôpital, il fut déclaré mort à son arrivée. Il laisse derrière lui sa femme Nisreen et quatre enfants, dont l’ainé a 16 ans.

Epouse enceinte agressée

Al-Azzeh vivait dans une partie d’Hébron fréquemment attaquée par les colons israéliens.

« Hashem vivait dans un secteur vallonné où les maisons des colons surplombent la sienne, » nous a expliqué Sharabati.

Comme toutes les implantations israéliennes en Cisjordanie occupée, la colonie Tel Rumeida est illégale selon le droit international. Mais cette enclave en particulier, comprenant des tas de mobile-homes flanqués de postes de contrôle militaires israéliens, abrite des colons parmi les plus fanatiques et les plus violents de Cisjordanie.

Al-Azzeh et sa famille ont subi de la part de ces extrémistes un harcèlement permanent, y compris une attaque au cours de laquelle des colons s’en sont pris à son neveu âgé de neuf ans. Les colons lui ont introduit de force une pierre dans la bouche pour lui broyer les dents, a relaté al-Azzeh dans un enregistrement vidéo.

Lors d’un autre incident, les propres dents de al-Azzeh furent brisées quand des colons ont attaqué sa maison, la saccageant et détruisant le mobilier. L’épouse d’al-Azzeh a, elle, été agressée deux fois par des colons alors qu’elle était enceinte, au cours du premier et du deuxième trimestre de sa grossesse. Elle a fait une fausse couche les deux fois.

Colons fanatiques

« Hashem a tenu un grand rôle en montrant au monde, en montrant à la presse, en montrant aux groupes de solidarité, en montrant à tout visiteur ce qu’est le harcèlement des colonisateurs israéliens dans la ville d’Hébron, » a expliqué Sharabati. « Les colons se livrent à tous ces actes criminels en présence de l’armée israélienne qui ne fait rien pour les en empêcher. »

« Tous ceux qui le connaissaient l’appréciaient pour sa façon de faire passer le point de vue des résidents palestiniens de Tel Rumeida et d’Hébron qui souffrent de la colonisation, » a expliqué Bassam Shweiki, journaliste et membre du Comité de Défense d’Hébron.

« Les colons d’Hébron sont les plus fanatiques des colons d’Hébron, » a-t-il ajouté.

L’un des fondateurs de la colonie Tel Rumeida est un résident né aux Etats-Unis, du nom de Baruch Marzel. Il a été arrêté des douzaines de fois par les autorités israéliennes et son dossier criminel comprend des actes de violence contre les Palestiniens et la police israélienne. Marzel a déclaré au Times of Israël, « Nous devons éliminer d’ici tous nos ennemis. »

Un graffiti peint à la bombe sur le côté d’une école palestinienne près de la maison d’al-Azzeh dit « Gazez les Arabes/JDL. »

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« Gazez les Arabes ! JDL » peint à la bombe sur un mur extérieur de l’école Cordoba près de la rue Shuhada à Hébron, octobre 2012 - Photo : ActiveStills/Ryan Rodrick Beiler

JDL sont les initiales de Jewish Defense League, (Ligue de défense juive) qui fut fondée par le colon de droite Meir Kahane. Kahane a fondé Kach — organisation si raciste et extrémiste qu’elle a été interdite même en Israël et caractérisée de groupe terroriste.

Baruch Marzel, qui a intégré la JDL quand il était adolescent est un partisan virulent de Kahane.

Un autre membre notoire de JDL était le colon Baruch Goldstein né à Brooklyn, NewYork. En 1994, Golstein a tué 29 Palestiniens et en a blessé 125 à l’intérieur de la mosquée Ibrahimi à Hébron avant d’être battu à mort par des survivants.

Suite au massacre, les autorités israéliennes divisèrent la mosquée en deux sections, l’une musulmane, l’autre juive. La tuerie a aussi précipité la fermeture de la rue Shuhada et d’autres quartiers de la vieille ville d’Hébron, infligeant une punition collective aux résidents palestiniens pour les actions d‘un colon extrémiste.

Harcelé pendant la récolte

Le simple fait de rester chez lui était pour al-Azzeh un acte de résistance. Tandis que nombre de ses voisins immédiats sont partis car les fermetures ont quasiment étouffé toute activité économique dans le secteur, lui et sa famille sont restés, accueillant souvent des visiteurs internationaux et partageant avec eux ses récits de lutte.

Ce reporter a été témoin d’un épisode typique de répression israélienne il y trois ans au cours de la cueillette des olives. C’était la première fois depuis cinq qu’al-Azzeh pouvait faire la récolte de ses olives.

En compagnie d’une poignée de volontaires du Mouvement International pour la Solidarité, al-Azzeh a eu vite terminé la récolte du petit nombre de ses oliviers car une grande partie des olives avaient déjà été cueillies par les colons.

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Colons israéliens, parmi lesquels Baruch Marzel, se tiennent à l’entrée du quartier Tel Rumeida en avril 2014 - Photo : ActiveStills/Keren Manor

Comme la cueillette se terminait, des colons ont fait irruption dans la petite oliveraie, prétendant non seulement que les olives leur appartenaient, mais que toute la terre leur avait été donnée par Dieu. Quand les soldats sont arrivés sur les lieux, ils ont séparé les deux groupes et dans le processus ont arrêté un bénévole et deux Palestiniens – l’un d’eux le voisin d’al-Azzeh et l’autre un vidéaste pour le groupe des droits de l’homme israélien B’Tselem.

Même si finalement un officier israélien a reconnu que la terre était la propriété d’al-Azzeh, il lui a intimé l’ordre ainsi qu’à ses compagnons de quitter les lieux pour le reste de la journée. Baruch Marzel se trouvait parmi les colons et regardait d’en haut la scène se dérouler.

Agression typique

Cet exemple de belligérance de la part des colons avec le soutien de l’armée israélienne est typique du harcèlement et des agressions subis par la famille al-Azzeh et beaucoup d’autres Palestiniens à Hébron.

Plus de 50 Palestiniens ont été tués par des tirs des forces israéliennes et lors d’affrontements avec ces dernières depuis le début octobre. Dans le même temps 10 Israéliens ont été tués par des Palestiniens.

« De nombreux Palestiniens sont impliqués dans la résistance à l’occupation, » nous a dit Sharabati. « Il est vrai que certains peut être essayent de poignarder un colon israélien ou un soldat israélien. Mais nous croyons que dans beaucoup d’autres cas les soldats et les colons ont simplement inventé cette excuse après avoir tiré. »

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Une Palestinienne franchit un poste de contrôle israélien proche de la rue Shuhada en février 2015 - Photo : ActiveStills/Ahmad Al-Bazz

La forme de résistance d’ Hashem al-Azzeh était la « lutte sociale, » selon Shweiki : « Lutte par les mots – en donnant à chaque fois que possible de son temps pour expliquer ce qui se passait. »

« C’était un homme simple, mais solide, » a ajouté Shweiki. « IL se prononçait pour la paix partout dans le monde. Il ne revendiquait aucune forme de violence. Mais il voulait vivre en paix sur sa propre terre, chez lui. »

* Ryan Rodrick Beiler est photojournaliste freelance et membre du collectif ActiveStills. Il vit à Oslo, en Norvège.

23 octobre 2015 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
https://electronicintifada.net/cont...
Traduction : Info-Palestine.eu - MJB


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