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Les Palestiniens se battent pour leur vie, Israël se bat pour l’occupation

jeudi 15 octobre 2015 - 13h:11

Amira Hass

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Que nous remarquions qu’une guerre est en cours seulement lorsque des juifs sont assassinés n’invalide pas le fait que des Palestiniens se font tuer tout le temps.

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Ahmad Sharaka, tué à 14 ans d’un tir à la tếte par un soldat israélien, est accompagné par ses proches du camp de réfugiés de Jala, le 12 octobre 2015. (Oren Ziv ActiveStills)

Oui, il s’agit bien d’une guerre, et le Premier Ministre Benjamin Netanyahou, fort du mandat qu’il a reçu du peuple, a donné l’ordre de l’intensifier. Il n’écoute pas les messages de conciliation et de coopération du Président palestinien Mahmoud Abbas en périodes plus calmes, pourquoi le ferait-il maintenant ?

Netanyahou intensifie la guerre principalement à Jérusalem-Est, déchaînant une orgie de punitions collectives. Il révèle ainsi encore plus qu’Israël réussit à couper physiquement Jérusalem de la majorité de la population palestinienne, soulignant l’absence de direction palestinienne à Jérusalem-Est et la faiblesse du gouvernement de Ramallah – qui tente d’arrêter la dérive dans le reste de la Cisjordanie.

La guerre n’a pas commencé jeudi dernier, elle ne commence pas lorsqu’il y a des victimes juives et ne prend pas fin lorsque aucun juif n’est assassiné. Les Palestiniens se battent pour leur vie, dans toute l’acception du terme. Nous, juifs israéliens nous battons pour notre privilège en tant que nation de maîtres, dans toute la laideur du terme.

Que nous remarquions qu’une guerre est en cours seulement lorsque des juifs sont assassinés n’invalide pas le fait que des Palestiniens se font tuer tout le temps, et qu’en permanence nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour leur rendre la vie insupportable. La plupart du temps, c’est une guerre unilatérale, que nous leur faisons, pour les amener à dire "oui" au maître, merci beaucoup de nous garder en vie dans nos réserves. Lorsque l’unilatéralité de la guerre se trouve perturbée, et que des juifs sont assassinés, alors nous lui prêtons attention.

Les jeunes Palestiniens ne se mettent pas à assassiner des juifs parce qu’ils sont juifs, mais parce que nous sommes leurs occupants, leurs bourreaux, leurs geôliers, ceux qui volent leur terre et leur eau, ceux qui les exilent, ceux qui démolissent leur maison, ceux qui bouchent leur horizon. Les jeunes Palestiniens, vengeurs et désespérés, sont prêts à perdre leur vie et à faire une peine immense à leur famille parce que l’ennemi auquel ils sont confrontés leur démontre chaque jour que sa méchanceté n’a pas de limite.

Même le discours est pervers. Les juifs sont assassinés ; les Palestiniens sont tués et meurent. Est-ce vrai ? Que nous ne puissions écrire qu’un soldat ou un agent de police a assassiné des Palestiniens, à bout portant, alors que sa vie n’était pas menacée, ou par le biais d’une télécommande, ou d’un avion, ou d’un drone, le problème ne commence pas là, mais cela en fait partie. Notre compréhension est prisonnière d’un discours censuré rétroactivement qui déforme la réalité. Dans notre discours les juifs sont assassinés parce qu’ils sont juifs et les Palestiniens trouvent la mort et le désespoir, parce que sans doute c’est ce qu’ils cherchent.

Notre vision du monde est façonnée par les organes de presse israéliens qui trahissent en permanence le devoir qu’ils ont de rapporter les évènements, ou en raison de leur manque de capacités techniques ou émotionnelles à intégrer tous les détails de la guerre que nous menons à l’échelle mondiale pour préserver notre supériorité sur la terre qui va du fleuve à la mer.

Pas même ce journal n’a les moyens économiques d’embaucher 10 journalistes et de consacrer 20 pages à rendre compte de toutes les attaques en temps d’escalade et de toutes les attaques de l’occupation en temps de calme, que ce soit des tirs d’armes à feu, la construction d’une route qui détruit un village ou la légalisation d’un poste avancé de la colonisation, ou encore un million d’autres agressions. Tous les jours. Les exemples aléatoires que nous réussissons à rapporter ne sont qu’une goutte d’eau dans la mer et ils n’ont aucune incidence sur la compréhension qu’ont de la situation une grande majorité d’Israéliens.

L’objectif de cette guerre unilatérale est de forcer les Palestiniens à abandonner toutes leurs revendications nationales dans leur patrie. Netanyahou veut l’escalade parce que jusqu’à présent l’expérience a montré que chaque période de calme après que le sang a coulé, ne nous ramène pas au point de départ, mais signifie plutôt un nouveau recul pour le système politique palestinien, et de nouveaux privilèges pour les juifs dans le grand Israël.

Les privilèges sont le facteur essentiel qui faussent la compréhension que nous avons de notre réalité, nous aveuglant. Ils sont la raison qui nous empêche de comprendre que même avec une direction "présente-absente" faible, le peuple palestinien – dispersé dans ses réserves indiennes – ne renoncera pas et continuera de trouver la force nécessaire pour résister à notre expertise criminelle.

11 octobre 2015 - Znet - Vous pouvez consulter cet article à :
https://zcomm.org/znetarticle/pales...
Traduction : Info-palestine.eu - MJB


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