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Un bateau suédois a pris la mer pour tenter de briser le blocus de Gaza

lundi 29 juin 2015 - 06h:52

Patrick Strickland

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Aujourd’hui, un bateau suédois a pris la mer à partir d’un port grec à destination de Gaza malgré les menaces israéliennes de l’empêcher d’arriver.

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Un rassemblement de soutien à la Flottille de la Liberté III s’est tenu à Gaza au début de la semaine - Photo : APA/Mohammed Asad

Le Marianne - c’est le nom du bateau - va tenter de briser le siège qui bloque Gaza depuis huit ans. Cette traversée arrive moins d’un an après l’attaque brutale des Palestiniens de la bande de Gaza par Israël, attaque qui a duré 51 jours.

L’été dernier plus de 2200 Palestiniens, des civils pour la plupart, ont été tués lors de cette attaque à la fois aérienne, terrestre et maritime, des forces israéliennes sur Gaza. La plus grande partie de Gaza est encore en ruines. Dans toute la région, les gens vivent dans des maisons éventrées par les bombardements ou dans de fragiles abris.

A bord du bateau se trouvent des activistes israéliens et internationaux ainsi que l’ancien président tunisien Moncef Marzouki et un Palestinien, membre du parlement israélien, la Knesset. « Ensemble ils vont tenter de briser le blocus illégal de Gaza par une action non-violente », a déclaré la Coalition de la Flottille de la Liberté. Il est prévu que d’autres bateaux, prenant part à cette action, partent pour Gaza.

Basel Ghattas, un Palestinien membre du parlement israélien, a annoncé dimanche qu’il se joindrait à la flottille. Il a déclaré à l’Intifada Electronique : « C’est une décision naturelle. Je suis Palestinien arabe et je dois représenter les intérêts de mon peuple. »

Il a ajouté : « Nous essayons de briser le blocus. Nous voulons attirer l’attention du monde entier sur la situation humanitaire tragique qu’est celle de Gaza. La communauté internationale devrait agir avant qu’une nouvelle guerre n’éclate contre Gaza. »

Des militants assassinés

Israël s’est juré d’empêcher la flottille d’atteindre les rives de Gaza, menaçant Ghattas et les autres activistes. Ghattas a déclaré : « Les Israéliens ont déjà dit qu’ils ne nous laisseraient pas entrer à Gaza et nous avons bien vu, par le passé, qu’ils ont déjà arrêté des activistes, attaqué et pris d’assaut des bateaux. »

En mai 2010, des soldats israéliens ont attaqué une flottille similaire. Les soldats sont montés à bord d’un des bateaux, le Mavi Marmara, dans les eaux internationales. Ils ont assassiné 10 des militants et en ont arrêté beaucoup d’autres. Le mois dernier, des activistes turcs ont fait une marche à Istanbul pour commémorer ces assassinats.

En 2011, Haneen Zoabi, Palestinienne, membre de la Knesset, a été suspendue de ses fonctions au parlement israélien, pour s’être jointe à cette flottille. En début de semaine, parlant de la flottille actuelle, elle a déclaré : « Toute personne normale prendrait part à la lutte contre le siège et emprisonnement de deux millions de personnes sur un morceau de terre. »

Les hommes politiques et les ministres israéliens s’en sont pris à Ghattas dès qu’il a fait part de sa décision. Mardi dernier, une des commissions de la Knesset a voté pour déposer une plainte contre lui.

Yinon Magal, membre de la Knesset appartenant au parti ultranationaliste Habayit Hayehudi (Jewish Home) a accusé Ghattas de commettre des « actes non-démocratiques » et de « ne pas jouer franc jeu » dans le Jerusalem Post de droite.

Menacés dans leur citoyenneté

S’efforçant de détourner l’attention du siège soutenu par Israël et des fréquentes attaques sur Gaza, il a posé la question suivante : « Si vous vous souciez tant du sort de vos frères, où est donc votre flottille à destination de la Syrie ? Vous affrétez une flottille pour Gaza, là d’où on lance des missiles contre Israël. »

Oren Hazan, membre du parti de Benjamin Netanyahu, le Likoud, a incité Ghattas à partir vivre sur la rive ouest occupée s’il avait « du mal à obéir à la loi. » Il a dit : « Si vous ne vous plaisez pas ici, vous n’avez qu’à partir ! »

Au cours d’une séance à la Knesset, mercredi dernier, la participation de législateurs palestiniens à la flottille a été à nouveau abordée lors de la discussion sur la Loi d’Entrée et de Citoyenneté, loi qui interdit aux Palestiniens de la rive ouest d’obtenir une résidence en Israël par le biais du mariage.

Yaron Mazuz, ministre adjoint de l’Intérieur et membre du Likoud, a dit que Haneen Zoabi devrait être déchue de sa citoyenneté israélienne. Il a ajouté : « Nous vous accordons une faveur rien qu’en vous permettant de siéger ici. Des terroristes n’ont pas à siéger ici. »

Mazuz, s’efforçant de donner à l’action de protestation non-violente l’aspect d’une forme de « terrorisme », a poursuivi : « Il est impensable que des gens sortent d’ici pour aller se joindre à des flottilles terroristes contre l’état d’Israël. »

Blocus illégal

Ghattas a dit ne pas être surpris par les attaques israéliennes. « Je m’attendais à ce que le gouvernement israélien fasse un énorme scandale autour de ma décision et qu’il m’accuse d’agir contre Israël. »

« C’est mon devoir et c’est une action politique légitime », a-t-il ajouté. « Je n’ai pas peur car je n’enfreins aucune loi. Cette flottille n’est pas illégale. Ce qui illégal, c’est le blocus de Gaza par Israël et la punition collective infligée à 1 800 000 Palestiniens. »

S’adressant à la station de radio palestinienne al-Shams, Dror Feiler, un activiste solidaire de la cause palestinienne vivant en Suède, a déclaré qu’un des bateaux avait été endommagé par ce qui avait toutes les apparences d’un acte de « sabotage ».

Le Jerusalem Post a rapporté les propos de Feiler : « Nous ignorons qui c’est. Mais cette personne a plongé en profondeur et a saboté l’hélice. Il nous a donc fallu trouver un autre bateau. »

Il a ajouté : « Il y a des forces obscures qui nous mettent tout le temps des bâtons dans les roues. »

Ban Ki-Moon, secrétaire général de l’ONU, a également pris position contre la flottille, disant : « Ce n’est pas cela qui va aider à dénouer la situation dramatique de Gaza. »

Ses commentaires arrivent une semaine après la sortie d’un rapport de l’ONU apportant les preuves que des crimes de guerre ont été commis par Israël l’été dernier lors de l’attaque de sept semaines contre les Palestiniens de Gaza. S’évertuant à respecter un certain équilibre, le rapport accuse aussi des groupes de résistance armés palestiniens d’avoir violé les lois internationales.

Patrick O. Strickland est un journaliste et grand reporter américain indépendant spécialiste des questions de justice sociale et des droits humains au Moyen-Orient et spécialement en Palestine. Il écrit pour de nombreux médias notamment al-Jazira, Alternet, VICE News, Deutsche Welle, Syria Deeply, AlterNet, The Electronic Intifada, GlobalPost, Middle East Eye, Truthout, In These Times, Al-Monitor, Electronic intifada, Socalist Worker etc ...
Son compte Twitter : @P_Strickland_

Du même auteur :

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- Les leçons des élections universitaires à Birzeit - 1er mai 2015
- Grève des Palestiniens d’Israël pour protester contre les assassinats commis par la police - 28 janvier 2015
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- « Personne ne nous fera taire » - 10 novembre 2014

* Traduit de l’anglais par Christine Malgorn – Auteur de Syrie, mon amour. 1860, au cœur de la guerre oubliée, édition Harmattan, 2012 – Voir la vidéo (disponible sur Amazon) ; et de « Bienvenue au Shéol » paru en avril 2015 (disponible en numérique sur Amazon, et en format papier). Consultez son blog

26 juin 2015 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
https://electronicintifada.net/blog...
Traduction : Info-Palestine.eu - Christine Malgorn


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