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Gaza : une scène politique très encombrée

jeudi 18 juin 2015 - 07h:06

Mohammed Othman

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En l’absence d’une loi permettant de régler la vie des partis en Palestine, la bande de Gaza a vu, depuis l’année 2000, l’émergence de dizaines de nouvelles factions.

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Des représentants de diverses factions armées palestiniennes sortent d’une conférence de presse à Gaza, le 5 février 2015 - Photo : Reuters/Suhaib Salem

Al-Saberoon (Ceux qui sont patients) ou Mouvement Hesn, est la dernière des organisations militaires et politiques parmi les factions palestiniennes qui sont apparues sur la scène de Gaza en mai 2014.

Ce mouvement s’ajoute aux dizaines de factions ayant un rôle politique et militaire qui sont nées pour résister à l’occupation israélienne et agir au plan politique depuis l’année 2000 (au moment de la seconde Intifada).

Hisham Salem, un des responsables dans le mouvement Hesn, présente le mouvement comme un mouvement de résistance islamique et politique dont l’objectif principal est de libérer la Palestine, de résister à l’occupation et de servir le peuple palestinien à l’intérieur comme à l’extérieur de la Palestine. Salem précise que le mouvement n’a eu d’autorisation d’aucune autorité pour être opérationnel dans la Bande de Gaza. En fait, Hamas ne considère pas le mouvement Hesn comme illégal, persuadé comme il l’est que les Palestiniens ont un besoin permanent d’initiatives pour la libération par la lutte armée.

« Les mouvements de résistance n’ont pas besoin d’autorisation (pour agir) » a dit Salem à Al-Monitor. « Leur légitimité vient de l’occupation de la Palestine et de notre volonté de résistance pour la libération des territoires palestiniens. »

Salem a précisé qu’une aide financière n’était pas toujours disponible pour ces nouveaux mouvements, contrairement aux factions qui peuvent compter sur des dons faits par des partis arabes et musulmans concernés par la résistance et par les services fournis par ces factions.

« Jusqu’à présent, notre mouvement s’est reposé sur ces partis pour leur soutien et le financement. Mais nous aimerions avoir des relations directes avec des partis soutenant toutes les factions palestiniennes dans leur résistance à l’occupation et nous voudrions recevoir de leur part soutien et argent. L’Iran, le Hezbollah au Liban et certains partis dans des pays arabes et musulmans, tels que l’Arabie saoudite, soutiennent la résistance palestinienne. Nous tapons à toutes les portes afin d’avoir des aides pour notre mouvement » a dit Salem.

Salem a ajouté que le mouvement Hesn attend encore de recevoir des aides financières de la part des partis officiels. Des associations caritatives, qu’il n’a pas nommées et affiliées au Mouvement, travaillent avec diverses associations iraniennes, libanaises et saoudiennes. « Le Mouvement Hesn a obtenu des aides indirectes de ces associations caritatives et il s’en est servi pour aider les pauvres, les blessés, les martyrs (combattants et civils), les familles et ceux dont les maisons ont été détruites. Nous avons également mené à bien des actions charitables par le biais de la société Al-Baqiyat Al-Salihat qui a des filiales dans toute la bande de Gaza. »

Le Mouvement Hesn n’a pas encore annoncé la formation d’une branche militaire à Gaza. Il a cependant fait savoir que, depuis sa création, deux de ses membres sont morts dont l’un a été tué à la frontière israélienne en mai 2014.

Il y a des dizaines de factions politiques et militaires qui agissent sur la scène palestinienne. Les factions placées sous les auspices de l’OLP (l’Organisation de Libération de la Palestine) sont plus de dix. Parmi elles, il y a le Fatah, le FPLP (Front populaire de Libération de la Palestine) et le PPP (Parti du Peuple Palestinien). En plus de ces factions, il y a celles qui sont indépendantes de l’OLP, comme le Hamas, le Jihad islamique et d’autres factions plus petites, comme les PRC (Comités de Résistance Populaire), le Mouvement de Résistance Populaire, les brigades de moudjahidins et le Mouvement Ahrar.

Akram Atallah, analyste politique, a dit à Al-Monitor que les partis palestiniens sont un phénomène normal, issu de la lutte contre Israël et des ingérences extérieures. Certains nouveaux partis sont issus de partis déjà existants, comme par exemple le PRC né d’un groupement de partis palestiniens au début de l’Intifada de l’année 2000.

Atallah explique ce phénomène par deux facteurs : « Il y a tout d’abord l’échec des anciens partis à combler les attentes du peuple palestinien et à leur obtenir des conditions de vie décentes. Il y a ensuite le désir de puissances extérieures, comme l’Iran, d’avoir des représentants en Palestine, car la participation à la cause palestinienne est considérée comme une bonne chose. »

Selon Atallah, les nouveaux partis manquent d’idéologie. « Certains partis, dit-il, sont nationalistes et leur politique et leur culture suivent celles de l’OLP. Mais ces partis diffèrent de l’OLP en termes de gestion et de réalisations. D’autres partis, comme les nouveaux mouvements salafistes sont des forces islamiques qui pensent que le Hamas s’est écarté du droit chemin et ne cherche que le pouvoir. »

Il pense que ces partis palestiniens sont plus un échec qu’une victoire. « Un état de chaos prévaut car n’importe qui peut créer un parti » dit-il. « Mais ces gens violent la loi de base palestinienne qui interdit tout soutien étranger qu’il soit financier ou militaire. »

Selon Mahmoud Abdel Hadi, chercheur et expert en matière de partis politiques palestiniens, il faut qu’on adopte à Gaza un projet de loi sur la gestion de l’action des partis politiques et qu’on fasse appliquer cette loi. Il a fait remarquer que, du fait des Accords d’Oslo et de la présence de l’Autorité palestinienne, il n’y avait pas de procédures légales claires pour créer un parti politique. En conséquence, les factions politiques ont un double rôle, de résistance et politique.

Abdel Hadi a précisé : « Il faut qu’il existe une pluralité politique dans un cadre légal régissant le processus politique. Cette pluralité doit avoir deux aspects : un aspect politique pour ceux qui veulent jouer un rôle à l’intérieur de l’Autorité palestinienne. L’autre aspect concerne la réforme de l’OLP afin qu’elle puisse accueillir divers partis. »

Abdel Hadi pense que si les partis palestiniens n’ont pas de contrôle légal, c’est surtout parce que la Palestine est occupée et il n’existe aucune loi pour les contrôler. Le projet de loi de 2007 concernant les partis politiques n’a jamais été revu. Selon Abdel Hadi, « il est difficile de contrôler l’action militaire de factions au sein de l’occupation. De plus aucune entité n’a jamais pu unifier les Palestiniens accrochés au principe de pluralité. Les factions politiques palestiniennes continueront de s’opposer, ce qui est tout bénéfice pour l’occupant israélien. »

Il y a de nombreuses factions politiques et militaires dans la bande de Gaza. Néanmoins la porte reste grande ouverte pour que s’établissent de nouvelles factions capables de trouver des sources de financement en l’absence d’application d’une loi gouvernementale. Ces nouvelles factions exploitent le besoin qu’a la Palestine d’être libérée.

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* Mohammed Othman est un journaliste de la bande de Gaza. Il est diplômé de la Faculté des médias au département de la Radio et de la Télévision à l’Université Al-Aqsa, à Gaza en 2009.

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* Traduit de l’anglais par Christine Malgorn – Auteur de Syrie, mon amour. 1860, au cœur de la guerre oubliée. Edition Harmattan, 2012 – Voir la vidéo (disponible sur Amazon) ; et de « Bienvenue au Shéol » paru en avril 2015 (disponible en numérique sur Amazon, et en format papier). Consultez son blog.

5 juin 2015 - Al-Monitor - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.al-monitor.com/pulse/ori...
Traduction : Info-Palestine.eu - Christine Malgorn


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