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Le village arabe qu’Israël compte détruire

dimanche 24 mai 2015 - 07h:10

Martin Linton

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Israël est sur le point de détruire un village arabe dans le Néguev pour le remplacer par un village juif. On ne peut attendre que le silence de la part de la communauté internationale, écrit Martin Linton.

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La destruction des villages bédouins est une politique systématique d’Israël. Ici le village de El-Araqib, détruit à plusieurs reprises puis reconstruit par ses habitants

Le village arabe d’Umm Al-Hiran est sur le point d’être détruit par les israéliens pour qu’un village exclusivement juif puisse être construit sur le même site, ce dernier gardera le même nom, Hiran.

Ce village est la demeure de 700 arabes, ils y vivent depuis une soixantaine d’années. L’armée israélienne leur avait ordonné de s’y installer en 1956 sur les ordres d’un commandant de la région du Néguev, et il les avait autorisé à construire un village, à cultiver la terre et à y faire paître leurs moutons.

La semaine dernière, la Cour Suprême israélienne a décidé à deux contre un que l’État se réservait le droit de détruire le village. La proposition du Daphne Barak-Erez a été rejetée, laquelle proposait que les villageois obtiennent une parcelle de terrain pour y construire leurs propres maisons dans le nouveau village.

On s’attend à ce que le tribunal aux alentours de Kiryat Gat approuve les avis d’expulsion à la fin du mois de mai afin de permettre à l’armée israélienne d’y déployer ses bulldozers et nettoyer le site.

En attendant de partir

Trente familles de colons juifs attendent à quelques kilomètres la construction de nouvelles maisons afin d’y emménager.

Les chefs du village arabe ont montré une remarquable patience. Ils ont invité les responsables des colons pour un café afin de proposer un compromis.

Ils ont expliqué qu’il n’y avait nul besoin de destructions ni d’expulsions car il y avait de la place pour les deux. Atwa Abu Alkian a déclaré au nom des villageois :« Nous ne sommes pas contre le fait qu’ils vivent ici, mais nous voulons y rester aussi et vivre ensemble entre voisins ».

Selon eux, il y a beaucoup d’espace - 3,25 millions d’hectares - dans le Néguev, les colons n’ont pas besoin de déménager vers la petite région où ils vivent.

Au moment de la guerre de 1948, les villageois avaient été chassés de leur village ancestral vers une zone plus fertile dans le Néguev occidental pour laisser la place à un kibboutz juif, dans le cadre du plan « faire fleurir le désert ».

Huit ans plus tard, ils ont de nouveau été déplacés de force vers leur emplacement actuel dans le nord du Néguev, moins fertile, où ils ont reconstruit leur village et celui de la sœur d’Atir.

« C’était un désert sans routes, sans eau, sans maisons ni le moindre amménagement. Nous avons construit le village. Nous avons investi dans les maisons, les routes et les canalisations d’eau » a déclaré le cheikh du village : « La vie a été rude, mais nous avons travaillé dur pour développer ce lieu et en faire un beau et merveilleux village ».

Aucun raccordement aux réseaux

Comme tous les autres villages « non reconnus » du Néguev, il n’y a pas de réseau électrique, pas de routes pavées, pas d’eau ni d’installations sanitaires. Ils doivent faire de leur mieux pour acheter l’eau des camions-citernes et utiliser l’énergie solaire.

La raison n’est pas due à l’éloignement du village. Le propriétaire juif d’un chenil à seulement 800 mètres possède toutes ces facilités. Les israéliens font ceci dans le but unique de rendre la vie des villageois arabes plus difficiles, dans l’espoir de les voir partir.

Ce n’est pas non plus une question d’argent. Quand les villageois tentent de paver les routes, les bulldozers de l’armée les détruisent ; lorsqu’ils installent les canalisations d’eau, elles ne sont pas raccordées ; quand ils construisent des maisons en pierre, elles sont démolies. Les Israéliens veulent des constructions provisoires, délabrées, sans valeur.

Ceci permet de faire vivre le mythe israélien, selon lequel, les villageois sont des bédouins nomades qui seraient venus à l’origine d’autres pays. En réalité, bien qu’ils soient tous fiers de leur patrimoine bédouin, il est historiquement prouvé que leurs familles vivent dans le Néguev depuis des centaines d’années.

Et tandis que quelques-uns des villageois s’occupent encore de l’élevage d’ovins selon la tradition bédouine, Umm Al-Hiran compte également des avocats, des enseignants et des médecins parmi ses 700 habitants.

Voilà comment Israël expulse ses citoyens uniquement à cause de leur appartenance ethnique.

Seule la communauté internationale peut sauver le village d’Umm Al-Hiran. Mais, comme toujours, nous ne pouvons attendre que le silence.

13 mai 2015 - Al-Araby al-Jadeed - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.alaraby.co.uk/english/co...
Traduction : Info-Palestine.eu - Lalla Fadhma N’Soumer


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