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Jarrar et Zoabi, la résistance au féminin

vendredi 24 avril 2015 - 06h:42

Majed Abdul Hadi

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Khalida Jarrar et Haneen Zoabi ont consacré leurs vies à lutter contre l’occupation au moment où les hommes censés endosser ce rôle ont passé leurs vies à se quereller et à tout dilapider, écrit Majed Abdul Hadi.

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Haneen Zoabi (à gauche) et Khalida Jarrar (à droite) sont les véritables visages de la résistance palestinienne à travers une vie consacrée à la Palestine

« Les femmes sont les sœurs des hommes » est une expression traditionnelle Arabe héritée de nos ancêtres qui, par cet adage, faisaient des éloges aux femmes.

Cependant, cette expression s’avère souvent injuste car le sens réel qu’elle véhicule attribue en fait les éloges aux hommes même lorsque le compliment revient de droit aux femmes.

En utilisant cette expression aujourd’hui, en tenant compte de la conjoncture que nous traversons, nous remarquons à quel point elle est vraiment injuste envers des femmes positionnées en première ligne de confrontation avec Israël et dotées d’un courage exceptionnel, tandis que leurs soi-disant frères continuent de poursuivre des accords de paix lamentables et voués à l’échec.

Khalida Jarrar et Haneen Zoabi sont deux femmes palestiniennes qui ont consacré et dédié leurs vies à la lutte contre l’occupation israélienne, chacune à sa manière et chacune respectant les circonstances qui l’entourent et les données de sa réalité objective.

Elles ont réussi à faire tomber les masques civilisés de l’occupation, notamment au cours des derniers mois et semaines, et à dévoiler son vrai visage et à révéler son essence-même, à savoir une entité raciste et fasciste désormais trahie par son impuissance devant leur volonté.

Cela aurait été moins surprenant si nous vivions encore dans une ère différente de la nôtre qui observe une chute vertigineuse jamais enregistrée de la cause palestinienne des listes de priorités arabes et internationales. Une ère différente de la nôtre dont la plus grande priorité est désormais les massacres perpétrés par les despotes Arabes contre leurs peuples, accompagnés d’une progression des forces obscures du sectarisme à travers de larges contrées du monde arabe.

Et si les circonstances actuelles participent à dévaloriser le combat palestinien contre l’occupation israélienne au profit des conflits pro et anti révolutions en Syrie, en Egypte, en Libye, au Yémen et en Tunisie, il faudrait être en mesure de se rappeler des priorités et de savoir les placer. L’arrestation de Khalida Jarrar au centre de Ramallah, ville supposée être sous contrôle de l’Autorité Palestinienne (AP) et la placer six mois en détention administrative dans les plus injustes des verdicts en est un rappel [des priorités].

Nous sommes en train de parler d’une femme qui, dès sa prime jeunesse, a pris sur elle le poids de défendre les prisonniers dans les geôles Israéliennes dans le cadre de son travail en tant que directrice de l’organisation Dameer, qui signifie « Conscience. »

Et c’est pourquoi, le peuple palestinien a démontré sa confiance envers elle en l’élisant membre du conseil législatif, en plus de son affiliation au bureau politique du Front Populaire.

Et lorsqu’Israël a émis au mois de septembre dernier un ordre militaire stipulant l’exil de Jarrar à Jéricho sous prétexte qu’elle représente une sérieuse menace sécuritaire, elle a refusé de s’y conformer et a riposté d’une manière qui caractérise sa force en organisant un sit-in de protestation qui a réuni un bon nombre de personnes autour d’elle. Ce fut un message clair aux autorités de l’occupation et un avertissement d’une possible et inattendue révolte populaire à grande échelle.

Ce fut également un rappel que la Palestine était et restera la racine et l’aboutissement, l’unique préoccupation en dépit des conflits qui la rongent, et que toute paix qui prolonge son assujettissement à l’occupation est fallacieuse et que toute résistance qui ne combat pas son occupant est une imposture.

A l’instar de Khalida Jarrar, Haneen Zoabi a courageusement parcouru un chemin semé d’embuches qu’est la confrontation avec Israël. Et c’est au cœur même des institutions Israéliennes qu’elle s’est imposée en réussissant à devenir la première femme à se présenter comme candidate de la Liste Arabe et de ce fait, siéger à la Knesset en 2009.

C’est cette femme qui a suscité la colère de la majorité des Israéliens lorsque, durant la cérémonie d’assermentation, elle a choisi de quitter la Knesset juste avant que l’hymne national Israélien ne soit joué. Convaincue de son acte, elle a déclaré que cette hypocrisie ne la représentait pas.

Sa participation en 2010 à la Flottille de la Liberté pour briser le siège dont souffre la Bande de Gaza a provoqué un tollé en Israël, ce qui a poussé quelques Israéliens à demander la levée de son immunité parlementaire, de la traduire en justice et de l’expulser de son propre pays.

Des groupes de l’extrême droite ont même tenté de l‘empêcher de se présenter aux dernières élections législatives, mais en vain. Les Palestiniens de l’intérieur (la Galilée, le Triangle et le Néguev) ont réitéré leur confiance en sa personne et l’ont réélue afin qu’elle soit cette voix qui défende scrupuleusement leurs droits, et qui restera en travers de la gorge de tout membre de l’élite extrémiste raciste Israélienne, notamment Netanyahu, Lieberman et Eli Yishai.

Dans une époque qu’est la nôtre, où le monde arabe git dans l’obscurité et l’injustice, Khalida et Haneen, des prénoms Arabes qui signifient « Eternelle » et « Nostalgie », sont les protectrices des braises de notre feu et les gardiennes de ce qui reste de nos droits dilapidés par des dirigeants et des généraux qui sont tous des hommes, sans la moindre femme parmi eux.

Etant donné la situation actuelle, permettez-moi de dire haut et fort qu’elles ne sont pas les sœurs des hommes ; ces hommes qui ne sont bons qu’à se mettre à plat ventre devant Israël. Leurs biographies respectives ne suffisent-elles pas à revoir le vieil adage et le reformuler pour qu’un jour, lorsque l’homme parviendra à une action héroïque, soit décrit comme le frère d’une femme appelée Khalida ou Haneen.

*Majed Abdul Hadi : est un écrivain et journaliste palestinien

16 avril 2015 – Al Araby – Vous pouvez consulter cet article en anglais à :
http://www.alaraby.co.uk/english/co...
Traduction : Info-Palestine.net - Niha


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