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Les meurtriers de Paris ne représentent pas l’Islam

jeudi 8 janvier 2015 - 07h:00

Ed Husain - The Guardian

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Les fanatiques d’aujourd’hui sont aveugles à la compassion et aux attentions que le Prophète a manifestées dans sa vie. Leur ignorance doit être abordée de front.

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Rassemblement dans la ville de Lyon, en signe de protestation et de deuil - Photo : AFP/Jeff Pachoud

Le meurtre de journalistes à Paris ce mercredi n’était pas seulement une attaque contre la France, mais aussi une attaque contre l’Islam et les libertés mêmes qui permettent aux 30 millions de musulmans de vivre dans les pays occidentaux.

La liberté d’expression n’est pas un concept occidental : elle est un besoin universel de l’âme humaine. Les hommes armés se sont enfuis en criant qu’ils étaient venus « venger le prophète Mohammed ». Comment osent-ils ? Nous ne pouvons pas laisser les meurtriers représenter l’Islam.

Au sixième siècle, à la Mecque, c’était le prophète Mohammed qui avait combattu pour la liberté de parole, pour proclamer un seul Dieu comme le créateur de la vie et digne d’adoration. Les païens de la ville étaient ses violents persécuteurs.

Aujourd’hui, les musulmans vivent librement dans tous les pays européens en raison des mêmes libertés que les terroristes ont frappées. Sans la liberté de blasphémer et de croire, les musulmans seraient considérées comme des hérétiques et seraient incapables de s’épanouir en tant que communautés de foi dans l’ouest. Les pogroms et guerres de religion dans l’histoire de l’Europe témoignent de ce qu’était la vie sans liberté.

L’Islam et les musulmans sont en sécurité dans l’ouest en raison de la liberté d’expression, de conscience, de presse et de religion. Attaquer ces libertés revient à attaquer l’existence de l’Islam. L’ignorance dangereuse des extrémistes ne se limite pas à leur incapacité à comprendre l’ouest. Ils ne connaissent pas le prophète pour qui ils prétendent tuer.

Ne pouvant observer les règles de l’Islam librement à la Mecque, le Prophète a émigré à Médine. Là, son premier acte fut de construire une mosquée, la structure la plus sacrée pour un croyant. Un homme arabe est entré dans la mosquée et a uriné devant le prophète, ne prenant aucun égard pour le caractère sacré de la mosquée. Comment le prophète a-t-il répondu à cette plus profonde des insultes à l’Islam et à lui-même ? Il a nettoyé la mosquée, empêché ses compagnons musulmans d’expulser l’homme et il a expliqué l’inviolabilité d’un lieu de culte.

Beaucoup de leçons de compassion, de bonté et de soins dans la vie du prophète sont ignorées par les fanatiques d’aujourd’hui. Le fanatisme des jihadistes salafistes peut être contesté et finalement déraciné en les renvoyant au prophète de l’Islam, décrit dans le Coran, comme « une miséricorde pour les mondes ».

Beaucoup dans le monde aujourd’hui demanderaient à juste titre « où est cette miséricorde ? » Ce que nous voyons, ce sont des décapitations, les guerres et les attentats suicides au nom de la religion. Malheureusement, nous continuerons à assister à ce mal si nous ne traitons pas les motivations des tueurs salafistes jihadistes. Ils tuent au nom de la religion ; nous ne pouvons pas répondre en citant les vertus de Darwin, de la laïcité et du matérialisme. La seule langue que ces radicaux comprennent est celle de la religion. C’est en rassemblant le meilleur de la religion que nous vaincrons le pire.

Les meurtres à Paris ne sont pas un incident isolé, mais font partie d’une tendance mondiale des jeunes musulmans désenchantés avec le monde moderne et qui trouvent une consolation dans la théologie et l’idéologie de la charia prise à la lettre, tuant, se vengeant, dominant et imposant leur vision du monde comme une loi étatique. Al-Qaïda, Isis, al-Shabaab en Somalie et d’autres ne sont que des manifestations de cet état d’esprit.

Une bataille des idées fait rage au sein de l’Islam à travers le monde d’aujourd’hui. L’extrémisme, le terrorisme et la guerre sectaire sont des débordements de ce conflit à l’intérieur de la foi théologique. La grande majorité des victimes des terroristes sont des musulmans parce que l’intolérance des fanatiques cible des compatriotes musulmans en premier. Au Pakistan, plus de 40 000 musulmans ont perdu la vie à cause du terrorisme depuis 2001. La violence n’atteint l’ouest qu’occasionnellement.

Lorsque les attentats du 9/11 ont secoué les États-Unis, les musulmans américains se sont rassemblés autour de leur gouvernement, les mosquées ont accroché le drapeau avec les étoiles et les rayures, et le président américain a visité une mosquée pour dire que l’Islam et les musulmans étaient aux côtés de l’Amérique. En Grande-Bretagne, le gouvernement, les médias et les citoyens musulmans ont utilisé la langue de la religion pour délégitimer la violence.

La France a d’excellentes relations avec les pays musulmans, dont le Maroc, l’Algérie, la Tunisie - et des millions de musulmans français qui pourraient aider à exploiter la langue de la religion pour isoler et vaincre les extrémistes salafistes en contrant leurs arguments.

C’est une bataille de messages et de contre-messages. Les djihadistes appellent à un califat, à l’intolérance, à la mort et la destruction gratuite - nous appelons à la vie, au pluralisme, à l’ouverture et à la liberté de religion, de conscience et à la sécurité.

La charia a des objectifs élevés qui sont totalement en ligne avec le monde moderne. Les radicaux sont dans un besoin urgent de rééducation sur l’Islam. Nous avons le poids de 1400 années d’histoire musulmane derrière nous, la grande majorité des savants musulmans et la majeure partie de la population musulmane mondiale.

L’éminent théologien musulman cheikh Abdullah bin Bayyah, de langue française, dit souvent que s’il y a une maison en feu, tout le monde s’active à éteindre le feu. Vous ne demandez pas pourquoi telle ou telle personne porte un seau d’eau. La maison de l’Islam est en feu. L’eau doit être portée par tout le monde, sans distinction de race ou de religion.

7 janvier 2015 - The Guardian - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.theguardian.com/commenti...
Traduction : Info-Palestine.eu - Claude Zurbach


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