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Gaza et le Ghetto de Varsovie

vendredi 25 juillet 2014 - 07h:00

Melvin A. Goodman

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Des communautés civiles terrorisées par l’occupant.

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Gaza, 2009.

Le ghetto de Varsovie était le plus grand de tous les ghettos juifs dans l’Europe sous occupation nazie pendant la Deuxième Guerre Mondiale.
La bande de Gaza est le plus grand ghetto au Moyen-Orient et il figure parmi les parties les plus densément peuplées au monde.

Les Allemands ont fermé le ghetto au monde extérieur en 1940.
Israël s’est désengagé de Gaza en 2005, mais y maintient le contrôle exclusif de l’espace aérien et des eaux territoriales. Il contrôle les mouvements de population et de marchandises dans ou hors de Gaza. Par conséquent, l’Union Européenne et Human Rights Watch ainsi que les agences des Nations Unies considèrent que Gaza reste sous occupation israélienne.

Le chômage a été un problème majeur dans le Ghetto de Varsovie et plus de 100.000 résidents du Ghetto sont morts de maladie ou de faim et de privations.
Le blocus israélien et égyptien de Gaza a dévasté l’économie et causé une pénurie de médicaments et d’équipements médicaux de base.

En 2010, le Premier Ministre britannique David Cameron a dit que « les biens humanitaires et les personnes doivent circuler dans les deux directions. On ne peut pas et on ne doit pas permettre que Gaza reste un camp de prisonniers ».

Il va de soi que les comparaisons ne sont jamais tout à fait concluantes. Parmi les habitants du Ghetto, le nombre de morts résultant de déportations vers des camps de concentration et la destruction du Ghetto ont fait plus de 300.000 victimes. Le Ghetto lui-même avait été entièrement rasé pendant le soulèvement de 1943, quand les Allemands ont brûlé et fait sauter les bâtiments du Ghetto, bloc après bloc, raflant ou tuant tous les rescapés qu’ils ont pu attraper.

Malgré tout, les attaques israéliennes incessantes et compulsivement répétitives de la dernière décennie suggèrent que les Israéliens font payer à d’innocents Palestiniens la sauvagerie des nazis il y a 70 ans.

Les crimes d’Israël contre les Palestiniens, en fait, ont commencé dès 1948 avec la Nakba, le désastre, quand des centaines de milliers de Palestiniens ont été chassés de chez eux au cours de la guerre israélo-arabe. Les Palestiniens sont donc les seuls réfugiés au monde qui ont reçu un statut héréditaire de réfugiés.

Le massacre israélien de Chejaya, avec ces enfants palestiniens porteurs de drapeaux blancs courant pour leur vie devant les tanks et l’artillerie des Israéliens, rappelle le massacre de Varsovie.

Selon un médecin norvégien qui tente d’offrir une assistance médicale à Gaza : « L’impunité israélienne est un important problème médical. Chaque enfant et adulte tué, et toutes les blessures, toutes les amputations sont évitables à 100 %. Ceci est un désastre créé par l’homme, planifié cyniquement et exécuté brutalement par le gouvernement d’Israël ».

Benjamin Netanyahou : de la rage au carnage

Il y a deux facteurs irréfutables qui ressortent de tout examen de la crise à Gaza : l’intransigeance persistante du Premier Ministre Benjamin Netanyahou, et la volonté israélienne de ne pas rechercher une solution diplomatique et politique à la tragédie palestinienne.

Dans le sillage d’une longue tradition des politiciens israéliens, Netanyahou est en faveur de l’humiliation totale du peuple palestinien. Il est également disposé à humilier la seule nation dans le monde qui accepte de soutenir les Israéliens par une assistance militaire et économique – les Etats-Unis. Netanyahou a ignoré les appels des Etats-Unis à cesser la construction illégale de colonies en territoires occupés, et Israël va jusqu’à annoncer le calendrier des nouvelles implantations en présence de hautes autorités étatsuniennes en Israël, notamment le Vice-Président Joe Biden.

Netanyahou s’est toujours opposé au prétendu processus de paix et il s’attribue le mérite particulier d’avoir détruit le processus d’Oslo. En 1997, au cours de son premier mandat de leader israélien, il a insisté pour ne poursuivre les pourparlers que moyennant l’ajout d’une clause disant qu’Israël n’aurait pas à se retirer de « sites militaires » indéfinis. Selon Gideon Levy, un Israélien qui a publié « La Punition de Gaza » [non traduit en français], Netanyahou a été enregistré en train de se vanter : »Pourquoi c’est important ? Parce qu’à partir de ce moment-là j’ai stoppé les Accords d’Oslo ».

L’ancien Ministre des Affaires Etrangères Abba Eban a dit un jour que les Palestiniens « ne manquent jamais une occasion de manquer une occasion ». Maintenant on peut en dire autant des Israéliens. Le Premier Ministre Benjamin Netanyahou a mis dans l’embarras de façon répétée le Président palestinien Mahmoud Abbas qui se consacre à résoudre pacifiquement la crise. Le Président Abbas a offert à Netanyahou une occasion de plus en avril dernier, quand il a créé un gouvernement palestinien de « consensus national » avec le Hamas.

L’Autorité Palestinienne et le Président Abbas ont posé les conditions pour le nouveau gouvernement, incluant un engagement palestinien de non violence, l’adhésion aux accords passés et même la reconnaissance d’Israël. Ces conditions étaient conçues non seulement pour plaire à Israël mais pour rencontrer les exigences des Etats-Unis et de ses alliés européens.

Selon Nathan Thrall, un analyste confirmé à l’International Crisis Group couvrant Gaza, Israël, la Jordanie et la Cisjordanie, Israël s’est opposé à la reconnaissance étatsunienne du nouveau gouvernement et a cherché à isoler les Palestiniens au niveau international.

Netanyahou utilise à présent une force militaire écrasante pour terroriser une communauté civile afin de revenir au statu quo antérieur qui restreint à Gaza l’électricité, l’oblige à envoyer les eaux usées dans la mer, s’assure que l’eau reste imbuvable et organise la pénurie de carburant qui contraint les usines d’épuration à fermer. Bref, il assure la perpétuation du désespoir parmi ceux qui sont obligés de vivre dans ces conditions. Un tel désespoir conduirait tout être humain à croire que la résistance violente est le seul recours qui lui reste.

Peut-être la comparaison avec le Ghetto de Varsovie n’est-elle pas complètement tirée par les cheveux, après tout.

Consulter également :

- Je suis juif, et aujourd’hui j’ai honte - 13 janvier 2009

Melvin A. Goodman est un ancien cryptographe et analyste de la CIA, professeur en Sécurité Nationale et membre du think tank « Center for International Policy ». Il est l’auteur notamment de « National Insecurity : The Cost of American Militarism » (City Lights Publishers, 2013).

23 juillet 2014 - CounterPunch - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.counterpunch.org/2014/07...
Traduction : Info-Palestine.eu - AMM


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