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Raji Sourani : « la violence n’a que trop duré, nous avons perdu tout espoir »

jeudi 17 juillet 2014 - 19h:25

PCHR Gaza

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A Gaza, l’histoire se répète. Les frappes aériennes israéliennes jour et nuit ciblent la bande de Gaza. Pendant qu’Israël appelle à des renforts et rassemble ses forces armées à la frontière, nous, nous sommes assis, en attendant la prochaine phase de l’offensive.

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Enterrement d’une jeune victime dans Gaza - Photo : Anadalu

Il y a cinq semaines, j’étais plein d’espoir. Un nouveau gouvernement d’union nationale avait été formé et il semble que, pour la première fois en sep ans la Palestine soit à nouveau unie. Nous avions pensé qu’avec la réconciliation avec le Hamas, le blocus pourrait être levé. Mais cela ne s’est pas produit. Le blocus demeure et Israël empêche les hauts fonctionnaires de l’Autorité palestinienne d’entrer à Gaza.

Il semble qu’Israël ait utilisé l’ assassinat des trois civils israéliens comme un prétexte pour détruire le nouveau gouvernement palestinien d’unité nationale et pour sévir contre le Hamas.

Les événements de ces dernières semaines ont déclenché une vague de punition collective qui risque d’ envoyer Israël et la Palestine dans l’abîme. Ces représailles punitives, qui ont abouti à des centaines d’arrestations, des décès et un retour à la politique illégale de démolitions de maisons, ont suscité de nombreuses manifestations de rue en Palestine et Israël.

Au cours des dernières semaines, les frappes aériennes israéliennes ont ciblé Gaza, semant la terreur et la peur. Le tonnerre d’une tonne est difficile à décrire, il vous secoue le cœur.

Le week-end dernier il semblait qu’il pourrait l y avoir une solution : le Hamas et le gouvernement égyptien avaient commencé à négocier un cessez-le feu avec Israël. Mais cela a changé avec la mort de sept combattants du Hamas dimanche. Les règles du jeu tacitement acceptées, ont été modifiées, et le résultat a été une escalade dramatique.

Mardi, le Premier ministre israélien Netanyahu a ordonné à l’armée israélienne « d’enlever les gants » dans la lutte contre le Hamas. Dans la bande de Gaza, nous sommes tous conscients de ce que cela signifie. Nous avons connu ça avant.
Voilà cinq ans et demi qu’ Israël a lancé l’Opération « Plomb Durci », une offensive de 23 jours sur la bande de Gaza qui a placé la population au coeur de la tempête.

Dans cette offensive, 82 % des morts étaient des civils et 1179 des soit disant « personnes protégées » par le droit international » ont été tuées alors que le monde regardait.

Suite à la fermeture illégale par Israël de la bande de Gaza depuis sept années interminables 60 % de la population de Gaza n’est pas rémunérées ou est au chômage ; 85 % de la population dépend de l’aide alimentaire distribuée par les organisations internationales.

Les destructions causées par l’Opération « Plomb Durci » et par les opérations ultérieures, y compris le « pilier offensif de la Défense » en 2012 – ne sont toujours pas entièrement réparées. Alors que les bombes tombent, elles ajoutent décombres sur décombres. C’est une nouvelle génération de destruction. Une infrastructure déjà affaiblie, en particulier les hôpitaux, oblige les gens à faire face et à lutter.

Il s’agit d’un cycle permanent d’illégalité : Les attaques illégales sont utilisées pour justifier les les précédentes attaques illégales : Il existe deux constantes : la souffrance continue des civils, et l’impunité totale pour les personnes soupçonnées d’avoir commis des crimes de guerre.

Pendant trop longtemps, la communauté internationale a poursuivi une politique erronée de la priorité politique sur la justice. Le droit international et les individus ont été sacrifiés au nom de « processus politiques ».

Quel a été le résultat ? La situation en Palestine occupée est pire que jamais. En Cisjordanie, les colonies israéliennes continuent de s’étendre et l’annexion illégale de Jérusalem-Est est devenue une réalité. Dans la bande de Gaza, nous étouffons sous le blocus qui entraîne et qui développe la dépendance de l’aide humanitaire.

Des rockets ciblent maintenant Tel-Aviv et Jérusalem , entrainant de plus en plus de civils dans l’œil de la tempête. Quelle est notre demande ? Elle n’est pas extravagante, ou déraisonnable. Nous voulons être traités comme des égaux. Nous voulons que nos droits soient respectés, et protégés. Nous demandons que le droit international soit appliqué, autant pour Israël que pour la Palestine, pour les Israéliens comme pour les Palestiniens. La règle du droit international doit être respectée, et tous les responsables des violations de ces droits doivent être tenus pour responsables.

Pendant trop longtemps, nous avons été soumis à la loi de la jungle. Pendant trop longtemps, la communauté internationale a tourné le dos à l’application de la loi, en faveur d’un compromis politique. Cela doit cesser. Nous avons besoin de justice, car en l’absence de justice, il n’y a aucun espoir. Cette situation a duré trop longtemps. La mouture implacable de l’occupation est le moteur du désespoir de la jeunesse. Elle n’est nulle part en sécurité à Gaza. Et elle ne peut fuir n’est nulle part. La conviction quotidienne et renouvelée des gens sur l’espoir se fane, et cela ne peut qu’empirerl.

* Raji Sourani est le directeur du Centre palestinien pour les droits de l’homme.
Sources : « Irish Independent »

11 juillet 2014 - Irish Independent - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.independent.ie/opinion/c...
Traduction : Jacques Salles


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