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Toute une journée sous les attaques des drones

jeudi 10 juillet 2014 - 15h:56

Mamoon Alabbasi

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C’était une journée très dense pour le photographe et journaliste palestinien Mohammed Asad, qui suit l’offensive militaire d’Israël contre la bande de Gaza assiégée

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La fiancée du combattant palestinien Abdul Rahman Zamil pleure sur son corps à la morgue d’un hôpital de Rafah, au sud de la bande de Gaza, le 7 juillet. La branche armée du Hamas a déclaré que sept de ses combattants ont été tués dans des frappes aériennes israéliennes, ce qui en fait la journée la plus meurtrière pour le Hamas depuis 2012 - Photo : APA/Eyad Al Baba

Après avoir suivi des défunts à un enterrement et vu des mourants à l’hôpital al-Shifa, il est lui-même passé à quelques mètres de la faucheuse alors qu’il rentrait chez lui après avoir terminé la journée.

« Je suis dans un état ​​de choc. S’il vous plaît, nous allons parler plus tard », a-t-il déclaré à Middle-East-Eye [MEE] au téléphone lors de mon premier appel ce mercredi.

« Je me promenais avec mon collègue, et nous portions nos caméras, qui ont de grandes lentilles et qui doivent être visibles. Mais en dépit de cela, les drones israéliens ont tiré une roquette à 20 mètres de nous, » a-t-il expliqué plus tard lors d’un deuxième appel.

Il pouvait entendre le missile alors que celui-ci se rapprochait, mais finalement il est resté indemne. Tout le monde dans la rue n’a été aussi chanceux.

« Il a frappé l’entrée d’une station de taxi, tuant un enfant et blessant deux personnes, » dit-il, secoué par deux choses : avoir assisté à la mort d’un enfant et avoir le sentiment que lui aussi n’était pas loin de subir le même sort.

Asad a insisté qu’il n’y avait pas de cibles apparentes qui justifiaient une attaque israélienne sur cette rue.

« Si en effet il y avait eu un objectif, bien qu’il semble qu’il n’y en avait pas, [les Israéliens] auraient pu attendre que les gens soient passés avant de tirer, » a-t-il dit.

Il a décrit l’état d’esprit dans la bande de Gaza qui est un mélange de sentiment de dévastation et défiance.

« Les gens qui ont perdu leurs êtres chers sont dans un état terrible, mais en général, ceux qui n’ont pas été touchés et dont les maisons sont encore en place ont un moral élevé, et ils appuient fortement la résistance », a-t-il noté.

Asad a expliqué qu’il y avait généralement un mode identique dans les raids israéliens, mais il a ajouté qu’il y avait de fréquentes exceptions à ce modèle, ce qui conduit à de nombreuses victimes civiles.

« La norme de l’armée israélienne est que d’abord ils frappent une maison avec une petite fusée à partir d’un drone, de sorte que les gens se précipitent à l’extérieur avant qu’un deuxième tir ne frappe la maison, mais cette fois-ci à partir d’un F16, qui démolit la maison » », a déclaré Asad.

« Toutefois, il y a beaucoup de fois où les Israéliens tirent d’emblée avec les F16 sans avertissement préalable, ce qui entraîne la mort de ceux qui sont à l’intérieur », a-t-il ajouté.

Plus tôt dans la journée, Assad était à l’hôpital principal de la ville de Gaza, l’hôpital Al-Shifa.

« Les gens y sont en pièces, des corps d’enfants, même d’une femme enceinte », dit-il, avant d’envoyer des photos à MEE mais qui étaient trop horribles pour une publication.

Asad a également noté les raids israéliens fréquents dans les exploitations agricoles de Gaza.

« Il y a beaucoup de ciblage israélien des terres agricoles. Ils prétendent qu’ils sont à la recherche de la résistance, mais ils frappent partout, brûlant même le sol, comme s’ils veulent nous donner une leçon », a-t-il dit.

Son témoignage sur le ciblage des terres agricoles a été repris par Wafaa Abou Rahma, du quartier Nusayrat de Gaza.

« Ils pilonnaient les zones vides et des fermes. [Les Israéliens] craignent qu’il y ait des combattants ou des lance-roquettes dans ces endroits. Il semble que toutes les zones agricoles avoisinantes sont visées. Beaucoup d’arbres ont été détruits », dit-elle.

Abu Rahma a noté que le quartier de Nusayrat est relativement calme.

« Parfois, des éclats d’obus tombent sur ​​les maisons voisines, brisent les vitres. Dans notre cas, la maison a été ébranlée mais nous n’avons pas subi de pertes matérielles, » dit-elle.

Mais comme beaucoup dans le territoire sous bombardements, elle est restée à la maison la plupart du temps de toute la journée.

« Je travaille dans la ville de Gaza, mais aujourd’hui, je ne pouvais pas aller, il n’y a pas de transport public. Il fait chaud et les gens sont à jeun, mais s’ils ont besoin d’aller quelque part, ils doivent marcher, » dit-elle.

« La clinique de l’UNRWA est arrêtée mais certaines pharmacies sont ouvertes. La plupart des magasins sont fermés, mais certaines boulangeries et des magasins d’alimentation sont ouverts », a-t-elle ajouté.

« Toutes les banques sont fermées. Les agences de Western Union sont ouvertes, mais elles ne sont disponibles que dans la ville de Gaza, » a-t-elle souligné, ajoutant que « tout le monde a des problèmes d’argent et les gens ont des difficultés à trouver les choses dont ils ont besoin. »

Son témoignage a été partagé par Hani Abushiba, un journaliste indépendant du district de Shujaiyya.

« Il y a peu de mouvement dans les rues... Personne ne sort, sauf pour une nécessité. Gaza a été transformée en une ville fantôme. Tout ce qui bouge risque d’être pris pour cible, les motos ou vélos, » a-t-il dit, ajoutant que « deux frères qui ont été faire des courses ont été tués par les frappes israéliennes ».

Sans accès à l’Internet et avec des pannes de courant qui durent, en moyenne, 16 heures par jour, « mon portable [téléphone] est le seul lien avec le monde extérieur jusqu’à ce que la charge de la batterie s’épuise, » dit-elle encore.

Abushiba dit que « les prix n’ont pas encore augmenté mais les magasins sont ouverts moins d’heures que d’habitude []. »

Il a également noté que les drones israéliens sont devenus monnaie courante dans la bande de Gaza.

« Je vois 10 - 15 drones autour d’une petite zone. Les drones passent toutes les 5 -. 7 minutes, » dit-il.

Comme il était au téléphone avec MEE, le son de ce qu’il a dit être un missile pouvait être entendu.

« Avez-vous entendu ? C’était le bruit d’un missile qui vient de passer à l’instant ! »

9 juillet 2014 - Middle East Eye - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.middleeasteye.net/news/d...
Traduction : Info-Palestine.eu


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