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Détruire ne tue pas les idées

jeudi 3 juillet 2014 - 06h:42

Lama Khater

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La campagne frénétique lancée par l’occupation pour se venger des dirigeants, membres et sympathisants du Hamas, sous prétexte d’une prétendue opération militaire menée contre elle, ne constitue pas une situation nouvelle.

[Cet article date du 16 juin 2014, soit 2 semaines avant la découverte des corps des trois adolescents israéliens disparus - Note de la rédaction du site]

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2 juillet 2014 - Des affrontements ont éclaté dans Jérusalem après l’assassinat du jeune Mohammed Abu Khdei - Photo : AA

De même, il n’est pas nouveau que les membres du mouvement remplissent les prisons, alors que celles-ci en ont toujours compté.

La plus récente de ces campagnes, qui perdure depuis la disparition des trois colons, est peut-être semblable à la campagne lancée par l’occupation contre le Hamas après la capture du soldat Nissim Toledano en 1992, au cours de laquelle des centaines de dirigeants du Hamas et du Djihad islamique ont été exilés à Marj el-Zouhour, avant de revenir en Palestine après leur séjour légendaire passé aux frontières.

Cette fois-ci, la nouveauté est que la campagne n’est pas encore terminée et que sa durée est indéterminée, en raison du fait que le sort des trois colons est encore inconnu à ce jour. Un nouveau questionnement a aussi vu le jour : le Hamas, confronté à la campagne, compte sur un grand et vaste héritage de djihad, ce qui signifie que l’inquiétude quant au sort de l’idée et du projet de résistance n’est plus présente.

Ce que le Hamas a rencontré en Palestine, en particulier dans la bande de Gaza après la capture de Guilad Shalit, suivie par la bataille d’« al-Furqan » et l’opération Pilier de défense, n’est pas moins meurtrière et destructrice que la dernière campagne. Toutefois, le mouvement a survécu et résisté, et toutes les tentatives de destruction du mouvement ont échoué sans procéder à un échange de prisonniers ni voir la force militaire du Hamas accrue dans la bande de Gaza, là où le soldat capturé a été détenu pendant cinq ans.

Il est également nouveau que le Hamas, en particulier en Cisjordanie, n’exprime aucune crainte de pertes à ce stade et a connu au cours des sept dernières années un drainage continu aux mains de l’occupation et l’Autorité palestinienne. Le Hamas a été dépouillé de tous les éléments de son travail organisationnel.

Le Conseil législatif qui a été formé a été effectivement mis à l’arrêt alors que ses institutions ont été saisies et que leur gestion a été modifiée. Son travail organisationnel ainsi que ses travaux étudiants et humanitaires ont été interdits, tandis que ses membres sont persécutés dans leur travail. En outre, ces derniers remplissent les prisons de l’occupation et de l’Autorité palestinienne ; néanmoins, le tribut que le mouvement paye pour la résistance en particulier en Cisjordanie ne sera pas très différent de ce qui se passe aujourd’hui.

Ce prix ne devrait pas affaiblir le mouvement ni le peuple, qui ont subsisté tout en étant persécutés, épiés et harcelés.

La campagne que mène l’occupation n’affaiblira pas le Hamas, même si elle a détruit sa structure organisationnelle et perturbé le mouvement. Malgré cela, le Hamas se renforcera et se remettra sur les rails afin de faire face à l’occupation dans le bon contexte, ce qui, à l’inverse, portera un coup aux efforts et aux tentatives de dénaturation du paysage palestinien entrepris depuis des années. Ces tentatives ont fait l’impasse sur le problème le plus important, à savoir l’existence-même de l’occupation et le devoir d’y résister.

Il est encore trop tôt pour pouvoir déterminer avec certitude ce qui s’est réellement passé ainsi que le rôle du Hamas dans l’opération. Toutefois, s’il est prouvé qu’il s’agit d’une opération d’enlèvement, il y aura beaucoup à dire sur ses dimensions diverses et son impact considérable sur la conscience des Palestiniens et sur le terrain dans son ensemble ; en effet, cela marquera le début d’une nouvelle phase, différente des précédentes, et ce même si l’opération n’aboutit pas ou si le stade des négociations pour la libération des prisonniers palestiniens n’est pas atteint.

Ceux qui suivent l’ampleur de l’interaction de la rue palestinienne avec l’opération pourraient se rendre compte que c’est la résistance qui aura le plus grand impact sur la conscience collective, et qu’une seule opération suffit pour imposer la volonté de la résistance et chasser toute crainte ou faiblesse, afin de mettre en place une nouvelle étape de résistance capable de transcender la réalité de la destruction lente, de réorienter la trajectoire du mouvement et de réexaminer le projet de libération et la culture de la résistance.

20 juin 2014 - Middle East Monitor - Vous pouvez consulter cet article à :
https://www.middleeastmonitor.com/b...
Traduction : Info-Palestine.eu - Valentin B.


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