Le racisme israélien et comment le combattre
vendredi 6 juin 2014 - 07h:49
Zuhair Andraos
Le racisme sioniste, institutionnel autant que populaire, est devenu endémique partout en Palestine, et torturer les Palestiniens vivant en Palestine est devenu chose acceptable voire bienvenue dans les différents segments de la communauté israélienne.
- Des enfants de colons s’attaquent à une Palestinienne - Photo : Imemc
Le racisme ouvert et caché va sans doute croître encore sous le troisième mandat de Benjamin Netanyahou alors que par exemple le chef de la diplomatie, raciste immigré de Russie, Avigdor Lieberman, qui vit dans une colonie en Cisjordanie occupée, appelle à expulser le peuple originaire et indigène du pays, c’est à dire nous les Palestiniens qui sommes demeurés dans le pays contre leur volonté et leur désir, et qui y resterons à jamais. Nous refusons une telle expulsion de masse et donc nous adoptons la logique selon laquelle c’est au dernier arrivé à partir le premier.
Quant au Premier Ministre Netanyahou, il est l’auteur de la fameuse citation que les arabes en Israël sont une bombe démographique à retardement et que le problème des arabes en Cisjordanie et à Gaza a une solution et que le vrai dilemme c’est comment les sionistes appellent les arabes d’Israël.
Je n’ai pas de scrupules à remettre rapidement en mémoire aux lecteurs les déclarations prononcées l’an dernier par le Directeur du Shabak (Shin Bet) israélien Yuval Diskin, où il disait que son agence persécuterait tout Palestinien arabe refusant de reconnaître Israël comme un état juif démocratique, ce qui est une question rejetée par la vaste majorité de Palestiniens vivant en Israël.
Il est également important de renvoyer à l’histoire récente, avec la déclaration de la négociatrice en chef israélienne, Tzipi Livni, qui comporte beaucoup de dénégation des Palestiniens et reflète l’arrogance sioniste et le fait qu’elle les considère toujours comme « inférieurs ».
Cette ministre, qui est considérée comme membre d’un parti centriste en Israël, a dit que le futur état palestinien est la seule place pour les Palestiniens des trois côtés du triangle : les Palestiniens en Cisjordanie occupée et à Gaza, les Palestiniens en Israël et les Palestiniens de la diaspora, et c’est là qu’ils peuvent réaliser leurs rêves nationaux. Cette déclaration est dangereuse et appelle implicitement l’expulsion des Palestiniens en Palestine vers l’état palestinien qui va être établi.
Nous croyons que ce rêve est devenu un cauchemar effrayant pour les sionistes et leurs partenaires palestiniens devenus accros à des négociations stériles, futiles et vides. Ami Ayalon, ancien ministre et chef du Shin Bet qui est fier et se vante d’avoir tué plus de Palestiniens que le nombre d’Israéliens et de juifs tués par le Hamas, a dit dans une interview avec la presse que si Israël sent que son existence est en danger, il n’hésitera pas à réitérer ce qu’il a fait en 1948, et comme nous le savons, c’est cette année fatidique sue les gangs sionistes ont commis des massacres contre les Palestiniens et ont chassé les gens de chez eux, armés du faux prétexte sioniste que la Palestine est un pays sans peuple pour un peuple sans pays.
Aussi nous n’offenserions sans doute personne si nous aussi nous disions que dans l’esprit de tout sioniste il y a un pays « de lait et de miel » qui abrite un petit fasciste qui grandit très vite et s’étend comme un feu de forêt.
Ce racisme, qui penche progressivement vers le fascisme, vise à transformer cet état en un état de ségrégation raciale (apartheid), comme en Afrique du Sud pendant la période où la minorité blanche faisait la loi à la majorité noire. Pour prouver cette vicieuse approche sioniste, il suffit de montrer qu’en Cisjordanie occupée le système de ségrégation raciale existe déjà. Sinon, comment expliquer l’existence de rues réservées au seul usage des colons, et interdites aux Palestiniens. N’est-ce pas la forme la plus odieuse de ségrégation raciale ?
Ici, en Palestine la ségrégation sociale s’applique tant verbalement qu’en actes et il est important d’avoir à l’esprit que l’immense majorité des Palestiniens dans le pays sont pauvres et que cet état n’est pas né à partir de rien. C’est la conséquence inévitable d’une politique raciste établie par les gouvernement israéliens successifs depuis qu’ils sont implantés au Moyen-Orient.
Quels emplois les Palestiniens sont-ils autorisés à exercer ? Simplifions la question : pourquoi exige-t-on que les candidats à un emploi aient fait leur service dans l’armée israélienne ? Soulignons que dans les états démocratiques libéraux il n’y a pas de conditions à remplir ni d’exigences qui s’appliquent aux droits et aux responsabilités, et il est d’une ironie bouffonne que cet état se voie lui-même comme un état démocratique et libéral, sur le papier bien sûr, alors qu’il pratique la forme la plus répugnante de ségrégation raciale envers la minorité palestinienne en Israël. Ils commettent ces actes pour humilier et appauvrir les Palestiniens afin de les persuader que l’émigration volontaire en Cisjordanie leur donnerait l’occasion de vivre confortablement et luxueusement.
En outre nous devons prendre en compte le fait que c’est l’état du Shin Bet, autrement dit, que l’état est géré par le Shin Bet et que ce n’est pas l’état qui gouverne le Shin Bet. Cette agence de sécurité de l’ombre interfère dans tout dossier petit ou grand, en essayant de rétrécir le champ d’action des Palestiniens en Palestine, un champ déjà bien resserré et restreint. Par exemple, pourquoi le Shin Bet s’implique-t-il dans la nomination des directeurs et des professeurs d’école dans l’enseignement arabe voire dans le Ministère de l’Education ?
N’est-ce pas encore assez qu’ils nous forcent à étudier la fallacieuse version sioniste de l’histoire en nous empêchant d’apprendre l’histoire palestinienne. Notre histoire est l’histoire des gens qui ont été déplacés et chassés de leur pays, l’un des grands crimes de l’histoire moderne …
Avec l’actuel mandat du parlement sioniste, les choses vont de mal en pis. Une longue liste de projets de loi visent à établir et à solidifier l’infériorité arabe et la supériorité des juifs. L’un de ces projets de lois exige que la Cour suprême israélienne favorise les juifs par rapport aux arabes, un autre projet de loi fasciste appelle à l’adoption du Talmud comme référence légale pour Israël.
Bien plus, un projet de loi veut remplacer l’arabe comme langue officielle en Israël et la considérer comme une langue secondaire. Le Comité ministériel pour la législation a également approuvé un projet de loi interdisant l’enregistrement d’associations civiles qui ne reconnaissent pas Israël comme état juif. Il va sans dire que la nouvelle loi proposée par Miri Regev (coalition Likoud-Israel Beiteinu – extrême droite), présidente de la Commission de l’Intérieur à la Knesset, signifie un renforcement du processus pour imposer la reconnaissance de la judaïté de l’état aux associations civiles, en particulier parmi les Palestiniens en Palestine, parce que le non enregistrement d’une association la rend illégale. Cette loi peut aussi être considérée comme une forme de persécution et d’intimidation politique des ONG, organisations de défense de s droits de l’homme et militants ayant une opinion contraire au consensus israélien.
En outre, Netanyahou et Naftali Bennett [Ministre de l’économie] sont arrivés à un accord concernant les lois qui transformeront l’état juif non plus comme s’identifiant lui-même à un état juif démocratique mais comme s’identifiant à un état juif gouverné par un système démocratique.
La loi surnommée « la loi du peuple » est également un projet de loi raciste à l’encontre des Palestiniens d’Israël, de leur existence et de leur présence dans le pays de leurs aïeux. Cette loi définit Israël comme un état national pour le peuple juif, signifiant ainsi qu’il considère tous les juifs dans le monde comme une nation et que le droit de vivre et de s’installer en Israël est réservé au peuple juif. Elle souligne aussi les symboles bien
connus de l’état et son hymne qui inclut des expressions sionistes et radicales.
Tout ce que je viens de mentionner n’est que la pointe de l’iceberg.
A la lumière de l’escalade du racisme sioniste à l’encontre des Palestiniens en Palestine, la question suivante émerge : que pouvons-nous faire ? Comment faire face à ce flot de lois injustes passées contre nous, spécialement si nous prenons en compte l’autorité de l’« Oslo-istan » qui nous a reniés et nous a laissés comme des orphelins aux mains des scélérats ? Etant donné que la Ligue Arabe est une institution indéfinie utilisée par l’Amérique et son « beau-fils » Israël pour passer des résolutions servant les intérêts impérialistes dans le monde, comme ce fut le cas pour la Syrie et la Libye, elle est très peu fiable.
Aussi la seule option qui nous reste peut-être est d’en appeler à la communauté internationale et de lui demander protection par rapport au pouvoir raciste d’Israël, sinon elle donnera à l’état israélien l’opportunité de nous ségréguer et de nous isoler pour faire de nous des hommes des bois, avant de mettre progressivement en œuvre son projet de déplacement de masse.
* Zuhair Andraos est un journaliste palestinien né en 1958 qui a étudié le journalisme en Italie et vit en Israël depuis 2002, collaborateur et correspondant de nombreuses publications arabes et israélienne, notamment du site arabe http://www.raialyoum.com/?cat=25
02 juin 2014 - Raialyoum.com - Vous pouvez consulter cet article à :
https://www.middleeastmonitor.com/a...
Traduction : Info-Palestine.eu - AMM